Affichage des articles dont le libellé est médias. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est médias. Afficher tous les articles

lundi 15 mars 2010

Imedi TV : Les Russes envahissent la Géorgie, Saakachvili assassiné - un canular qui fait rire jaune

Article paru dans caucaz.com le 15/03/2010

Par
Nicolas LANDRU à Tbilissi















Tbilissi, 20h. Bien des Géorgiens auront eu des sueurs froides ce samedi 13 mars 2010, s’ils n’ont pas allumé leur télévision suffisamment à l’avance. Le journal du soir de la chaîne de télévision Imedi (Espoir) a pendant ½ heure été remplacé par un faux journal annonçant une nouvelle invasion russe, le bombardement de grandes villes du pays, et pour finir, l’assassinat du président Mikheïl Saakachvili. Bilan : mouvements de paniques, réseaux de téléphonie saturés, pillage d’une station service à Gori… Des critiques nationales et internationales, et un électrochoc pour l’opposition politique tirée de son hibernation et contrainte d’inaugurer plus tôt que prévu sa nouvelle saison de contestation.


Ce canular d’une télévision pro-gouvernementale est un nouvel et étrange avatar de la vie médiatique et politique de ce pays du Caucase habitué à des coups de théâtre répétés depuis plus de deux ans. La population, encore marquée par la guerre d’août 2008, a réagi à vif. Alors que les autorités ont une réaction ambiguë vis-à-vis de l’affaire, les diplomates occidentaux blâment la chaîne, qui a présenté ses excuses à chaud mais fermement réaffirmé son intention et défendu son faux journal par la suite.

« Comment les évènements peuvent se développer si la société ne se consolide pas contre les plans de la Russie »



Ainsi annoncé par la présentatrice Natia Koberidzé, le sens de la diffusion d’une version falsifiée du journal de 20h « Kronika » est clair : si les Géorgiens ne se rassemblent pas autour du gouvernement, les Russes s’empareront du pays. Le faux journal vient expliciter cette annonce pleine d’allusions : on y parle de deux leaders de l’opposition, Nino Bourdjanadzé et Zourab Noghaïdéli (qui ont récemment effectué une visite au Kremlin), conduisant des manifestations après la victoire du pouvoir en place à la mairie de Tbilissi. Les Russes se servent des troubles provoqués pour envahir la Géorgie et, finalement, venir tuer le président.

L’argument de la cohésion nationale est un élément central de la rhétorique anti-opposition développée par le régime en place depuis la vague de turbulences partie à l’automne 2007. Il a permis à Mikheïl Saakachvili de mettre fin aux manifestations le 7 novembre en instaurant l’Etat d’urgence puis, à plusieurs reprises, de mettre en difficulté ses opposants. La guerre d’août 2008 ayant matérialisé le danger invoqué, l’opposition s’était rangée derrière le président pendant le conflit, puis s’était tue avant de remettre sur pied ses attaques au printemps 2009, pour une lourde saison de contestation. Les élections pour la mairie de Tbilissi qui doivent se tenir en mai-juin 2010 pourraient bien voir une nouvelle vague d’interminables manifestations paralyser les rues de Tbilissi. En soi, le faux journal est donc un point sur les « i » avant même que l’opposition, quasi absente pendant l’hiver, n’ait pu faire sa rentrée.

Le porte-parole du gouvernement s’est rendu au siège d’Imedi peu après la diffusion du faux journal, afin d’émettre une critique officielle de cette action, prévisiblement impopulaire, et plusieurs membres de la majorité présidentielle ont fermement condamné l’évènement. Mais la réaction personnelle du président Saakachvili, le dimanche 14 mars, est plus ambiguë. Loin de commenter la forme de l’évènement et après avoir brièvement critiqué Imedi pour ne pas avoir fait défiler de légende signalant qu’il s’agissait d’un faux, le président géorgien s’est surtout appesanti sur le fait qu’il trouvait ce scénario « proche au maximum de la réalité ».

« L’ennemi de la Géorgie a commencé à montrer un très mauvais film pour la Géorgie en août 2008, mais nous avons arrêté ce film, bien que nous sachions que le réalisateur continue d’écrire le script du scénario, qui est proche de ce que nous avons vu hier », déclarait-il, interrogé sur l’évènement. Manière de soutenir le projet même d’un journal-pronostic fictif et apocalyptique. En allant jusqu’à vanter l’adéquation du canular avec la réalité en ce qui concerne l’opposante Nino Bourdjanadzé, pointant qu’elle est allée rencontrer Poutine à Moscou et martelant que par cet acte elle prouve qu’elle n’a « aucune dignité », le président géorgien ne cherche absolument pas à éloigner le soupçon selon lequel la diffusion du faux journal émane de plus haut, dans le gouvernement.

« La situation est trop tragique pour un canular »

Guiorgui, activiste de la société civile ayant pris part à la manifestation spontanée et nocturne lancée contre la chaîne de télévision, connaît le canular diffusé par la télévision belge RTBF le 13 décembre 2006, qui annonçait la désintégration de l’Etat belge. Formule identique, ont peut même parler d’une copie exacte : ½ heure de faux journal où seuls des détails très pointus peuvent laisser comprendre la supercherie (ici, une succincte évocation de dates en juin 2010 et de la tenue d’élections municipales) ; le tout dans le format d’une édition spéciale, suivie d’un débat. Un sujet brûlant et un scénario extrême mais vraisemblable sont à la clé d’une formule à laquelle le téléspectateur non averti croira presque à coup sûr. Mais pour Guiorgui, la similarité s’arrête là. « En Belgique, il n’y a pas eu mort d’homme. Il n’y a pas eu de guerre un an et demi plus tôt, et on n’annonçait pas à la population qu’elle risquait les pires horreurs ».

La réaction paniquée d’un grand nombre de personnes à travers tout le pays indique une nervosité parmi la population, qui, il y a moins de deux ans, vivait une invasion étrangère. Pendant l’émission, le réseau téléphonique était saturé, les gens prenant l’émission en cours tentant de s’informer. A Tbilissi, un grand nombre de téléspectateurs interviewés à chaud indiquent avoir cru à la réalité du journal, et en avoir informé des personnes qui ne regardaient pas cette chaîne, qui à leur tour y ont cru l’espace de 20 minutes. Dans les villes indiquées dans le faux journal comme étant visées par d’imminents bombardements, comme Poti et Sénaki en Mingrélie, il y a eu des ébauches chaotiques de fuite. A Gori, ville ultrasensible ayant connu au plus près la guerre de 2008, la population est restée en alerte toute la nuit ; un groupe d’hommes a attaqué une station service pour prendre de l’essence et pouvoir ensuite s’enfuir. On signale que les appels d’ambulance ont été anormalement élevés cette nuit-là, et l’on a même recensé des cas de réservistes appelés à la guerre par leurs officiers qui regardaient Imedi.

Même si à 20h30, tout le monde ou presque découvrait la vérité, la population géorgienne a eu une sévère piqûre de rappel. La condamnation sans appel de l’acte par les diplomates de Tbilissi, à commencer par l’ambassadeur des Etats-Unis John Bass qui le qualifie d’«irresponsable », ainsi que la réaction concernée des médias du monde entier, renforcent la réception perplexe et indignée de l’émission par une partie visible de la population géorgienne, du moins à Tbilissi. A titre indicatif, plusieurs groupes se sont formés sur facebook pour condamner l’émission, atteignant les 5000 membres avant même la fin de celle-ci samedi 13 mars.



Un réveil prématuré de l’opposition

Dans la foulée, l’opposition politique géorgienne, notamment les leaders visés dans le faux journal, organisaient une manifestation spontanée. Aux côtés d’organisations de la société civile et de groupes de citoyens anonymes en colère, des figures majeures de l’opposition se rassemblaient devant le siège d’Imedi à Dighomi. Quelques invités sortant de l’émission ont été injuriés et aspergés, mais en dehors de cela et de quelques slogans scandés, les différents partis d’opposition paraissaient relativement peu organisés et ne décidaient pas d’entreprendre une action plus insistante. Ils décidaient néanmoins d’organiser un meeting public pour le lendemain, inaugurant ainsi la première manifestation de l’année, et précédant leur agenda d’action fixé en fonction des élections municipales de mai-juin.

Après un printemps de manifestations continues qui avaient paralysé la capitale en 2009, puis un estompement du mouvement à l’orée de l’été, le choc des familles ne s’est pourtant pas transformé en un suivi massif et spontané de la colère politique de l’opposition. La manifestation nocturne et celle du lendemain n’attiraient guère plus que 200 à 300 participants. Malgré le choc, et peut-être en parti grâce à un effet réussi de peur, la fureur populaire est loin.



La question du pourquoi reste bien ouverte. La diffusion du canular visait-elle aussi en partie à prendre l’opposition de cours ? Le mouvement de panique était-il voulu ? Dans quel but ?

Imedi TV, un étrange destin

La question la plus terre-à-terre reste la suivante : pourquoi précisément la chaîne Imedi s’est-elle lancée dans cette aventure controversée et risquant la survie même du groupe médiatique ? Un mouvement citoyen a déjà annoncé vouloir traîner l’affaire devant la justice. Dans le faux journal, l’utilisation et la falsification outrancières de paroles de personnes existantes et d’importance (Barack Obama, Eric Fournier, l’ambassadeur français, les chefs d’Etat baltes et polonais, tous intervenant pour appeler à sauver la Géorgie) seraient suffisantes pour faire crouler le groupe sous les procès pour diffamation.



A présent, Imedi est dirigée par un proche du président Saakachvili, Guiorgui Arveladzé. Mais elle se distingue des chaînes publiques et de celles qui sont clairement et ouvertement les alliés du pouvoir comme Roustavi 2. Pendant un temps le média principal de l’opposition, propriété du sulfureux oligarque Badri Patarkatsichvili, opposant personnel à Saakachvili, la télévision avait été fermée à la suite des manifestations du 7 novembre 2007. Après la mort étonnante de Patarkatsichvili en pleine campagne présidentielle à laquelle ce dernier participait, la question de sa propriété, avec l’achat d’une part majeure d’actions par un certain Joseph Kay, que l’opposition accuse d’être un agent du gouvernement, a été une question opaque. Quoiqu’il en soit, Imedi est depuis devenu une autre voix du pouvoir.

Des rumeurs veulent qu’un procès ait été en perspective, pour redonner des parts d’Imedi à l’héritière légale de Patarkatsichvili, sa veuve Inna Goudavadzé. Auquel cas une action suicidaire aurait été une manière comme une autre de faire fermer cette télévision depuis trop longtemps encombrante. Ce qui est certain, c’est qu’Imedi est pro-gouvernementale, mais ne représente pas officiellement ni symboliquement la voix du pouvoir. Ce qui a son sens pour un acte ouvertement outrancier, moralement condamnable, mais possédant un contenu on ne peut plus dans la ligne de la propagande gouvernementale.

« Il ne manquait plus que ça, une fausse invasion russe », ironise enfin Guiorgui. Pour la population d’un pays sous haute tension internationale depuis deux décennies, et particulièrement ces dernières années, la soirée de samedi a été un faux mais violent rappel indiquant que la stabilité est encore un rêve qui paraît bien lointain en Géorgie, même lorsqu’en réalité il ne se passe rien.

Photos : Nicolas Landru

jeudi 28 mai 2009

Table ronde à Nantes : Géorgie 8 mois après la guerre, état des lieux


Radiodiffusion de la table ronde du 13 mai 2009 à Nantes, dans le cadre du jumelage Nantes-Tbilissi. Dans cette discussion organisée par l'Université de Nantes et animée par Ulrich Huygevelde, les invités Isabelle Facon, Philippe Perchoc et Nicolas Landru reviennent sur les causes et les conséquences de la guerre d'aout 2008, font le bilan de la situation économique, géopolitique et politique en Géorgie au printemps 2009 et tentent d'établir les perspectives qui s'annoncent pour le pays.
Euradionantes diffuse cette discussione en ligne, en podcast :
http://www.euradionantes.eu/index.php?page=detailPodcast&id_podcast=2549&id_programme=27

dimanche 1 juin 2008

Géorgie : la presse régionale au cœur du déséquilibre entre capitale et régions

Article paru dans cauaz.com, édition du 02/04/2007
Par Nicolas Landru à Tbilissi

© Nicolas Landru, Vallée du Mtkvari en Chida Kartlie

Le projet Développement des médias régionaux géorgiens et responsabilité publique, initié en 2004, est de ceux que la Commission Européenne a mis en place en Géorgie. Le projet a consisté en une enquête sur les médias régionaux, puis en un choix de 5 journaux de différentes régions, auxquels un soutien financier et un encadrement ont été délivrés. En considérant les médias, et particulièrement la presse écrite, comme un secteur à développer en priorité pour parer aux manques et déséquilibres des régions géorgiennes, l’investissement de la Commission indique également la faiblesse des infrastructures médiatiques du pays en dehors de Tbilissi. D’après les explications, entre autres, de membres de l’équipe de recherche de l’une des organisations qui ont mis le projet en place, l’ONG géorgienne Institut Caucasien pour la Paix, la Démocratie et le Développement (CIPDD) * , suit un état des lieux de la scène médiatique régionale en Géorgie.

Fondamentalement, le nombre de médias établis et en activité s’est considérablement réduit dans les régions de Géorgie depuis l’époque soviétique. Beaucoup de journaux qui existent nominalement, souvent hérités de cette période, n’ont que de rares, voire aucune publication. Par le lancement de la campagne publicitaire d’un homme d’affaire, d’un politicien ou d’une organisation, un journal peut éditer un ou deux numéros, pour arrêter aussitôt après son activité. Parfois une gazette voit le jour pour disparaître aussitôt.

A Zougdidi, la capitale de la Mingrélie, cinq journaux sont enregistrés, parmi lesquels un seul fonctionne. A Akhaltsikhe, en Samstkhe-Djavakhétie, sur trois existant officiellement, un seul édite – celui établi par le projet de la Commission Européenne. Pour ceux qui ont la possibilité de publier, en version hebdomadaire ou mensuelle (les quotidiens sont trop coûteux), le nombre de tirages est très restreint. 500 exemplaires sont à cette échelle un nombre déjà honorable.

Difficultés financières

Bien qu’un journal régional n’ait en moyenne besoin que de 6 à 8 journalistes, 3 ou 4 ordinateurs et du matériel d’imprimerie pour fonctionner, certaines régions n’ont pas ces ressources à disposition.

Les villes où des journaux indépendants solides ont vu le jour, à Koutaïssi, Batoumi ou Gourdjaani, ont à leur disposition des ressources suffisantes, des professionnels formés et disponibles. En Kvémo Kartlie par contre, le nombre de journalistes est trop peu élevé pour les besoins qu’exigeraient des médias indépendants. Marnéouli, centre régional, n’en a aucun.
Même quand ces ressources existent au niveau régional, peu des journaux existant officiellement ont à disposition le budget minimum au fonctionnement, qui s’élève environ à 4000 laris par an. Pour être en état de publier, un journal doit être soutenu par le gouvernement local, par un mécène ou bien par une organisation donatrice, ce qui n’est le cas que d’une minorité. Il n’existe pas en Géorgie de consortium médiatique suffisamment développé pour investir dans la presse régionale.

Même si un média a suffisamment de soutien pour publier et que des ressources humaines sont à disposition dans la région, le problème du salaire se pose : les journalistes potentiels se tournent souvent vers un emploi plus lucratif auprès d’une ONG ou du gouvernement local.

Difficile distribution

Les manques infrastructurels propres aux régions posent d’énormes difficultés à la diffusion de journaux régionaux. Le système postal s’étant effondré avec l’Union Soviétique, il n’existe pas de service public de distribution du courrier. Les médias de Tbilissi ont créé leurs propres services de distribution, mais les journaux locaux aux moyens minimes n’en possèdent pas. Ils fonctionnent donc par système d’abonnement, et dans le meilleur des cas ils vont par leurs propres moyens livrer leurs exemplaires dans les magasins des villes ou à leurs abonnés.
Mais en zone rurale comme dans certaines villes, il n’existe aucun point de vente, et les abonnés doivent eux-mêmes venir chercher leur journal à la rédaction. A Ninotsminda en Djavakhétie, seul le Gamgeoba, le siège du gouvernement local, reçoit l’irrégulier approvisionnement en journaux, lesquels sont ensuite parfois distribués, en priorité aux connaissances et parents des membres de l’administration.

L’absence d’un système régulier et transparent de distribution ne fait que renforcer la méconnaissance des populations locales pour les médias régionaux existants.

Médias gouvernementaux et médias indépendants

Une autre donnée, de nature politique, rend la situation des médias locaux sensiblement différente selon la région ou la localité. En général, il existe deux types de médias : ceux qui sont indépendants et doivent chercher leurs propres ressources financières, et ceux qui sont le produit du gouvernement local. Selon la structure de ce dernier et le degré de liberté qu’il laisse dans la région, des médias libres ont plus ou moins de chances de voir le jour.

En Chida Kartlie, dans la région de Gori, le gouvernement local est autoritaire et l’administration particulièrement corrompue, ce qui multiplie les pressions sur de possibles médias indépendants. Gori n’en a aucun ; Le journal du peuple (Khalkhis Gazeti), soutenu au départ par la Commission Européenne, n’a pas réussi à tenir la gestion exigée, la Commission a cessé son soutien et le journal est de nouveau inactif.

Le cas de la Kakhétie, en Géorgie orientale, est intéressant : à Telavi, la capitale administrative, sont tirés plusieurs journaux du gouvernement local, mais aucun média indépendant. Par contre à Gourjaani, ville dynamique sur plusieurs plans, notamment parce que les instances politiques régionales n’y siègent pas, se concentrent 4 journaux indépendants, et un seul du gouvernement local.

Outre les cas où le gouvernement pourrait exercer des pressions pour tenter de museler les médias, certaines régions aux structures sociales plus fortement claniques, comme la Djavakhétie ou la Mingrélie, présentent le défi des imbrications des employés des média locaux dans la vie politique locale. C’est pourquoi des villes où les médias peuvent engager des professionnels qui n’en sont pas originaires ont plus de chance de voir une presse indépendante se développer.

Contenu informatif et demande publique

Il va de soi que le contenu d’un média indépendant et celui d’un média gouvernemental peuvent sensiblement différer. En règle générale, les journaux produits par le gouvernement local n’abordent que très peu les questions sociales ; ils diffusent le plus souvent des informations sur les projets et réalisations du gouvernement, des nécrologies, des annonces de fêtes publiques et religieuses, ou publient des articles sur le folklore et les traditions locales. Souvent ce sont les membres des administrations qui sont les principaux lecteurs de ces journaux.

Les résultats de l’équipe de recherche du CIPDD montrent qu’il y aurait une demande publique de la part des populations régionales pour des médias au contenu plus consistant, traitant des problèmes qui les concernent. Un journal créé au sein du projet de la Commission Européenne à Akhaltsikhe, La porte du sud (Samkhretis Karibtche), diffusant en géorgien et en arménien et actuellement le seul journal libre de la région, est passé depuis sa création en 2004 de 600 à 2300 tirages par semaine. Ce qui tend à montrer la potentielle demande en information consistante en Samstkhe-Djavakhétie.

Un autre exemple de journal, également soutenu depuis 2004 par la Commission Européenne, qui a su se tailler un certain succès notamment grâce à sa pertinence informative, est La nouvelle gazette (Akhali Gazeti) de Koutaïssi. En se focalisant sur une information concernant la façon dont les réformes nationales sont mises en places à Koutaïssi, et leur signification pour la région d’Imérétie, ce journal a réussi à se créer un lectorat régulier.

Déséquilibres entre médias régionaux et nationaux

La concurrence avec les journaux de Tbilissi diffusant en région, sans parler de la télévision, de plus en plus omniprésente, et des radios, est un rude défi posé à la presse régionale. L’hebdomadaire tbilissien La palette hebdomadaire (Kveris Palitra) tire 80 000 exemplaires par semaine et possède un service de distribution performant. Il est donc bien plus lu que les journaux locaux alors que ces derniers pourraient, à compter qu’ils aient un contenu contextuel et plus proche des lecteurs, avoir un attrait bien différent.

Certains journaux de Tbilissi possèdent leurs correspondants en région, mais le plus souvent, ils sont basés dans les capitales régionales, qui se déplacent dans une zone très large. Mais dans bien des cas, ce sont des journalistes de Tbilissi qui se déplacent sur les lieux lorsque quelque chose d’important se produit. Le manque d’ancrage de la presse nationale dans les régions a pour résultat une information appauvrie sur celles-ci et souvent au coup par coup.

La prédominance de la presse centrale sur la régionale ne peut qu’avoir une portée sociopolitique défavorable aux régions. Celles-ci se retrouvent souvent à l’écart des débats de société portés par les médias, ce qui a des conséquences directes sur l’engagement des élites dirigeantes et de la société civile. Dans la mesure où la diffusion d’informations pertinentes concernant les régions est rendue difficile par les problèmes structurels internes de la presse régionale et par la concurrence apportée par les médias nationaux, les déséquilibres entre centre et région se reflètent dans le domaine des médias autant que ces derniers les renforcent.

Développements positifs

Dans un contexte aussi défavorable, l’initiative de la Commission Européenne semble avoir porté ses fruits. Sur 5 journaux soutenus, 4 sont devenus leaders dans leur région respective, ce qui montre qu’avec une sécurité financière, certaines régions du pays ont la possibilité de voir se développer des médias indépendants stables et productifs. Début 2007, un autre projet parrainé par la Commission, Médias indépendants pour l’intégration civile, a été lancé. Il vise deux régions géorgiennes où se concentrent majoritairement des minorités ethniques, azérie en Kvémo Kartlie et arménienne en Samstkhe-Djavakhétie. Le développement de médias indépendants dans ces régions doit permettre l’intégration civile de ces communautés en Géorgie.

Cependant, les projets de la Commission Européenne ne sont pas les seuls exemples de développements positifs dans la presse régionale. Tout d’abord l’Adjarie a hérité avec son statut de république autonome d’une forte infrastructure médiatique. La gazette batoumienne, (Gazeti Batumelebi) fait elle partie du projet de la Commission, mais elle n’est pas le seul media fort en Adjarie. Si la qualité n’y est pas toujours, télévision, radios et journaux sont solidement implantés et fonctionnent relativement bien. Si l’on parle parfois excessivement du « modèle adjare », la région est en mesure de présenter un réel contrepoids à Tbilissi.

Mais existe également l’exemple de Gurianiosi, hebdomadaire de la région de Gourie, au tirage fort, vendu à travers toute la région, et qui possède un réel lectorat. Le journal parvient à s’autofinancer par ses ventes, des publicités et des projets en collaboration avec diverses organisations internationales. Si l’on aime à dire en Géorgie que la raison de son succès est l’esprit de mobilisation civile fortement développé chez les gouriens, reste que ce succès montre que les problèmes de taille qui font obstacle au développement des journaux régionaux en Géorgie ne sont pas entièrement inéluctables.

*Interviews effectuées auprès des membres de l’équipe du CIPDD : Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze et Paata Gurgenidze

Georgia: regional press at the heart of the urban-rural disparity

Article published in caucaz.com, 22/04/2007 Issue
By Nicolas Landru in Tbilisi, translated by Kathryn GAYLORD-MILES and Anna MANCE


© Nicolas Landru, Mtkvari Valley in Shida Kartli

The Georgian Regional Development and Public Accountability project, initiated in 2004, is an example of what the European Commission has instituted in Georgia. The project consisted of an investigation of regional media followed by the selection of five newspapers from different regions which received financial support and training. The fact that the Commission considered media outlets, and particularly print media, as top-priority sector to develop, indicates the weakness of the country's media infrastructure outside of Tbilisi and the insufficiencies and disparities of Georgia's regions. According to the recommendations by the Georgian NGO Caucasus Institute for Peace, Democracy and Development (CIPDD) *, which is one of the organizations that undertook the project, a survey of regional media has been carried out in Georgia.

Fundamentally, the number of established and active media outlets has considerably dwindled in Georgia's regions since the Soviet era. Many newspapers exist in name only and are published rarely, if ever. When a businessman, politician, or organization launches a publicity campaign, a newspaper can put out one or two editions, only to stop its activity immediately thereafter. Occasionally, a newspaper sees the light of day only to disappear immediately.

Of the five newspapers registered in Zugdidi, the capital of Mingrelia, only one actually functions. Of the three officially recognized papers in Akhaltsikhe, in Samtskhe-Javakheti, the only one that publishes is the one established by the European Commission’s project. For those papers which do publish a weekly or monthly version (dailies are too expensive to produce), the press run is very restrained. At this level, five hundred copies is a considerable number.

Financial difficulties

While a regional newspaper typically requires only six to eight journalists, three or four computers and printing equipment to function, certain regions do not have these resources at their disposition.

Towns such as Kutaisi, Batumi and Gurjaani where solid independent newspapers have developed, have access to sufficient resources and educated professionals. In Kvemo Kartli on the other hand, there are insufficient journalists for independent media’s needs. Marneuli, the regional capital, has none.

Even when the resources exist at the regional level, very few registered newspapers have the minimum budget required to function, approximately 4000 laris [1,750 euros] per year. To publish, a newspaper must be supported by the local government, patron, donor organization. Unfortunately, it rare that a paper is so fortunate. Georgia has no media consortium sufficiently developed to invest in the regional press.

Even if a newspaper has sufficient support to publish and human resources are available in the region, salaries tend to be low and potential journalists often turn to more lucrative opportunities with NGOs or local government.

Distribution difficulties

The lack of suitable infrastructure in the regions poses enormous difficulties for the distribution of regional newspapers. The postal system disintegrated with the Soviet Union and public mail delivery no longer exists. Papers in Tbilisi have created their own distribution services, but not local papers with minimal means. They offer subscription services, and in the best case scenario they deliver their paper themselves to stores in towns or directly to their subscribers.

But as in some towns, there are no points of sale in rural areas and subscribers must pick up the newspaper themselves from the paper's office. In Ninotsminda, in Javakheti, only Gamgeoba, the seat of the local government, receives an irregular supply of newspapers which are only sometimes distributed with priority to friends and relatives of the administration.

The absence of a regular and transport distribution system only reinforces local populations' ignorance of the regional media outlets in existence.

Government-controlled media and independent media

On a political level, local media differs widely from region to region. In general, there are two types of media: those that are independent and must secure their own financial resources, and those that are the product of local government. The chances of a free and independent media outlet's survival depend largely on structure of government-controlled media and the degree of liberty in the region.

In Shida Kartli, in the Gori region, the local government is authoritarian and the administration is especially corrupt. These facts intensify the pressure on potential independent media outlets. Gori has no independent media. Although initially supported by the European Commission, The People's Newspaper (Khalkhis Gazeti) did not succeeded in maintaining the management required, and the Commission ceased its support of the newspaper which has since become inactive again.

In eastern Georgia, the case of Kakheti is interesting. In the administrative capital Telavi, several local government newspapers have been launched but not one independent media outlet. On the other hand, in Gurjaani, a dynamic city on many levels, notably because regional political trends have not taken hold there, there is a concentration of four independent newspapers, and only a single local government newspaper.

Although governments are known to use pressure in order to silence critical voices, certain regions with stronger clan like structures, such as Javakheti or Mingrelia, present other challenges to independent media. In those areas where local media employees of different backgrounds do not work well together, those cities that manage to employ professionals from outside the region stand a better chance of developing an independent press.

Informative material and public demand

It goes without saying that independent media and that run by the government can differ noticeably. As a general rule, newspapers produced by the local government very rarely tackle social issues. More often they publish information on government proposals and projects under way, obituaries, public and religious festival announcements and local folklore and traditions. Often, members of the administration are the principle readers of these newspapers.

The CIPDD research team's findings demonstrated that there is public demand in the regions for media containing more substantial material and reports on problems that concern locals. One newspaper created through the European Commission project in Akhaltsikhe, The Southern Gate (Samkhretis Garibtche), is actually the only free newspaper in the region. It is published in Georgian and Armenian and has circulated between 600 and 2300 copies per week since its creation in 2004. This shows the potential demand for substantial information in Samtskhe-Javakheti.

Another newspaper, The New Gazette (Akhali Gazeti) in Kutaissi, which the European Commission has also supported since 2004, carved out a certain success, thanks in particular to its pertinence. In focusing on information concerning how national reforms are implemented in Kutaissi, as well as their significance for the region of Imereti, The New Gazette succeeded in developing a loyal readership.

Inequalities between regional and national media

Stiff competition from Tbilisi newspapers circulating in the region poses a challenge to regional press, without taking into consideration the growing omnipresence of television and radio. Tbilisi's The Weekly Palette (Kveris Palitra) circulates 80,000 copies per week and possesses a highly effective distribution service. It is thus more widely read than local newspapers even though those could have a different appeal, considering their contextual material and proximity to readers.

Certain newspapers in Tbilisi have correspondents in different regions, but more often, they are based in regional capitals and have to cover a large geographic area. However, in some cases, the Tbilisi journalists travel in these large areas when something important occurs. The lack of national press ties in the regions results in poorly informed coverage ever step of the way.

The predominance of the central press over the regional press has an unfavorable sociopolitical significance in the regions. The regions often find themselves on the outside of debates on society carried in the media, and this sidelining has a direct impact on the engagement of ruling elites and civil society. When the diffusion of pertinent information concerning the regions is made difficult by structural problems in the regional press and by competition from the national media, the imbalance between the center and the regions is reflected and reinforced by the media.

Positive developments

Despite such an unfavorable context, the European Commission's initiative seems to have born fruit. Of five journals which received support, four have become leaders in their respective region. This shows that with financial security, certain regions of the country may see the development of stable and productive independent media. Another project spearheaded by the European Commission, Independent Media for Civil Integration, was launched in early 2007. It addresses two Georgian regions with mostly ethnic minority populations – Kvemo Kartli and its Azeri population and Samtskhe-Javakheti with its Armenian population. The development of independent media in these regions should permit the civil integration of these communities in Georgia.

All the same, the European Commission's projects are not the only examples of positive developments in the regional press. With its status as an autonomous republic, Adjara inherited a strong media infrastructure. Gazeti Batumelebi in Batumi is part of the Commission's project, but is not the only strong media outlet in Adjara. Although quality varies, television, radio and print media are solidly implanted and function relatively well. The "Adjaran model" is frequently discussed because many feel that the region is well equipped to be a real counterweight to Tbilisi.

But there is also the example of Gurianiosi, the weekly paper from Guria, which is published in large volume, is sold throughout the region and which has a regular readership. The journal manages to finance itself through sales, advertisements and co-operation with a variety of international organizations. Although many in Georgia would say that the reason for Gurianiosi's success is the Gurian's well developed spirit of civil mobilization, the journal's success goes to show that problems of size are not insurmountable for the development of regional newspapers.

*Interviews were carried out by members of the CIPDD team: Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze et Paata Gurgenidze

Georgien: Die Regionalpresse im Zentrum des Ungleichgewichts zwischen Hauptstadt und Regionen

Artikel erschienen in caucaz.com am 30/05/2007
Von Nicolas Landru in Tbilissi, übersetzt von Fiona Gutsch



© Nicolas Landru, Mtkvari-Tal in Schida Kartli

Das 2004 ins Leben gerufene Projekt „Entwicklung der georgischen Regionalmedien und öffentliche Verantwortung“ gehört zu den von der Europäischen Kommission in Georgien umgesetzten Projekten. Es beinhaltete eine Untersuchung zu den regionalen Medien, von denen schließlich fünf Zeitungen aus unterschiedlichen Regionen ausgewählt wurden, die eine finanzielle Unterstützung und eine Betreuung bekamen. Betrachtet man die Medien, vor allem die Presse, als einen Bereich, der entwickelt werden muss, um den Mängeln und der Benachteiligung der georgischen Regionen zu begegnen, so deckt das Projekt der Europäischen Kommission ebenso die Schwächen der Medienlandschaft des Landes außerhalb von Tbilissi auf. Die folgende Bestandsaufnahme der regionalen Medienlandschaft in Georgien stützt sich unter anderem auf Aussagen von Mitgliedern der Forschungsgruppe einer der Organisationen, die das Projekt umgesetzt haben, der georgischen NGO Kaukasisches Institut für Frieden, Demokratie und Entwicklung (CIPDD)*.

Seit der Sowjetzeit ist die Zahl der bestehenden und funktionierenden Medien stark zurückgegangen. Viele der Zeitungen, die aus dieser Zeit stammen und auf dem Papier existieren, bringen wenn überhaupt, dann nur selten eine Ausgabe heraus. Im Zuge einer Werbekampagne für einen Geschäftsmann, einen Politiker oder eine Organisation kann es passieren, dass eine Zeitung eine oder zwei Nummern herausbringt, um dann die Aktivität sofort wieder einzustellen. Teilweise wird ein Blatt ins Leben gerufen, um dann sofort wieder zu verschwinden.

In Sugdidi, der Hauptstadt von Mingrelien, sind fünf Zeitungen registriert, von denen aber nur eine einzige aktiv ist. In Achalziche in Samzche-Dschawachetien erscheint nur eine von drei offiziell gemeldeten Zeitungen. Für diejenigen, die wöchentliche oder monatliche Ausgaben veröffentlichen können (Tageszeitungen sind zu teuer), ist die Auflage sehr begrenzt. 300 Exemplare sind schon eine gute Zahl.

Finanzielle Schwierigkeiten

Obwohl eine Regionalzeitung nur rund sechs bis acht Journalisten, drei oder vier Computer und Druckmaterial benötigt, um funktionieren zu können, stehen vielen Regionen diese Mittel nicht zur Verfügung.

Städte wie Kutaissi, Batumi oder Gurdschaani, in denen funktionierende unabhängige Zeitungen bestehen, verfügen über genügend Mittel sowie ausgebildete und einsatzbereite Profis. In Kwemo-Kartli dagegen gibt es für eine unabhängige Presse zu wenig Journalisten .

In Marneuli, einem regionalen Zentrum, gibt es überhaupt keinen Journalisten.Und selbst wenn die Mittel auf regionaler Ebene vorhanden sind, gibt es wenige Journalisten, die mit einem Minimalbudget von ungefähr 4000 Lari (ca. 1777 Euro) pro Jahr für die Arbeit ausgestattet sind. Eine Zeitung muss von der Lokalregierung, einem Mäzen oder einer Spenderorganisation unterstützt werden, um überhaupt publizieren zu können. Das ist bei den wenigsten der Fall. Es gibt in Georgien kein Medienkonsortium, das genügend entwickelt wäre, um in die Regionalpresse investieren zu können.

Selbst wenn ein Medium genügend Unterstützung bekommt, um publizieren zu können, und genügend Personal in der Region zur Verfügung steht, stellt sich das Problem der Entlohnung: die guten Journalisten wenden sich häufig lieber einer einträglicheren Stelle bei einer NGO oder der Lokalregierung zu.

Schwierige Verbreitung

Die fehlende Infrastruktur in den Regionen stellt ein großes Problem für die Verbreitung von Regionalzeitungen dar. Da das Postsystem mit der Auflösung der Sowjetunion zusammengebrochen ist, gibt es keinen staatlichen Zustellungsdienst. Die Medien in Tbilissi haben ihre Zustellung selbst organisiert, aber die Lokalmedien haben mit ihren minimalen Mitteln keine Möglichkeit dazu. Bestenfalls liefern sie ihre Ausgaben durch eigene Mittel an die Geschäfte oder ihre Abonnementen aus.

Auf dem Land allerdings und auch in manchen Städten gibt es jedoch keine Verkaufsstellen, und die Abonnenten müssen ihre Zeitung selbst bei der Redaktion abholen. In Ninozminda in Dschawachetien erhält nur die Stadtverwaltung in unregelmäßigen Abständen Zeitungen. Sie werden anschließend teilweise verteilt, vor allem an Bekannte und Verwandte der Mitglieder der Verwaltung.

Der Mangel an einem regelmäßigen und transparenten Zustellungssystem verstärkt nur die Unterschätzung der bestehenden regionalen Medien durch die Lokalbevölkerung.

Staatliche und unabhängige Medien

Eine weitere Tatsache, eher politischer Natur, gestaltet die Situation der Lokalmedien je nach Region oder Ort höchst unterschiedlich. Allgemein gibt es zwei Arten von Medien: unabhängige, die ihre eigenen Finanzquellen finden müssen, und Medien der Lokalregierungen.

In Schida Kartli, in der Region von Gori, ist die Lokalregierung autoritär und die Verwaltung besonders korrupt, was den Druck auf mögliche unabhängige Medien erhöht. In Gori gibt es davon überhaupt keine. Die Volkszeitung (Chalchis Gaseti), die anfangs von der Europäischen Kommission unterstützt wurde, konnte die geforderten Zielmarken nicht erreichen, so dass die Europäsche Kommission ihre Unterstützung zurückzog und das Blatt seine Arbeit wieder eingestellt hat.

In Telawi, der Verwaltungshauptstadt von Kachetien im Osten Georgiens, gibt es mehrere staatliche Zeitungen, aber keine einzige unabhängige. In Gurdschaani dagegen, einer in vielerlei Hinsicht sehr dynamischen Stadt, gibt es gleich vier unabhängige Zeitungen und nur eine der Regionalregierung.

Neben den Fällen, in denen die Regierung Druck ausübt, um die Medien mundtot zu machen, lässt sich in manchen Regionen mit clanartigen sozialen Strukturen wie Dschawachetien oder Mingrelien eine Verflechtung von Medienmitarbeitern mit der Lokalpolitik beobachten. Aus diesem Grund gibt es in Städten, wo die Medien auswärtige Profis anstellen können, mehr Chancen für die Entwicklung einer unabhängigen Presse.

Informationsgehalt und öffentliche Nachfrage

Es versteht sich von selbst, dass sich der Informationsgehalt zwischen unabhängigen Medien und Regierungsmedien unterscheiden kann. Generell sprechen Zeitungen, die von lokalen Regierungen betrieben werden, soziale Fragen nur selten an.Am ehesten findet man dort Informationen über geplante und umgesetzte Regierungsprojekte, Nachrufe, Ankündigungen religiöser und öffentlicher Feiern oder Artikel über die lokale Folklore. Den Kern der Leserschaft dieser Zeitungen bilden meistens Mitarbeiter der öffentlichen Verwaltung.

Die Ergebnisse der Forschungsgruppe des CIPDD machen deutlich, dass es von Seiten der regionalen Bevölkerung durchaus eine Nachfrage nach Zeitungen geben könnte, wenn die Inhalte konsistenter und die Themen näher an den Problemen wären, die die Bevölkerung betreffen. Die im Rahmen des Projekts der Europäischen Kommission in Achalziche ins Leben gerufene Zeitung Tor des Südens (Samkhretis Karibtche), die auf georgisch und armenisch herausgegeben wird und die einzige unabhängige Zeitung der Region darstellt, hat ihre Auflage seit ihrer Gründung 2004 von 600 auf 2300 Exemplare die Woche erhöht. Als weiteres Beispiel lässt sich das Neue Blatt (Akhali Gazeti) aus Kutaissi anführen, eine Zeitung, die ebenfalls seit 2004 von der Europäischen Kommission unterstützt wird und dank ihrer informativen und genauen Berichterstattung einen gewissen Erfolg erlangen konnte. Indem sie in ihrer Berichterstattung den Fokus darauf legte, wie die nationalen Reformen in Kutaissi umgesetzt wurden und welche Bedeutung sie für die gesamte Region Imeretiens haben, hat die Zeitung es geschafft, sich einen Stamm an regelmäßigen Lesern aufzubauen.

Ungleichgewicht zwischen regionalen und nationalen Medien

Die Konkurrenz mit Zeitungen aus Tbilissi, mit dem Radio und dem Fernsehen, das immer allgegenwärtiger wird, stellt die regionale Presse vor eine harte Herausforderung. Die Tbilisser Wochenzeitung Wöchentliche Palette (Kveris Palitra) verfügt über eine Auflage von 80.000 Exemplaren pro Woche und leistungsstarke Distributionskanäle. Sie wird folglich mehr gelesen als die lokalen Zeitungen, obwohl die letzteren eine ganz andere Attraktion haben könnten, wenn sie ihre Inhalte stärker nach ihren Lesern ausrichten würden.

Einige Zeitungen aus Tbilissi verfügen über Korrespondenten in den Regionen. Meistens sind diese jedoch in den regionalen Hauptstädten angesiedelt. In vielen Fällen sind es sogar die Journalisten aus Tbilissi selbst, die sich vor Ort begeben, wenn es etwas wichtiges zu berichten gibt. Die fehlende regionale Verankerung der nationalen Presse führt zu einer verarmten, diskontinuierlichen Berichterstattung über die Regionen.

Die Dominanz der zentralen Presse gegenüber der regionalen kann nur eine für die Regionen ungünstige soziopolitische Tragweite zur Folge haben. Die Regionen befinden sich häufig am Rande der gesellschaftlichen Debatten, die in den Medien ausgetragen werden, was direkte Konsequenzen sowohl für das Engagement der Eliten als auch die Zivilgesellschaft hat.

Positive Entwicklungen

In einem derart ungünstigen Zusammenhang scheint die Initiative der Europäischen Kommission ihre Früchte zu tragen. Von den 5 unterstützten Zeitungen haben 4 in ihrer jeweiligen Region die Führung erlangt, was deutlich macht, dass - finanzielle Sicherheit vorausgesetzt - einige Regionen des Landes durchaus die Möglichkeit haben, unabhängige Medien aufzubauen, die stabil und produktiv sind. Anfang 2007 wurde ein weiteres Projekt lanciert, das von der Kommission getragen wird : Unabhängige Medien für zivile Integration. Es zielt auf zwei georgische Regionen mit einer hohen Konzentration ethnischer Minderheiten , der aserbaidschanischen in Kvemo Kartli und der armenischen in Samzche-Dschawachetien. Die Entwicklung unabhängiger Medien in diesen Regionen soll die gesellschaftliche Integration dieser Minderheiten in Georgien fördern.

Die Projekte der Europäischen Kommission sind nicht die einzigen Beispiele einer positiven Entwicklung in der regionalen Presselandschaft. Als erstes wäre Adscharien zu nennen, das mit dem Status als Autonome Republik eine starke Infrastruktur im Bereich der Medien geerbt hat. Die Zeitung aus Batumi (Gazeti Batumelebi) ist zwar ebenfalls Teil des Projekts der Europäischen Kommission, sie ist jedoch nicht das einzige starke Medium in Adscharien. Auch wenn sie nicht immer von hoher Qualität sind, so sind sowohl das Fernsehen, das Radio als auch die Zeitungen solide etabliert und relativ funktionstüchtig. Auch wenn es manchmal etwas übertrieben erscheint, vom „adscharischen Modell“ zu reden, so hat die Region das Potential, ein reelles Gegengewicht zu Tbilissi zu bieten.

Darüber hinaus gibt es auch das Beispiel Gurianiosi, einer Wochenzeitung der Region Gurien, die über eine hohe Auflage verfügt, in der gesamten Region verkauft wird und sich einer reeller Leserschaft erfreut. Die Zeitung schafft es, sich über ihre Verkaufserlöse, Anzeigen und Kooperationen mit diversen internationalen Organisationen selbst zu finanzieren. Zwar sagt man gern in Georgien, dass der Grund für diesen Erfolg in der starken Mobilisierung der gurischen Zivilgesellschaft zu suchen ist. Das zeigt doch aber wiederum, dass die genannten Probleme, die die regionalen Zeitungen Georgien an ihrer Entwicklung behindern, nicht gänzlich naturgegeben und unvermeidlich sind.

*Interviews mit Mitgliedern des Forschungsteams des CIPDD : Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze und Paata Gurgenidze