mercredi 31 mars 2010
mercredi 24 mars 2010
mardi 23 mars 2010
The Shiraki Steppe, Winter Pasture of The Tushs
See more pictures: http://www.flickr.com/photos/caucasuslandru/sets/72157623672319470/
The Tushs are themselves nowadays based in Alvani, Kakheti, at the feet of the Tushetian mountains. The families live there, whereas the shepherds spend a big part of their time in the mountains or in the steppe.
The sheep economy is still organized on a half feudal system. The more important families own their flock, their "Bina" (house) and some pasture land around. They are the "patrons" and employ lower-class compatriots, as well as Kists (Chechens from Georgia) or fellow mountain Georgians (Mtiuls, Pshavs) as shepherds or as farm-boys.
Except in the only village, Kasristskhari (or Eldari), where live real families, the Tushs, besides some closely related Pshavs and some Azeri shepherds, are a majority in the Steppe. As this pastoral way originates in a nomadic tradition of transhumances, their is almost no woman in the area.
Separating the two main plains of the region, the Vashlovani Range as been declared a national park and some parts of it are a strict natural reserve. With its picturesque "badlands" and canyons, it is a (almost unfrequented) touristic attraction. And could become a really visited one if the quasi not existence of roads in the region, as well as its remote wilderness, would not make it so difficult to reach. Though, it would then loose its picturesque charm.
In the very South of the eastern Georgian region of Kakheti, the Shiraki "plain" is traditionnally the winter pasture of shepherds from Tusheti (Greater Caucasus mountains). It was given to them by Kakhetian kings to thank them for their alliance against Persians. The flocks are brought in the summer into the mountains, and come back in this vast area of semi-desert, dry hilly ranges and agricultural plains the rest of the year.
The Tushs are themselves nowadays based in Alvani, Kakheti, at the feet of the Tushetian mountains. The families live there, whereas the shepherds spend a big part of their time in the mountains or in the steppe.
The sheep economy is still organized on a half feudal system. The more important families own their flock, their "Bina" (house) and some pasture land around. They are the "patrons" and employ lower-class compatriots, as well as Kists (Chechens from Georgia) or fellow mountain Georgians (Mtiuls, Pshavs) as shepherds or as farm-boys.
Except in the only village, Kasristskhari (or Eldari), where live real families, the Tushs, besides some closely related Pshavs and some Azeri shepherds, are a majority in the Steppe. As this pastoral way originates in a nomadic tradition of transhumances, their is almost no woman in the area.
Separating the two main plains of the region, the Vashlovani Range as been declared a national park and some parts of it are a strict natural reserve. With its picturesque "badlands" and canyons, it is a (almost unfrequented) touristic attraction. And could become a really visited one if the quasi not existence of roads in the region, as well as its remote wilderness, would not make it so difficult to reach. Though, it would then loose its picturesque charm.
The Shiraki Steppe
Pictures: Nicolas Landru
The Forgotten Sanatoria of Tskhaltubo, a Picture Gallery by Birgit Kuch and Nicolas Landru
A lost, once prestigious, sanatoria complex in Imeretia, Western Georgia, which gives the weird impression of a Stalinist temples resort in the jungle...
See, in English: The Forgotten Sanatoria of Tskhaltubo, Imeretia
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mardi 16 mars 2010
Gudauri, Khevi. A ski resort and a great point of view on the Caucasus
lundi 15 mars 2010
Imedi TV : Les Russes envahissent la Géorgie, Saakachvili assassiné - un canular qui fait rire jaune
Article paru dans caucaz.com le 15/03/2010
Par Nicolas LANDRU à Tbilissi
Tbilissi, 20h. Bien des Géorgiens auront eu des sueurs froides ce samedi 13 mars 2010, s’ils n’ont pas allumé leur télévision suffisamment à l’avance. Le journal du soir de la chaîne de télévision Imedi (Espoir) a pendant ½ heure été remplacé par un faux journal annonçant une nouvelle invasion russe, le bombardement de grandes villes du pays, et pour finir, l’assassinat du président Mikheïl Saakachvili. Bilan : mouvements de paniques, réseaux de téléphonie saturés, pillage d’une station service à Gori… Des critiques nationales et internationales, et un électrochoc pour l’opposition politique tirée de son hibernation et contrainte d’inaugurer plus tôt que prévu sa nouvelle saison de contestation.
Ce canular d’une télévision pro-gouvernementale est un nouvel et étrange avatar de la vie médiatique et politique de ce pays du Caucase habitué à des coups de théâtre répétés depuis plus de deux ans. La population, encore marquée par la guerre d’août 2008, a réagi à vif. Alors que les autorités ont une réaction ambiguë vis-à-vis de l’affaire, les diplomates occidentaux blâment la chaîne, qui a présenté ses excuses à chaud mais fermement réaffirmé son intention et défendu son faux journal par la suite.
« Comment les évènements peuvent se développer si la société ne se consolide pas contre les plans de la Russie »
Ainsi annoncé par la présentatrice Natia Koberidzé, le sens de la diffusion d’une version falsifiée du journal de 20h « Kronika » est clair : si les Géorgiens ne se rassemblent pas autour du gouvernement, les Russes s’empareront du pays. Le faux journal vient expliciter cette annonce pleine d’allusions : on y parle de deux leaders de l’opposition, Nino Bourdjanadzé et Zourab Noghaïdéli (qui ont récemment effectué une visite au Kremlin), conduisant des manifestations après la victoire du pouvoir en place à la mairie de Tbilissi. Les Russes se servent des troubles provoqués pour envahir la Géorgie et, finalement, venir tuer le président.
L’argument de la cohésion nationale est un élément central de la rhétorique anti-opposition développée par le régime en place depuis la vague de turbulences partie à l’automne 2007. Il a permis à Mikheïl Saakachvili de mettre fin aux manifestations le 7 novembre en instaurant l’Etat d’urgence puis, à plusieurs reprises, de mettre en difficulté ses opposants. La guerre d’août 2008 ayant matérialisé le danger invoqué, l’opposition s’était rangée derrière le président pendant le conflit, puis s’était tue avant de remettre sur pied ses attaques au printemps 2009, pour une lourde saison de contestation. Les élections pour la mairie de Tbilissi qui doivent se tenir en mai-juin 2010 pourraient bien voir une nouvelle vague d’interminables manifestations paralyser les rues de Tbilissi. En soi, le faux journal est donc un point sur les « i » avant même que l’opposition, quasi absente pendant l’hiver, n’ait pu faire sa rentrée.
Le porte-parole du gouvernement s’est rendu au siège d’Imedi peu après la diffusion du faux journal, afin d’émettre une critique officielle de cette action, prévisiblement impopulaire, et plusieurs membres de la majorité présidentielle ont fermement condamné l’évènement. Mais la réaction personnelle du président Saakachvili, le dimanche 14 mars, est plus ambiguë. Loin de commenter la forme de l’évènement et après avoir brièvement critiqué Imedi pour ne pas avoir fait défiler de légende signalant qu’il s’agissait d’un faux, le président géorgien s’est surtout appesanti sur le fait qu’il trouvait ce scénario « proche au maximum de la réalité ».
« L’ennemi de la Géorgie a commencé à montrer un très mauvais film pour la Géorgie en août 2008, mais nous avons arrêté ce film, bien que nous sachions que le réalisateur continue d’écrire le script du scénario, qui est proche de ce que nous avons vu hier », déclarait-il, interrogé sur l’évènement. Manière de soutenir le projet même d’un journal-pronostic fictif et apocalyptique. En allant jusqu’à vanter l’adéquation du canular avec la réalité en ce qui concerne l’opposante Nino Bourdjanadzé, pointant qu’elle est allée rencontrer Poutine à Moscou et martelant que par cet acte elle prouve qu’elle n’a « aucune dignité », le président géorgien ne cherche absolument pas à éloigner le soupçon selon lequel la diffusion du faux journal émane de plus haut, dans le gouvernement.
« La situation est trop tragique pour un canular »
Guiorgui, activiste de la société civile ayant pris part à la manifestation spontanée et nocturne lancée contre la chaîne de télévision, connaît le canular diffusé par la télévision belge RTBF le 13 décembre 2006, qui annonçait la désintégration de l’Etat belge. Formule identique, ont peut même parler d’une copie exacte : ½ heure de faux journal où seuls des détails très pointus peuvent laisser comprendre la supercherie (ici, une succincte évocation de dates en juin 2010 et de la tenue d’élections municipales) ; le tout dans le format d’une édition spéciale, suivie d’un débat. Un sujet brûlant et un scénario extrême mais vraisemblable sont à la clé d’une formule à laquelle le téléspectateur non averti croira presque à coup sûr. Mais pour Guiorgui, la similarité s’arrête là. « En Belgique, il n’y a pas eu mort d’homme. Il n’y a pas eu de guerre un an et demi plus tôt, et on n’annonçait pas à la population qu’elle risquait les pires horreurs ».
La réaction paniquée d’un grand nombre de personnes à travers tout le pays indique une nervosité parmi la population, qui, il y a moins de deux ans, vivait une invasion étrangère. Pendant l’émission, le réseau téléphonique était saturé, les gens prenant l’émission en cours tentant de s’informer. A Tbilissi, un grand nombre de téléspectateurs interviewés à chaud indiquent avoir cru à la réalité du journal, et en avoir informé des personnes qui ne regardaient pas cette chaîne, qui à leur tour y ont cru l’espace de 20 minutes. Dans les villes indiquées dans le faux journal comme étant visées par d’imminents bombardements, comme Poti et Sénaki en Mingrélie, il y a eu des ébauches chaotiques de fuite. A Gori, ville ultrasensible ayant connu au plus près la guerre de 2008, la population est restée en alerte toute la nuit ; un groupe d’hommes a attaqué une station service pour prendre de l’essence et pouvoir ensuite s’enfuir. On signale que les appels d’ambulance ont été anormalement élevés cette nuit-là, et l’on a même recensé des cas de réservistes appelés à la guerre par leurs officiers qui regardaient Imedi.
Même si à 20h30, tout le monde ou presque découvrait la vérité, la population géorgienne a eu une sévère piqûre de rappel. La condamnation sans appel de l’acte par les diplomates de Tbilissi, à commencer par l’ambassadeur des Etats-Unis John Bass qui le qualifie d’«irresponsable », ainsi que la réaction concernée des médias du monde entier, renforcent la réception perplexe et indignée de l’émission par une partie visible de la population géorgienne, du moins à Tbilissi. A titre indicatif, plusieurs groupes se sont formés sur facebook pour condamner l’émission, atteignant les 5000 membres avant même la fin de celle-ci samedi 13 mars.
Un réveil prématuré de l’opposition
Dans la foulée, l’opposition politique géorgienne, notamment les leaders visés dans le faux journal, organisaient une manifestation spontanée. Aux côtés d’organisations de la société civile et de groupes de citoyens anonymes en colère, des figures majeures de l’opposition se rassemblaient devant le siège d’Imedi à Dighomi. Quelques invités sortant de l’émission ont été injuriés et aspergés, mais en dehors de cela et de quelques slogans scandés, les différents partis d’opposition paraissaient relativement peu organisés et ne décidaient pas d’entreprendre une action plus insistante. Ils décidaient néanmoins d’organiser un meeting public pour le lendemain, inaugurant ainsi la première manifestation de l’année, et précédant leur agenda d’action fixé en fonction des élections municipales de mai-juin.
Après un printemps de manifestations continues qui avaient paralysé la capitale en 2009, puis un estompement du mouvement à l’orée de l’été, le choc des familles ne s’est pourtant pas transformé en un suivi massif et spontané de la colère politique de l’opposition. La manifestation nocturne et celle du lendemain n’attiraient guère plus que 200 à 300 participants. Malgré le choc, et peut-être en parti grâce à un effet réussi de peur, la fureur populaire est loin.
La question du pourquoi reste bien ouverte. La diffusion du canular visait-elle aussi en partie à prendre l’opposition de cours ? Le mouvement de panique était-il voulu ? Dans quel but ?
Imedi TV, un étrange destin
La question la plus terre-à-terre reste la suivante : pourquoi précisément la chaîne Imedi s’est-elle lancée dans cette aventure controversée et risquant la survie même du groupe médiatique ? Un mouvement citoyen a déjà annoncé vouloir traîner l’affaire devant la justice. Dans le faux journal, l’utilisation et la falsification outrancières de paroles de personnes existantes et d’importance (Barack Obama, Eric Fournier, l’ambassadeur français, les chefs d’Etat baltes et polonais, tous intervenant pour appeler à sauver la Géorgie) seraient suffisantes pour faire crouler le groupe sous les procès pour diffamation.
A présent, Imedi est dirigée par un proche du président Saakachvili, Guiorgui Arveladzé. Mais elle se distingue des chaînes publiques et de celles qui sont clairement et ouvertement les alliés du pouvoir comme Roustavi 2. Pendant un temps le média principal de l’opposition, propriété du sulfureux oligarque Badri Patarkatsichvili, opposant personnel à Saakachvili, la télévision avait été fermée à la suite des manifestations du 7 novembre 2007. Après la mort étonnante de Patarkatsichvili en pleine campagne présidentielle à laquelle ce dernier participait, la question de sa propriété, avec l’achat d’une part majeure d’actions par un certain Joseph Kay, que l’opposition accuse d’être un agent du gouvernement, a été une question opaque. Quoiqu’il en soit, Imedi est depuis devenu une autre voix du pouvoir.
Des rumeurs veulent qu’un procès ait été en perspective, pour redonner des parts d’Imedi à l’héritière légale de Patarkatsichvili, sa veuve Inna Goudavadzé. Auquel cas une action suicidaire aurait été une manière comme une autre de faire fermer cette télévision depuis trop longtemps encombrante. Ce qui est certain, c’est qu’Imedi est pro-gouvernementale, mais ne représente pas officiellement ni symboliquement la voix du pouvoir. Ce qui a son sens pour un acte ouvertement outrancier, moralement condamnable, mais possédant un contenu on ne peut plus dans la ligne de la propagande gouvernementale.
« Il ne manquait plus que ça, une fausse invasion russe », ironise enfin Guiorgui. Pour la population d’un pays sous haute tension internationale depuis deux décennies, et particulièrement ces dernières années, la soirée de samedi a été un faux mais violent rappel indiquant que la stabilité est encore un rêve qui paraît bien lointain en Géorgie, même lorsqu’en réalité il ne se passe rien.
Photos : Nicolas Landru
Par Nicolas LANDRU à Tbilissi
Tbilissi, 20h. Bien des Géorgiens auront eu des sueurs froides ce samedi 13 mars 2010, s’ils n’ont pas allumé leur télévision suffisamment à l’avance. Le journal du soir de la chaîne de télévision Imedi (Espoir) a pendant ½ heure été remplacé par un faux journal annonçant une nouvelle invasion russe, le bombardement de grandes villes du pays, et pour finir, l’assassinat du président Mikheïl Saakachvili. Bilan : mouvements de paniques, réseaux de téléphonie saturés, pillage d’une station service à Gori… Des critiques nationales et internationales, et un électrochoc pour l’opposition politique tirée de son hibernation et contrainte d’inaugurer plus tôt que prévu sa nouvelle saison de contestation.
Ce canular d’une télévision pro-gouvernementale est un nouvel et étrange avatar de la vie médiatique et politique de ce pays du Caucase habitué à des coups de théâtre répétés depuis plus de deux ans. La population, encore marquée par la guerre d’août 2008, a réagi à vif. Alors que les autorités ont une réaction ambiguë vis-à-vis de l’affaire, les diplomates occidentaux blâment la chaîne, qui a présenté ses excuses à chaud mais fermement réaffirmé son intention et défendu son faux journal par la suite.
« Comment les évènements peuvent se développer si la société ne se consolide pas contre les plans de la Russie »
L’argument de la cohésion nationale est un élément central de la rhétorique anti-opposition développée par le régime en place depuis la vague de turbulences partie à l’automne 2007. Il a permis à Mikheïl Saakachvili de mettre fin aux manifestations le 7 novembre en instaurant l’Etat d’urgence puis, à plusieurs reprises, de mettre en difficulté ses opposants. La guerre d’août 2008 ayant matérialisé le danger invoqué, l’opposition s’était rangée derrière le président pendant le conflit, puis s’était tue avant de remettre sur pied ses attaques au printemps 2009, pour une lourde saison de contestation. Les élections pour la mairie de Tbilissi qui doivent se tenir en mai-juin 2010 pourraient bien voir une nouvelle vague d’interminables manifestations paralyser les rues de Tbilissi. En soi, le faux journal est donc un point sur les « i » avant même que l’opposition, quasi absente pendant l’hiver, n’ait pu faire sa rentrée.
Le porte-parole du gouvernement s’est rendu au siège d’Imedi peu après la diffusion du faux journal, afin d’émettre une critique officielle de cette action, prévisiblement impopulaire, et plusieurs membres de la majorité présidentielle ont fermement condamné l’évènement. Mais la réaction personnelle du président Saakachvili, le dimanche 14 mars, est plus ambiguë. Loin de commenter la forme de l’évènement et après avoir brièvement critiqué Imedi pour ne pas avoir fait défiler de légende signalant qu’il s’agissait d’un faux, le président géorgien s’est surtout appesanti sur le fait qu’il trouvait ce scénario « proche au maximum de la réalité ».
« L’ennemi de la Géorgie a commencé à montrer un très mauvais film pour la Géorgie en août 2008, mais nous avons arrêté ce film, bien que nous sachions que le réalisateur continue d’écrire le script du scénario, qui est proche de ce que nous avons vu hier », déclarait-il, interrogé sur l’évènement. Manière de soutenir le projet même d’un journal-pronostic fictif et apocalyptique. En allant jusqu’à vanter l’adéquation du canular avec la réalité en ce qui concerne l’opposante Nino Bourdjanadzé, pointant qu’elle est allée rencontrer Poutine à Moscou et martelant que par cet acte elle prouve qu’elle n’a « aucune dignité », le président géorgien ne cherche absolument pas à éloigner le soupçon selon lequel la diffusion du faux journal émane de plus haut, dans le gouvernement.
« La situation est trop tragique pour un canular »
Guiorgui, activiste de la société civile ayant pris part à la manifestation spontanée et nocturne lancée contre la chaîne de télévision, connaît le canular diffusé par la télévision belge RTBF le 13 décembre 2006, qui annonçait la désintégration de l’Etat belge. Formule identique, ont peut même parler d’une copie exacte : ½ heure de faux journal où seuls des détails très pointus peuvent laisser comprendre la supercherie (ici, une succincte évocation de dates en juin 2010 et de la tenue d’élections municipales) ; le tout dans le format d’une édition spéciale, suivie d’un débat. Un sujet brûlant et un scénario extrême mais vraisemblable sont à la clé d’une formule à laquelle le téléspectateur non averti croira presque à coup sûr. Mais pour Guiorgui, la similarité s’arrête là. « En Belgique, il n’y a pas eu mort d’homme. Il n’y a pas eu de guerre un an et demi plus tôt, et on n’annonçait pas à la population qu’elle risquait les pires horreurs ».
La réaction paniquée d’un grand nombre de personnes à travers tout le pays indique une nervosité parmi la population, qui, il y a moins de deux ans, vivait une invasion étrangère. Pendant l’émission, le réseau téléphonique était saturé, les gens prenant l’émission en cours tentant de s’informer. A Tbilissi, un grand nombre de téléspectateurs interviewés à chaud indiquent avoir cru à la réalité du journal, et en avoir informé des personnes qui ne regardaient pas cette chaîne, qui à leur tour y ont cru l’espace de 20 minutes. Dans les villes indiquées dans le faux journal comme étant visées par d’imminents bombardements, comme Poti et Sénaki en Mingrélie, il y a eu des ébauches chaotiques de fuite. A Gori, ville ultrasensible ayant connu au plus près la guerre de 2008, la population est restée en alerte toute la nuit ; un groupe d’hommes a attaqué une station service pour prendre de l’essence et pouvoir ensuite s’enfuir. On signale que les appels d’ambulance ont été anormalement élevés cette nuit-là, et l’on a même recensé des cas de réservistes appelés à la guerre par leurs officiers qui regardaient Imedi.
Même si à 20h30, tout le monde ou presque découvrait la vérité, la population géorgienne a eu une sévère piqûre de rappel. La condamnation sans appel de l’acte par les diplomates de Tbilissi, à commencer par l’ambassadeur des Etats-Unis John Bass qui le qualifie d’«irresponsable », ainsi que la réaction concernée des médias du monde entier, renforcent la réception perplexe et indignée de l’émission par une partie visible de la population géorgienne, du moins à Tbilissi. A titre indicatif, plusieurs groupes se sont formés sur facebook pour condamner l’émission, atteignant les 5000 membres avant même la fin de celle-ci samedi 13 mars.
Un réveil prématuré de l’opposition
Dans la foulée, l’opposition politique géorgienne, notamment les leaders visés dans le faux journal, organisaient une manifestation spontanée. Aux côtés d’organisations de la société civile et de groupes de citoyens anonymes en colère, des figures majeures de l’opposition se rassemblaient devant le siège d’Imedi à Dighomi. Quelques invités sortant de l’émission ont été injuriés et aspergés, mais en dehors de cela et de quelques slogans scandés, les différents partis d’opposition paraissaient relativement peu organisés et ne décidaient pas d’entreprendre une action plus insistante. Ils décidaient néanmoins d’organiser un meeting public pour le lendemain, inaugurant ainsi la première manifestation de l’année, et précédant leur agenda d’action fixé en fonction des élections municipales de mai-juin.
Après un printemps de manifestations continues qui avaient paralysé la capitale en 2009, puis un estompement du mouvement à l’orée de l’été, le choc des familles ne s’est pourtant pas transformé en un suivi massif et spontané de la colère politique de l’opposition. La manifestation nocturne et celle du lendemain n’attiraient guère plus que 200 à 300 participants. Malgré le choc, et peut-être en parti grâce à un effet réussi de peur, la fureur populaire est loin.
La question du pourquoi reste bien ouverte. La diffusion du canular visait-elle aussi en partie à prendre l’opposition de cours ? Le mouvement de panique était-il voulu ? Dans quel but ?
Imedi TV, un étrange destin
La question la plus terre-à-terre reste la suivante : pourquoi précisément la chaîne Imedi s’est-elle lancée dans cette aventure controversée et risquant la survie même du groupe médiatique ? Un mouvement citoyen a déjà annoncé vouloir traîner l’affaire devant la justice. Dans le faux journal, l’utilisation et la falsification outrancières de paroles de personnes existantes et d’importance (Barack Obama, Eric Fournier, l’ambassadeur français, les chefs d’Etat baltes et polonais, tous intervenant pour appeler à sauver la Géorgie) seraient suffisantes pour faire crouler le groupe sous les procès pour diffamation.
A présent, Imedi est dirigée par un proche du président Saakachvili, Guiorgui Arveladzé. Mais elle se distingue des chaînes publiques et de celles qui sont clairement et ouvertement les alliés du pouvoir comme Roustavi 2. Pendant un temps le média principal de l’opposition, propriété du sulfureux oligarque Badri Patarkatsichvili, opposant personnel à Saakachvili, la télévision avait été fermée à la suite des manifestations du 7 novembre 2007. Après la mort étonnante de Patarkatsichvili en pleine campagne présidentielle à laquelle ce dernier participait, la question de sa propriété, avec l’achat d’une part majeure d’actions par un certain Joseph Kay, que l’opposition accuse d’être un agent du gouvernement, a été une question opaque. Quoiqu’il en soit, Imedi est depuis devenu une autre voix du pouvoir.
Des rumeurs veulent qu’un procès ait été en perspective, pour redonner des parts d’Imedi à l’héritière légale de Patarkatsichvili, sa veuve Inna Goudavadzé. Auquel cas une action suicidaire aurait été une manière comme une autre de faire fermer cette télévision depuis trop longtemps encombrante. Ce qui est certain, c’est qu’Imedi est pro-gouvernementale, mais ne représente pas officiellement ni symboliquement la voix du pouvoir. Ce qui a son sens pour un acte ouvertement outrancier, moralement condamnable, mais possédant un contenu on ne peut plus dans la ligne de la propagande gouvernementale.
« Il ne manquait plus que ça, une fausse invasion russe », ironise enfin Guiorgui. Pour la population d’un pays sous haute tension internationale depuis deux décennies, et particulièrement ces dernières années, la soirée de samedi a été un faux mais violent rappel indiquant que la stabilité est encore un rêve qui paraît bien lointain en Géorgie, même lorsqu’en réalité il ne se passe rien.
Photos : Nicolas Landru
mardi 9 mars 2010
Kutaisi, old new and new old
Kutaisi recently came in the international media's attention: while blowing up a Soviet World War II memorial, an old woman and a little girl were killed. Because the date of explosion was advanced and the operation poorly prepaired.
Followingly, Russia protested against the pro-western Georgian governement, and announced that it would build a copy of that monument in Russia - in a smaller size.
This revealing demonstration of memory policies through city-planning is also representative of the nowadays strange fate of Kutaisi, caught between a strong Georgian national past, a heavy industrial and Soviet one, and the will of a regime to take a completely new orientation.
One can read these tensions around the city's number one historical monument: the ruins of Bagrati Cathedral. As it was destroyed by the Turks in the 17th century, it became an icon of Georgia. But the current president, Mikheil Saakashvili, had a will to rebuild it fully and to add to it a glass dome, thus monumentalizing his aspiration to reshape Georgia's glory in a modern, USA-oriented syncretism.
Following protests of the UNESCO and the Orthodox Church, Saakashvili abandonned this idea. But anyway, repairs are currently going on at the cathedral, where workers replace old stones by new ones. Is it just the new making of the ruin, or will the plan to complete the building be finally realized? Wheather with or without a glass dome?
The second Georgian city, officially 230 000 inhabitants, probably less due to constant emigration, is at the same time poor and rich.
Rich of history, beauty, architectural heritage, hospitality, traditions... Rich also of ruined concrete blocks and devastated former industries in its new parts, economically depressed, brain drained, with a very high rate of unemployement.
Actually, the contrast is striking between apocalyptic New Kutaisi and village-like old Kutaisi, a picturesque and brillantly located quarter on the River Rioni, with its multireligious old buildings and its cobbled green streets.
Even there, the contrasts are big: in a few square streets of russian-type imperial architecture, president Mikheil Saakashvili decided to establish a gentrified touristic area. The historical substance was entirely renovated in a homogenic style, and was even quite largely changed, as it got typical markers of the President's taste, present in all the places he let renovate: Street clocks, 'Tbilisi' balconies, facade-oriented rehabilitation, aiming rather at modernization than at historical exactness.
All those combined elements make the area on the one hand look European, and on the other having elements of a film studio's decor.
Right besides, other parts of Old Kutaisi remain untouched - though some parks where rehabilitated, as well as the cable-car leading to an amusement park, whith old buildings falling in disrepair and at the same time beaming with an atmospheric character. The question is still open: will old Kutaisi be entirely remade in a Sighnaghi style (Kakhetian city entirely rebuilt in a modern folklorist manner), or will it fall fully into ruins? In the middle way, will it be able to keep its historical character?
Hard to forsee in a city where almost everything might surprise the visitor: there are almost as many pharmacies and slot clubs as bulidings. Rather strange, in this town where inhabitants should nor fall ill in masses, nor have the economic means to play every day...
Pictures: Nicolas Landru. More pictures: Kutaisi, Imereti, Georgia
Followingly, Russia protested against the pro-western Georgian governement, and announced that it would build a copy of that monument in Russia - in a smaller size.
This revealing demonstration of memory policies through city-planning is also representative of the nowadays strange fate of Kutaisi, caught between a strong Georgian national past, a heavy industrial and Soviet one, and the will of a regime to take a completely new orientation.
One can read these tensions around the city's number one historical monument: the ruins of Bagrati Cathedral. As it was destroyed by the Turks in the 17th century, it became an icon of Georgia. But the current president, Mikheil Saakashvili, had a will to rebuild it fully and to add to it a glass dome, thus monumentalizing his aspiration to reshape Georgia's glory in a modern, USA-oriented syncretism.
Following protests of the UNESCO and the Orthodox Church, Saakashvili abandonned this idea. But anyway, repairs are currently going on at the cathedral, where workers replace old stones by new ones. Is it just the new making of the ruin, or will the plan to complete the building be finally realized? Wheather with or without a glass dome?
The second Georgian city, officially 230 000 inhabitants, probably less due to constant emigration, is at the same time poor and rich.
Rich of history, beauty, architectural heritage, hospitality, traditions... Rich also of ruined concrete blocks and devastated former industries in its new parts, economically depressed, brain drained, with a very high rate of unemployement.
Actually, the contrast is striking between apocalyptic New Kutaisi and village-like old Kutaisi, a picturesque and brillantly located quarter on the River Rioni, with its multireligious old buildings and its cobbled green streets.
Even there, the contrasts are big: in a few square streets of russian-type imperial architecture, president Mikheil Saakashvili decided to establish a gentrified touristic area. The historical substance was entirely renovated in a homogenic style, and was even quite largely changed, as it got typical markers of the President's taste, present in all the places he let renovate: Street clocks, 'Tbilisi' balconies, facade-oriented rehabilitation, aiming rather at modernization than at historical exactness.
All those combined elements make the area on the one hand look European, and on the other having elements of a film studio's decor.
Right besides, other parts of Old Kutaisi remain untouched - though some parks where rehabilitated, as well as the cable-car leading to an amusement park, whith old buildings falling in disrepair and at the same time beaming with an atmospheric character. The question is still open: will old Kutaisi be entirely remade in a Sighnaghi style (Kakhetian city entirely rebuilt in a modern folklorist manner), or will it fall fully into ruins? In the middle way, will it be able to keep its historical character?
Hard to forsee in a city where almost everything might surprise the visitor: there are almost as many pharmacies and slot clubs as bulidings. Rather strange, in this town where inhabitants should nor fall ill in masses, nor have the economic means to play every day...
Pictures: Nicolas Landru. More pictures: Kutaisi, Imereti, Georgia
mardi 2 mars 2010
Roustavi, ville du métal sortie de la steppe
La ville de Roustavi, à une dizaine de kilomètres à peine au sud de Tbilissi (environ 115 000 habitants), a été sortie du néant dans une région inhabitée entre 1941 et 1950, dans le cadre de l'industrialisation accélérée de Staline à cette époque.
Centre industriel massif, principalement de métallurgie, la ville a été peuplée d'émigrés ouvriers de toute la Géorgie, surtout de Géorgie occidentale, jusqu'alors encore rurale, pauvre et surpeuplée.
Bien placée sur la route Tbilissi-Bakou, elle avait pour but de transformer le minerai de fer acheminé d'Azerbaïdjan. Ville industrielle majeure de Géorgie, contrastant fortement avec l'antique cité de Tbilissi voisine et avec un pays massivement rural, elle n'en contient pas moins des aspects fascinants.
Son centre est un prototype d'élégante architecture stalinienne néo-classique, construit en grande partie par des prisonniers de guerre allemand. L'immense théâtre notamment est un chef d'oeuvre de néo-clacissisme soviétique.
La ville s'est développée quasiment sur une route de part et d'autre de la rivière Koura, échelonnant de manière très visible tous les modèles d'architecture soviétique de 1941 à 1991.
Les usines tombées en désuétude après l'effondrement de l'Union Soviétique, notamment en raison de la désintégration du système de production et de distribution de l'Union, les années 1990 ont été sévères pour Roustavi. La population est passée de 160 000 à 115 000 habitants, avec plus de 60% de chômage.
Depuis, la ville fonctionne en partie comme une banlieue lointaine de Tbilissi ; les marchroutkas pour s'y rendre, ces taxis collectifs, sont nombreuses et ne coûtent qu'1 Lari. Bien des Roustaviens travaillent dans la capitale et font le trajet, qui ne prend qu'1/2 heure - 45 minutes, guère plus que Tbilissi-centre vers certaines banlieues.
Le nouveau régime géorgien a depuis 2006 entamé une rénovation des principales infrastructures de la ville, en asphaltant les rues, repeignant les façades des immeubles donnant sur la rue principale et en retapant les bâtiments publics décrépissant.
Si, typique des politiques urbaines actuelles, la nouvelle peinture s'est arrêtée à la façade visible depuis la route, l'initiative a au moins réhabilité le nécessaire, et la ville semble un peu moins grise qu'auparavant.
(*Photo de Ruby)
Certaines activités économiques ont été transférées de Tbilissi à Roustavi, notamment l'immense marché au voiture. Ces dernières années, les magasins se sont multipliés.
Certaines activités économiques ont été transférées de Tbilissi à Roustavi, notamment l'immense marché au voiture. Ces dernières années, les magasins se sont multipliés.
Roustavi possède aussi l'un des ensembles folkloriques les plus connus de Géorgie, "Roustavi" ; c'est là encore que se trouve le circuit automobile où les Tbilissiens apprennent à conduire et passent leur permis (en intérieur, donc, sans aucune expérience de la circulation urbaine!).
Etonnante ville à la fois vétuste et futuriste, sortie de la steppe qui débouche sur l'Azerbaïdjan, la préfecture de Kvémo Kartlie offre un spectacle visuel fort en contrastes.
Et contient plus d'une surprise, comme l'initiative de construction de mini-églises (la ville n'en a pas une grande, alors que l'église orthodoxe construit abondamment à Tbilissi) qui paraissent d'autant plus bonsaï qu'elles sont encerclées par les tours...
Et, semble-t-il, le long de sa rue principale, sur environ 1km tout au moins, flambant neuve, l'unique piste cyclable de Géorgie...
Photos : Nicolas Landru (sauf *)
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