Affichage des articles dont le libellé est ossétie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ossétie. Afficher tous les articles

dimanche 7 février 2010

Reportage BD en Ossétie du Sud (de Chapatte)


Un très bon reportage sur un support original dans l'Ossétie du Sud d'après-guerre : le dessinateur français Chapatte, spécialiste de "dessins de presse", recueille les témoignages de représentants de la société civile mais aussi de simples habitants ossètes et géorgiens de Tskhinvali et alentours, dans le sillon d'une mission de la croix-rouge. En ce qui concerne la guerre d'août 2008, il a le mérite de montrer le point de vue des Ossètes (souvent ignoré par l'opinion publique internationale qui a favorisé la vision d'une guerre russo-géorgienne ; de plus, les journalistes occidentaux ont considérablement plus fait d'enquêtes en Géorgie qu'en Ossétie du sud et plus massivement recueilli les témoignages de Géorgiens). D'un point de vue journalistique, le reportage a la grande qualité d'être au crayon aussi clairvoyant et apte à capter la réalité qu'une caméra ou un appareil photo.

Le reportage BD est accessible en ligne sur le site de l'auteur
Editorial Cartoons ; ou (on peut mieux zoomer) sur le site du CICR

jeudi 28 mai 2009

Table ronde à Nantes : Géorgie 8 mois après la guerre, état des lieux


Radiodiffusion de la table ronde du 13 mai 2009 à Nantes, dans le cadre du jumelage Nantes-Tbilissi. Dans cette discussion organisée par l'Université de Nantes et animée par Ulrich Huygevelde, les invités Isabelle Facon, Philippe Perchoc et Nicolas Landru reviennent sur les causes et les conséquences de la guerre d'aout 2008, font le bilan de la situation économique, géopolitique et politique en Géorgie au printemps 2009 et tentent d'établir les perspectives qui s'annoncent pour le pays.
Euradionantes diffuse cette discussione en ligne, en podcast :
http://www.euradionantes.eu/index.php?page=detailPodcast&id_podcast=2549&id_programme=27

vendredi 17 avril 2009

Le rôle des macroperspectives appliquées aux conflits de Géorgie



Par Nicolas Landru


La recherche occidentale et post-soviétique prenant comme objet les conflits séparatistes de Géorgie et qui forme une discipline spécialisée, la « conflictologie » (1), utilise principalement trois macroperspectives dont elle met souvent en avant l’intercorrélation. Selon ce courant d’analyse, la rencontre de phénomènes « conflictogènes » relevant de ces trois catégories serait la cause profonde de l’explosion des conflits séparatistes en Géorgie et dans le Caucase en général, ou en tous cas se superposerait à un terrain local préalablement porteur de conflit, pour lui conférer une dimension internationale.

Transition politique dans l’espace post-soviétique

Il s’agit premièrement de la « transitologie », qui se focalise sur les dynamismes de la transformation politique dans l’espace post-soviétique. Elle tend vers l’analyse, volontiers comparée, des différentes ex-régions soviétiques qui ont connu et connaissent encore un processus de transition du communisme vers la démocratie, parfois vers la dictature. Cette discipline a pour cadre l’espace post-soviétique, ce qu’il contient de spécifique et de commun à des régions fort éloignées (le Tadjikistan et la Lituanie par exemple). Elle permet aux différents phénomènes régionaux d’être mis en parallèle et comparés. Le phénomène politique observé est la transition, dans certains cas douloureuse, d’un système communiste vers un système de forme démocratique, impliquant un renouvellement ou une reconversion des élites. Il est souvent accompagné de l’apparition de nouvelles structures politico-territoriales, tels que les nouveau Etats indépendants (Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan…) ou bien, dans les cas conflictuels, les régions séparatistes (Abkhazie, Ossétie du Sud, Nagorno-Karabagh, Transnistrie, Tchétchénie). Un nouveau jeu de pouvoir s’est mis en place après l’effondrement de l’Union Soviétique. Les séparatismes, tout comme l’unitarisme des Etats concernés, se trouvent au cœur des nouvelles affiliations, rivalités et légitimités politiques.

On peut donc analyser la première phase des conflits séparatistes de Géorgie, de la fin des années 1980 à 1993, sous le prisme d’une transition de système et de reconversion des élites de la nomenklatura locale au pouvoir. L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie étaient à l’époque soviétique deux entités territoriales dotées d’institutions autonomes, basées sur des critères ethniques. Ces critères ne reflétaient pas nécessairement la réalité démographique de l’entité autonome : en Abkhazie, les Abkhazes étaient de loin une minorité sur la population totale, moins nombreux même que d’autres minorités (les Arméniens par exemple). Pourtant, le parlement et les ministères de la République autonome étaient réservés aux Abkhazes ethniques. L’ethnie et la langue abkhazes constituaient par là même une plateforme idéale pour les ambitions politiques : dès les années 1970, promouvoir l’enseignement universitaire en Abkhaze, limiter la pression démographique des Géorgiens ou le centralisme de Tbilissi ont constitué des prototypes de combats politiques en mesure d’asseoir la légitimité des leaders abkhazes soviétiques, qui sont devenus avec la perestroïka (restructuration) de l’URSS des leaders indépendantistes (2). Tout comme la préservation de la langue géorgienne et l’indépendance vis-à-vis de Moscou ont représenté un corpus de revendications promues par une élite géorgienne indépendantiste qui allait gouverner un nouvel Etat. Dans la mouvance de la perestroïka initiée sous Mikhaïl Gorbatchev au milieux des années 1980, alors que la dislocation centrifuge de l’URSS était entamée et que l’idéologie communiste cessait de jouer un rôle unificateur, les leaders abakhzes allaient s’appuyer sur les institutions autonomes et les revendications politiques que celles-ci cautionnaient pour pérenniser leur pouvoir et empêcher le leadership de Tbilissi d’intervenir dans leur espace de coercition. En Abkhazie, la transition d’un système politique socialiste, centralisé et autoritaire, vers un ordre revendiquant la démocratie et le « principe de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes », allait se traduire par une reconversion des administrateurs locaux du système central en des dirigeants potentiels d’un Etat indépendant.

« Dès que le système central a commencé à se fracturer, la composante nationale à repris le dessus. Les élites nationales ont alors promu les idées nationalistes pour continuer d’affermir leur pouvoir local au détriment de Tbilissi. » (3)

Les cadres de l’administration soviétique allaient endosser la cause ethno-nationaliste pour devenir des leaders politiques selon le modèle des dirigeants des démocraties occidentales : président, premier ministre, ministre, etc. La République Soviétique Autonome se voulait un Etat indépendant, les cadres soviétiques des chefs d’Etat à l’occidentale.

En Ossétie du Sud, le même type d’analyse peut être fourni, à ceci près que les institutions d’un Territoire autonome étaient moins évoluées que celles d’une République autonome telle que l’Abkhazie. Elles avaient un profil politique, éducatif, culturel et linguistique sensiblement moins développé. La nomenklatura ossète, en grande partie composée de directeurs de kolkhozes, était moins préparée encore que celle d’Abkhazie à jouer un rôle de leadership politique d’envergure. Dans cette perspective, le pas du Territoire Autonome d’Ossétie du Sud vers une République souveraine était plus grand que dans le cas abkhaze.

Diamétralement opposée, la stratégie des leaders Géorgiens consistant à revendiquer l’existence d’un Etat géorgien indépendant sur la base du territoire de l’ancien territoire de la République Socialiste Soviétique de Géorgie est entrée en conflit avec les velléités des élites des institutions des entités autonomes. La question de la légalité engendrée par les statuts territoriaux soviétiques est à ce propos pertinente (voir ci-dessous), puisqu’elle pose la différence en termes de droit entre deux types d’indépendances qui ont en réalité les mêmes fondements de légitimité ethno-identitaires : celles des anciennes Républiques de l’Union, comme la Géorgie, et celles des anciens Républiques et Territoires Autonomes d’une République de l’Union (Abkhazie, Ossétie du Sud).

Dans la perspective des prismes offerts par une étude transitologique, la « guerre d’août 2008 » est un avatar tardif de ce processus de transition politique conflictuel, qui a vu une nouvelle démarche des dirigeants de Tbilissi pour asseoir leur domination sur un territoire revendiqué qui lui échappait encore, l’Ossétie du Sud. Après l’échec de cet politique, engendré par l’intervention de la Russie pour défendre le territoire séparatiste, ce processus a débouché sur une nouvelle affirmation politique des deux entités séparatistes, dont la reconnaissance officielle par la Russie constitue une nouvelle étape.

Une confrontation OTAN/Russie à travers les conflits de Géorgie : une prolongation de la guerre froide ?

Le 26 août 2008, après que la Russie ait reconnu l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, le président de la Géorgie Mikhaïl Saakachvili déclarait :

“Now the restoration of Georgia’s territorial integrity and protection of Georgia’s independence is no longer a matter of only Georgia or a matter of Georgia-Russian relations; this is a matter of Russia and the rest of the civilized world.” (4)

Le président géorgien veut ici démontrer que le conflit a été « internationalisé » et que la Géorgie fait partie d’un camp. La deuxième macroperspective prise en compte en conflictologie caucasienne est la « géopolitique post-guerre froide », sous-tendue par un postulat : la concurrence entre le « camp OTAN » et la Russie s’est poursuivie au-delà de l’effondrement de l’URSS. Beaucoup de productions des médias internationaux et d’essais généralistes contemporains véhiculent cette vision (5). Les ex-Républiques soviétiques et ex-pays satellites de l’Union Soviétique seraient au cœur d’un affrontement qui consiste en une velléité américaine de gagner du terrain sur les « fiefs » russes et en une tentative de Moscou de défendre ses positions, voire de reconquérir son empire démantelé. Le cadre géographique de ce champ est à la fois mondial, puisqu’il décrit la querelle de superpuissances pour le contrôle d’une partie du monde, et régional, puisqu’il se concentre sur les zones d’achoppement entre les deux blocs géopolitiques. Cette zone aurait reculé en défaveur de la Russie et les points d’affrontements actuels (Géorgie, Ukraine, Kirghizistan) ne seraient pas de nature bien différente de ceux de l’époque de la guerre froide (Corée, Viêt-Nam, Afghanistan). Les phénomènes observés sont en particulier :

-l’expansion de l’OTAN (aux pays Baltes, candidatures de la Géorgie ou de l’Ukraine) ;

-le soutien américain, notamment militaire et financier, aux nouveaux Etats qui se sont affranchis de Moscou et s’opposent au moins partiellement à la Russie : Géorgie, Ukraine, Kirghizistan, Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Moldavie… Comme le fait remarquer Silvia Serrano, la Géorgie était en 1999 et 2000 le troisième pays au monde bénéficiaire d’aide américaine par habitant ; les programmes de soutien financier ont été massifs (le Millenium Challenge Programme, composé de 295 millions de dollars), y compris pour lancer le financement des membres du gouvernement de la Révolution des Roses (6).

-les « révolutions colorées », changements de régimes provoqués par une révolution populaire qui s’est opposée aux anciennes élites soviétiques plus ou moins affiliées à Moscou pour les remplacer par une nouvelle équipe gouvernementale pro-occidentale et revendiquant la démocratie. Ces révolutions colorées, fortement soutenues voire provoquées par Washington, seraient partie intégrante d’une stratégie américaine de gain d’influence dans l’espace post-soviétique. Inspirées du modèle Serbe de 2000, il s’agit par ordre chronologique de la Révolution des Roses de Géorgie en 2003, qui a porté l’équipe de Mikhaïl Saakachvili au pouvoir, de la Révolution Orange en Ukraine (2004) et de la Révolution des Tulipes au Kirghizistan (2005). En Géorgie, la Révolution des Roses a ceci de spécial qu’elle a renversé un leader, Edouard Chévardnadzé, qui certes avait été un dirigeant soviétique, mais qui n’était pas pro-russe, loin de là. D’importants accrochages diplomatiques et conflits plus ou moins directs avaient eu lieu entre Moscou et Tbilissi sous le mandat de ce dernier, qui par ailleurs avait de bonnes relations avec les pays occidentaux, notamment l’Europe et l’Allemagne. Avant d’arriver au pouvoir, Mikhaïl Saakachvili prônait même une amélioration des relations avec le voisin russe, avant de mener une politique bien plus radicalement antirusse que Chévardnadzé. De même, Vladimir Poutine déclarait lors de l’élection de Saakachvili qu’il espérait que ce soit de bonne augure pour les relations russo-géorgiennes. Il serait donc simplificateur de voir en le « phénomène coloré » de Géorgie un choix initialement délibérément antirusse. En revanche, c’est tout un héritage soviétique, donc avant tout « d’importation russe » aux yeux des Géorgiens, que la Révolution des Roses se promettait de balayer : népotisme, corruption, clientélisme, opacité, léthargie sociale, clanicité, aussi un pragmatisme désidéologisé… Au profit d’un libéralisme démocratique volontariste, jeune (7), moderne, capitaliste et surtout très orienté vers un modèle spécifiquement américain.

En contrepartie, le soutien de la Russie aux conflits séparatistes de ces nouveaux Etats serait une carte dans les mains du Kremlin pour tenter d’entraver l’émancipation de ses anciennes « colonies » et de gêner l’adhésion de celles-ci au camp OTAN. Ce soutien aux conflits participeraient de la même politique extérieure russe que l’appui sur la minorité russophone en Ukraine : soutenir une population loyale envers Moscou ou en tous cas en porte-à-faux, pour des raisons ethniques, avec l’autorité centrale des pays concernés. Il s’agit donc de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud en Géorgie et de la Transnistrie en Moldavie. Dans une moindre mesure, l’Azerbaïdjan a également accusé Moscou d’avoir soutenu les Arméniens séparatistes du Nagorno-Karabakh pour paralyser l’indépendance Azérie.

Les problématiques liées aux relations russo-américaines se retrouveraient donc directement dans les conflits de Géorgie. Selon Thomas Balivet, « ce contexte est à envisager dans les grandes tendances qui existent depuis les deux évènements clés qui ont été l’élection de V. Poutine en Russie en mars 2000 et les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis » (8)

Il y aurait donc deux tendances résultant en une confrontation en Géorgie : en Russie, la reconstitution d’une Russie forte et décidée à réintégrer son territoire perdu lors du fiasco politico-économique de la fin des années 1980 et des années 1990 ; côté américain, une nouvelle tentative de sécuriser l’équilibre mondial, passant par un contrôle du Moyen-Orient et des périphéries de l’ex-URSS, dont la Géorgie est l’allié idéal.

Si cette configuration semble avoir été accélérée depuis la Révolution des Roses de 2003 et portée à son apogée lors de la « guerre d’août 2008 », l’armée russe étant intervenue militairement en Géorgie en défense des séparatistes sud-ossètes, Washington et l’OTAN ayant clairement pris diplomatiquement position pour Tbilissi et contre Moscou, il est en revanche loin d’être établi que cette constellation ait été côté russe le fruit d’une stratégie unanime et programmée. Les conflits du début des années 1990 ont été particulièrement embrouillés et l’attitude de la Russie à leur égard ambiguë. Alors que l’armée russe armait les rebelles abkhazes, Moscou portait officiellement son soutien à Edouard Chévardnadzé et à l’armée géorgienne. Aucune analyse ne saurait être unanime quant au rôle exact joué par Moscou dans les conflits des années 1990, ce rôle ayant pu en outre être divergeant selon les ministères (défense, intérieur, affaires étrangères), ou même les responsables (officiers de l’armée, ministres). Même lors de l’arrivée de M. Saakachvili au pouvoir, il semblait que les relations russo-géorgiennes aient été prêtes à repartir aux beaux fixes, sans que la Russie perçoive instantanément la Révolution des Roses comme une menace. Ce processus de « cristallisation » autour de deux camps post-guerre froide semble surtout s’être rapidement accéléré dans les 4 ans ayant précédé la « guerre d’août 2008 ».

La thèse d’une « guerre des hydrocarbures »

La troisième macroperspective fréquemment appliquée à l’analyse conflits séparatiste est une approche géostratégique qui met les enjeux économiques et surtout énergétiques au centre des politiques globales et locales. Les pays Occidentaux seraient avant tout intéressés par le contrôle de l’acheminement des hydrocarbures des zones de gisements vers leurs territoires et tenteraient de mettre le plus de cartes de leur côté pour un approvisionnement sécurisé et bon marché. Ainsi, le Caucase serait une zone de transit majeure entre les gisements de la Caspienne et la zone OTAN (Turquie) qui offrirait une alternative intéressante aux hydrocarbures russes dont l’achat implique une dépendance économique et politique à l’égard de la Russie. C’est ce que l’on appelle le développement des axes longitudinaux, au cœur du « Grand Echiquier » théorisé par Zbigniew Brzezinski (9). Ainsi, en Azerbaïdjan et en Géorgie, les Occidentaux tenteraient de s’aménager une zone protégée, ce que les Russes tenteraient d’empêcher pour s’assurer le monopole ou en tous cas une domination du marché via les pipelines qui passent par leur territoire.

Selon le géopolitologue François Thual,

« Cette bataille des oléoducs a pour conséquence de désenclaver géopolitiquement et géographiquement le Caucase, qui se voit proposer deux grandes radiales d’évacuation : l’une traditionnelle, favorable à la Russie et suivant un axe sud-nord ; l’autre, un axe est-ouest, qui représente le schéma américain et occidental. (10) »

L’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui relie les champs pétroliers d’Azerbaïdjan au port turc de Ceyhan, a été construit par la British Petroleum et inauguré le 10 mai 2006. Il traverse la Géorgie d’est en ouest dans le sud du pays sur 260km, sur les hauteurs de la chaîne du Petit Caucase. Son parcours en Géorgie n’est pas directement mis en danger par les conflits séparatistes, dont les territoires se trouvent au nord du pays. La seule zone politiquement sensible qu’il traverse est la Djavakhétie, qui connaît des tensions en raison de revendications autonomistes d’une partie de la communauté arménienne qui l’habite en grande majorité.

En revanche, on a pu constater à plusieurs reprises lors de l’intervention militaire russe sur le territoire géorgien en août 2008 que sa mise en danger était un argument potentiel visant à amener les puissances occidentales à intervenir aux côtés de la Géorgie. Du moins l’on peut supposer que ce fut le calcul des autorités géorgiennes : à deux reprises, le ministère de l’Intérieur géorgien annonçait que l’oléoduc avait été touché par des bombardements russes, ce que démentait aussitôt British Petroleum. Sans rapport avec le conflit géorgien, le pipeline était dans le même temps incendié sur le territoire turc et subséquemment fermé pour un temps. Ce fait du hasard jette un flou supplémentaire sur la question du rôle que la peur occidentale d’un endommagement de l’oléoduc et les motivations politiques visant à sa protection ont réellement joué durant le conflit.

Quoiqu’il en soit, la thèse d’une « guerre des hydrocarbures », parfois mise en avant notamment dans les médias anglo-saxons, sous-tendue par approche pan-économiste où les acteurs et intérêts locaux seraient supplantés par des intérêts économiques globaux bien plus importants serait trop restreinte pour définir les tenants et les aboutissants des conflits de Géorgie. Ce prisme reflète néanmoins de réels intérêts pour lesquels les acteurs politiques internationaux sont certainement prêts à beaucoup investir. Avant tout, il représente en Géorgie l’un des atouts vis-à-vis des Européens et des Américains dont le leadership géorgien est conscient et qu’il sait exploiter pour accroître l’importance de son pays aux yeux de ses alliés, tantôts européens, tantôt américains (11). L’emphase d’une identité européenne et chrétienne (12), d’une authentique culture démocratique, d’une lutte contre l’héritage soviétique ou bien contre le terrorisme islamiste (13) relève de la même stratégie. Mais pris de manière isolée, une telle approche tend largement à décontextualiser le cadre géographique, politique et social dans lequel se situent ces enjeux énergétiques, à occulter le jeu complexe du pouvoir politique, tant local que global, ainsi que l’importance des motivations ethno-identitaires et à réduire les manœuvres politiques à des enjeux économiques.

Portée et conséquences du prisme des macroperspectives

Très majoritairement, les journalistes, analystes, experts régionaux, spécialistes des conflits ou de disciplines des sciences humaines (sciences politiques, sociologie, relations internationales, géopolitique), voire responsables politiques occidentaux cherchant à expliquer la genèse de la guerre d’août 2008 et des conflits séparatistes de Géorgie en général ont jusqu’à présent opté pour des approches s’appuyant sur une macroperspective issue d’une de ces catégories. En revanche, ils ont largement laissé pour compte des analyses plus « localistes », « autochtonistes », basées sur une observation du jeux des acteurs politiques, économiques et sociaux locaux, de leurs stratégies et appropriations de la situation de conflit. Encore, l’étude des structures de construction des identités collectives et de leur interrelation avec les comportements et décisions des nombreux protagonistes locaux est jusqu’à présent loin d’avoir été privilégiée. Enfin, la vision du « grand échiquier » tend également à occulter la part de « l’incontrôlable », de l’ « imprévisible » et du « réversible » dans la genèse du mécanisme de conflit à l’œuvre en Ossétie du Sud ou en Abkhazie.

Cette consistance du discours analytique répandu dans les pays Occidentaux a naturellement une insistance sur les dynamiques des conflits et des démarches entreprises pour leur résolution : les acteurs politiques locaux justifient leurs décisions et optent pour certaines stratégies aussi en fonction des réactions internationales : ils se servent également de ces macroperspectives pour affiner l’image du conflit qu’ils cherchent à diffuser auprès de la communauté internationale. Celle-ci prend à son tour des décisions concernant les conflits fondées sur certaines visions développées par l’expertise s’appuyant sur ces macroperspectives.

Notes

(1)L’utilisation du terme « conflictologie » a été déplacée du champ sociologique vers le champ géopolitique dans les années 1990 pour désigner un domaine particulier des sciences politiques doté d’un corpus théorique spécifique, visant à formuler une analyse performante des différents conflits séparatistes du monde post-communiste (Caucase, Asie Centrale, Moldavie, Balkans) qui avaient des origines communes ou des parallélismes flagrants. Cf. les travaux de Valery Tishkov, par exemple Ethnic Conflicts in the Former USSR : the Use and Misuse of Typologies and Data, Tishkov Journal and Peace Research, vol. 36, n.5 (1999), p.571-591
(2)Thomas Balivet, Géopolitique… , p. 90
(3)Thomas Balivet, Géopolitique de la Géorgie, Souveraineté et Contrôle des Territoires, L’Harmattan, Paris 2005, p. 90
(4)« A présent, la restauration de l’intégrité territoriale de la Géorgie et la protection de l’indépendance de la Géorgie n’est plus l’affaire de la simple Géorgie ou l’affaire des relations Géorgie-Russie ; c’est l’affaire de la Russie et du reste du monde civilisé. » Traduction de l’auteur. Source : http://www.president.gov.ge/?l=E&m=0&sm=3&st=30 , 26 août 2008, The President of Georgia Mikheil Saakashvili’s statement (site visité le 10/10/2008)
(5)En témoigne par exemple le livre de Gaïdz Minassian, Caucase du Sud, la nouvelle guerre froide – Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Editions autrement, Paris 2007
(6)Silvia Serrano, Géorgie, Sortie d’Empire, CNRS Editions, Paris 2007, p.251
(7)La moyenne d’âge de l’équipe des cadres issus de la Révolution des Roses est l’une des plus jeunes au monde. Mikhaïl Saakachvili a été élu président à l’âge de 37 ans, il est plus âgé que les membres de son gouvernement.
(8)Thomas Balivet, Géopolitique de la Géorgie, Souveraineté et Contrôle des Territoires, L’Harmattan 2005, Paris, p. 101
(9)Silvia Serrano, Géorgie, Sortie d’Empire, CNRS Editions, Paris 2007, p. 252
(10)François Thual, Le Caucase, Arménie, Azerbaïdjan, Daghestan, Géorgie, Tchétchénie, Dominos Flammarion 2001, p. 63
(11)Cf. Silvia Serrano, Géorgie, Sortie d’Empire, CNRS Editions, Paris 2007, p.236-238
(12)Idem, p. 238
(13)Idem, p. 256/257

mardi 10 mars 2009

Perdue ou gagnée ? Akhalgori, Géorgie – Léningor, Ossétie du Sud (Article caucaz.com)

Par Nicolas LANDRU à Akhalgori/Leipzig
Paru dans caucaz.com le 24/01/2009


La région d'Akhalgori, appelée par les Ossètes de son nom soviétique Léningor, était la seule de l'ancien Territoire Autonome d'Ossétie du Sud de l’URSS a avoir été épargnée par le conflit du début des années 1990 entre Géorgiens et Ossètes. Elle est restée sous le contrôle indiscuté de la Géorgie. Après la guerre d'août 2008 et la débâcle de l'armée géorgienne, des milices sud ossètes en ont pris le contrôle, forçant la police géorgienne à se retirer et une bonne partie des habitants Géorgiens à l'exil.


Le district d’Akhalgori s’étend sur les contreforts du Grand Caucase, dans la haute vallée du Ksani, rivière qui se jette dans la Koura en amont de Mtskheta. Physiquement séparé du reste de l'Ossétie du sud par un massif montagneux et aisément reliée à la région de Mtskheta par la route, il était en majorité peuplé de Géorgiens avant le conflit de 1990-91.

Des Ossètes y vivaient également, surtout dans les villages au-dessus de la ville d’Akhalgori. Toutefois, même si le régime sud-ossète de Tskhinvali affirme que les Ossètes y ont été spoliés et forcés à l'émigration par les Géorgiens, surtout pendant la présidence de Zviad Gamsakhourdia en 1991, il semble que les deux communautés ont par la suite continué à y vivre dans une relative harmonie.

1990-2008 : une région à l’écart du conflit séparatiste

Isolé de la capitale sud-ossète Tskhinvali et son ébullition politique, le district sud ossète d'Akhalgori n'a donc pas connu d'embrasement armé. Il est resté sous contrôle du gouvernement géorgien et a été incorporé à la région administrative de Mtskheta-Mtianeti. De la sorte, le gouvernement géorgien lui scellait un destin détaché du reste de l’Ossétie du Sud : les zones du Territoire Autonome d’Ossétie du Sud ayant fait l’objet de combats et étant restés sous contrôle géorgien jusqu’en août 2008 ont été incorporés à la région administrative de Gori, la Chida Kartlie. Mais Akhalgori devait tout simplement oublier son passé au sein du Territoire Autonome et s’intégrer normalement dans le nouvel Etat.

Les années 1990-2000 devaient être plutôt propices au district, qui s’est trouvé à l’abri des multiples altercations entre forces géorgiennes et milices sud ossètes. L'usine de bière Lomissi, l’une des trois plus grandes de Géorgie, fournissait des emplois à la majorité de la ville d’Akhalgori (6000 habitants). Le reste du district, rural et montagneux, a vécu comme la plupart des régions géorgiennes d'agriculture basique.

Le gouvernement géorgien avait même réparé la route menant de Mtskheta à Akhalgori en 2007-2008, intégrant un peu plus avant le district aux infrastructures géorgiennes. L'attraction touristique d'Akhalgori, le palais médiéval des Princes du Ksani (parmi les plus puissants princes géorgiens aux X-XIIème siècles, restés importants jusqu'au XIXème), également musée d'histoire et d'art, était en train de devenir une destination appréciée des Tbilissiens, pour les excursions scolaires par exemple.

La guerre d’août 2008 : le prix de la contre-attaque

Mais en août 2008, l’attaque des troupes géorgiennes sur Tskhinvali et les régions sud ossètes sous contrôle du gouvernement séparatiste, immédiatement suivie d’une fulgurante contre-attaque russe, a sonné le glas de cette relative tranquillité. Cette région qui avait traversé les heures les plus sombres de l'histoire récente du pays sans de blessure majeure a été prise dans la tourmente de la déroute de l’armée géorgienne.

Fortes de la victoire russe en Ossétie du Sud et en Chida Kartlie, des milices sud ossètes ont "passé la montagne" par le col menant à Tskhinvali, uniquement franchissable en 4x4, et ont chassé la police géorgienne qui stationnait à Akhalgori. L'armée géorgienne, qui avait de toute façon abandonné ses positions en Géorgie centrale pour se replier autour de Tbilissi, n'était pas stationnée dans le district. Un check point est à présent installé quelques kilomètres au sud d'Akhalgori, entérinant le contrôle ossète du district et la perte de celui-ci pour la Géorgie.

Tbilissi accuse l'armée russe d'avoir aidé les milices sud ossètes à prendre position à Akhalgori et participé au nettoyage ethnique. Selon la Géorgie, des unités de l’armée Russe y seraient toujours stationnées. En octobre, l’OSCE confirmait le retrait des troupes russes des régions géorgiennes autour de l’Ossétie du Sud, mais dénonçait leur maintien à Akhalgori.

Akhalgori définitivement perdue pour la Géorgie ?

Les Géorgiens voient une intention des Russes d’incorporer Akhalgori au reste du territoire séparatiste sud ossète. Le projet déclaré de construire une route reliant Tskhinvali et Akhalgori, qui ne peut se réaliser qu'avec une assistance technique russe, est en tête des chefs d'accusation de Tbilissi à l'encontre de Moscou.

Militairement vaincue, la Géorgie a en effet peu de chances de recouvrer le district, à moins que celui-ci ne fasse l’objet d’une contrepartie lors de négociations entre les protagonistes. Le fond de la vallée étant un cul-de-sac, la région d’Akhalgori ne représente pas d’intérêt stratégique très important, pas plus qu’économique. Les institutions et infrastructures de la république séparatiste n’y sont pas installées et le nombre d’Ossètes y vivant est assez restreint. Il ne serait donc pas impossible, dans des négociations qui ne seraient pas entièrement défavorables à la Géorgie, qu’Akhalgori représente pour le parti osséto-russe une monnaie d’échange, plus qu’un but territorial en soi.

Loin de cette hypothèse, le contrôle osséto-russe est cependant bien établi à Akhalgori. Le 27 novembre 2008, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili tentait d'emmener son hôte le président Polonais Lech Kaczynski à Akhalgori, malgré le check point. Mais cette sombre affaire s'est terminée en un demi-tour, le parti géorgien affirmant qu'on avait tiré sur la voiture transportant les présidents, les autorités sud ossètes niant ces accusations et le président polonais devant faire face à un scandale dans son pays, pour s'être exposé sans mesures de sécurité dans une entreprise non prévue à son agenda et peu en règle avec les usages d'un président en visite.

A côté de cet étrange épisode, Tbilissi a sommé Moscou à plusieurs reprises d’évacuer le district d’Akhalgori. Pour l’heure, le gouvernement géorgien ne peut guère faire plus face à la mainmise osséto-russe sur la région que des sommations sans moyens de coercition ou des tentatives d’attirer l’attention de la communauté internationale.

Une population menacée

Un bon nombre des habitants ethniquement géorgiens d'Akhaglori a été chassée par les milices ossètes ou s’est enfui dans le courant du mois d’août pour trouver refuge à Tbilissi ou dans d'autres camps de Géorgiens déplacés d'Ossétie du Sud après la guerre.

Fin novembre, l’organisation des Droits de l’Homme Human Rights Watch signalait des exactions des milices ossètes sur les Géorgiens « ethniques » à Akhalgori. Spoliations, pillages, agressions physiques, la population semble à la merci de bandes armées. Les enquêteurs ont aussi donné le chiffre de 136 écoliers restant sur 236 dans une école de la ville, ce qui peut donner une idée du nombre de personnes ayant fui leurs foyers. Human Rights Watch a exhorté la Russie, en tant que pouvoir d’occupation, à veiller à la cessation de ces exactions.

Hormis quelques enquêtes d’organisations des Droits de l’Homme, il est encore très difficile d'établir précisément ce qui s'est passé et se passe à Akhalgori depuis que les milices sud-ossètes en ont pris le contrôle. Il est en tous cas certain qu'il y a eu un exode assez important des populations géorgiennes, qui constituaient la grande majorité du district avant la guerre, et que les activités préalables que connaissait la ville ont en grande partie été interrompues. « Léningor » est de nouveau en Ossétie du Sud, sans que les projets des nouveaux maîtres des lieux concernant le district et la ville ne soient clairs.

Verloren oder Gewonnen? Achalgori, Georgien – Leningor, Südossetien

Von Nicolas Landru in Achalgori/Leipzig
Veröffentlicht in caucaz.com am 26/02/2009


Die Region von Achalgori, oder Leningor, wie sie von den Osseten ihrem sowjetischen Namen nach genannt wird, stellte einst den einzigen Teil des ehemaligen Südossetischen Autonomen Territoriums dar, der vom Konflikt der frühen 1990er Jahre zwischen Georgiern und Osseten geschont geblieben war. Sie blieb unter unbestrittener georgischer Kontrolle. Nach dem Krieg im August 2008 und der Niederlage der georgischen Armee brachten sie südossetische Milizen unter ihre Kontrolle. Sie zwangen die georgischen Polizeikräfte, sich zurückzuziehen und einen großen Teil der georgischen Bevölkerung zur Flucht.


Der Bezirk von Achalgori liegt an den vorgelagerten Erhebungen des Grossen Kaukasus im hohen Tal des Ksani-Flusses, der abwärts vor Mzcheta in die Kura mündet. Er ist physisch durch eine Bergkette vom restlichen Südossetien getrennt und leicht aus Mzcheta durch eine Strasse zu erreichen. Daneben war er schon vor dem Konflikt von 1990/91 mehrheitlich von „ethnischen“ Georgiern bewohnt.

. Auch Osseten wohnten dort, hauptsächlich in den Dörfern oberhalb der Stadt Achalgori. Zwar behauptet das südossetiche Regime von Tschinwali, dass Osseten vor allem während der Amtszeit des Präsidenten Swiad Gamsachurdia 1991 beraubt und zum Auswandern gezwungen wurden. Jedoch scheint es eher so, dass die beiden Communities weiterhin relativ harmonisch zusammengelebt haben.

1990-2008 : eine Region abseits des separatistischen Konfliktes

Isoliert von der südossetischen Hauptstadt Tschinwali und ihren politischen Wallungen hat also der südossetische Bezirk von Achalgori keine bewaffneten Auseinandersetzungen erfahren. Er blieb unter der Kontrolle der georgischen Regierung und wurde der administrativen Region Mtscheta-Mtianeti eingemeindet. Damit bereitete ihm die Regierung ein anderes Schicksal als jenen Zonen des Südossetischen Autonomen Territoriums, die bis August 2008 unter georgischer Kontrolle blieben und der administrativen Region von Gori in Schida Kartli zugeteilt wurden. Achalgori jedoch sollte sich von seiner Vergangenheit innerhalb des Autonomen Territoriums trennen und in den neu gegründeten Staat Georgien integrieren.

Die 1990er und 2000er Jahre stellten sich für den Bezirk als eher förderlich heraus, denn er blieb von den zahlreichen Auseinendersetzungen zwischen georgischen Kräften und südossetischen Milizen verschont. Die Lomissi Brauerei, eine der drei größten in Georgien, schuf Arbeitsplätze für eine bedeutende Anzahl der vormals 6000 Einwohner der Stadt Achalgori. Der Rest des Bezirkes, ländlich und von Bergen geprägt, lebte wie die meisten Regionen Georgiens von der einfachen Landwirtschaft.

Die georgische Regierung ließ in den Jahren 2007/2008 sogar die Strasse zwischen Mzcheta und Achalgori reparieren und bewirkte damit die weitere Integration des Bezirkes in die Infrastrukturen des Landes. Achalgori besitzt eine wichtige touristische Sehenswürdigkeit: die mittelalterliche Burg der Ksani-Prinzen, welche vom 10. bis zum 12. Jahrhundert zu den mächtigsten georgischen Prinzen zählten, und bis ins 19. Jahrhundert von Bedeutung blieben. Gleichfalls ein Geschichts- und Kunstmuseum, war die Burg gerade im Begriff, ein beliebtes Ausflugsziel der Einwohner von Tbilissi zu werden, zum Beispiel auch für Schulklassen.

Der August-2008-Krieg : der Preis des Gegenangriffs

Der Angriff der georgischen Truppen auf Tschinwali und auf die südossetischen Regionen, die unter separatistischer Kontrolle geblieben waren, sowie der Blitz-Gegenangriff Russlands brachten jedoch im August 2008 diese relative Ruhe zu einem Ende. Diese Region, die ohne schlimme Wunden durch die dunkelsten Stunden der zeitgenössischen Geschichte Georgiens gegangen war, erlitt nun frontal das Debakel der georgischen Armee.

Nach dem russischen Sieg in Südossetien und in Schida Kartli sind südossetische Milizen « über die Berge » gekommen, durch einen Pass, der Tschinwali und Achalgori verbindet, aber nur mit Vierradantrieb bewältigt werden kann. Sie vertrieben die georgischen Polizeieinheiten, die in Achalgori stationiert waren. Die georgische Armee, die sowieso ihre Positionen in Zentralgeorgien verlassen hatte, um sich in das um Tbilissi herum gelegene Gebiet zurückzuziehen, war in diesem Bezirk nicht stationiert. Ein paar Kilometer südlich von Achalgori befindet sich jetzt ein Checkpoint, der die Kontrolle des Bezirkes durch Südossetien, und seinen Verlust für Georgien, bestätigt.

Tbilissi beschuldigt die russische Armee, den südossetischen Milizen bei der Eroberung von Achalgori geholfen zu haben und an ethnischen Säuberungen beteiligt gewesen zu sein. Laut Georgien würden sich dort noch russische Armeeeinheiten aufhalten. Im Oktober bestätigte die OSZE den Rückzug der russischen Truppen aus den georgischen Regionen um Südossetien, bedauerte aber ihren Verbleib in Achalgori.

Ist Achalgori für Georgien endgültig verloren?

Die georgische Seite behauptet, Russland hätte vor, Achalgori in das übrige Abspaltungsgebiet von Südossetien einzugliedern. Der erklärte Plan, eine Strasse zwischen Tschinwali und Achalgori zu bauen, der nur mit dem technischen Beistand von russischer Seite zu verwirklichen ist, stellt die erste Beschuldigung von Tbilissi gegen Moskau dar.

Ein militärisch besiegtes Georgien hat tatsächlich geringe Chancen, den Bezirk zurückzuerhalten, es sei denn, dass dieser sich zu einem Entschädigungsgegenstand bei Verhandlungen zwischen den Protagonisten wandeln würde. Die Region von Achalgori stellt kein besonderes Interesse dar, weder strategisch noch wirtschaftlich, denn das Ksani-Tal endet in einer natürlichen Sackgasse. Die Abspaltungsrepublik kann sich im Bezirk weder auf Institutionen noch auf Infrastrukturen verlassen, dazu lebt dort nur ein geringer Bevölkerungsanteil an Osseten. Insofern wäre es vorstellbar, dass die ossetisch-russische Seite Achalgori als Tauschobjekt und weniger als territoriales Ziel an sich benutzen könnte, sollten Verhandlungen stattfinden, die für Georgien einigermaßen vorteilhaft wären.

Weit entfernt von dieser Annahme ist die ossetisch-russische Kontrolle über Achalgori streng implementiert. Am 27. November 2008 versuchte der georgische Präsident Michail Saakaschwili seinen Gast, den polnischen Präsidenten Lech Kaczynski, trotz der Existenz des Checkpoints nach Achalgori zu bringen. Indes endete diese seltsame Aktion in einer Kehrtwendung. Die georgische Seite behauptet, man hätte auf den Wagen des Präsidenten geschossen; die südossetische Regierung dagegen verwehrt sich gegen diese Beschuldigung. Der polnische Präsident wurde in seinem Land mit einem Skandal konfrontiert, da er sich ohne angemessene Sicherheitsmassnahmen in einem ungeplanten Unternehmen das den Regeln eines Präsidentenbesuchs wenig entsprach, in Gefahr begeben hatte.

Abgesehen von dieser unklaren Affäre hat Tbilissi mehrmals von Moskau gefordert, den Achalgori-Bezirk zu verlassen. Nun kann die georgische Regierung in Anbetracht der ossetisch-russischen Übernahme der Region kaum etwas anders tun, als ohne Handhabe Aufforderungen auszusprechen, und zu versuchen, die Aufmerksamkeit der internationalen Gemeinschaft zu wecken.

Die gefährdete Bevölkerung

Ein Großteil der « ethnischen » georgischen Einwohner von Achalgori wurde durch die ossetischen Milizen vertrieben oder ist später im August geflohen, um in Tbilissi oder in anderen Flüchtlingslagern für Georgier, die nach dem Krieg von Südossetien umgesiedelt wurden, Zuflucht zu finden.

Ende November berichtete die Organisation für Menschenrechte, Human Rights Watch, von Übergriffen der ossetischen Milizen auf « ethnische » Georgier in Achalgori. Raub, Plünderung, Gewaltakte: die Bevölkerung scheint bewaffneten Banden ausgeliefert zu sein. Die Untersuchung liefert auch Zahlen mit denen die Anzahl der geflüchteten Personen eingeschätzt werden kann: In einer Schule der Stadt, die ursprünglich einmal 236 Schüler hatte, sind nur noch 136 geblieben. Human Rights Watch hat Russland dazu aufgerufen, als Besatzungsmacht gegen diese Übergriffe vorzugehen.

Seitdem die südossetischen Milizen die Kontrolle übernommen haben, ist es abgesehen von ein paar Recherchen durch Menschenrechtsorganisationen noch sehr schwierig zu bestätigen, was genau in Achalgori geschehen ist und weiterhin geschieht. Klar ist allerdings, dass eine deutliche Abwanderung der georgischen Bevölkerung stattgefunden hat, und dass ein beträchtlicher Teil der Betriebsamkeit der Stadt unterbrochen wurde. „Leningor“ liegt wieder in Südossetien, ohne dass die neuen Herren der Region klare Pläne für den Bezirk und die Stadt geäußert haben.

dimanche 18 janvier 2009

Perdue ou gagnée? Akhalgori, Géorgie - Léningor, Ossétie du Sud



La région d'Akhalgori, appelée par les Ossètes de son nom soviétique Leningor, était la seule de l'ancien Territoire Autonome d'Ossétie du Sud a avoir été épargnée par le conflit du début des années 1990 entre Géorgiens et Ossètes. Après la guerre d'août 2008 et la débâcle de l'armée géorgienne, des milices sud ossètes en ont pris le contrôle, forçant la police géorgienne à se retirer et une bonne partie des habitants Géorgiens à l'exil.
















Physiquement séparé du reste de l'Ossétie du sud par un massif montagneux et aisément relié à la région de Mtskheta par la route (elle s'étend sur la haute-vallée du Ksani, rivière qui se jette dans la Koura en amont de Mtskheta), le district d'Akhalgori était avant le conflit de 1990-91 majoritairement peuplé de Géorgiens.

Des Ossètes y vivaient également, surtout dans les villages au-dessus de la ville d'Akhalgori. Toutefois, même si le régime sud-ossète de Tskhinvali affirme que les Ossètes y ont été spoliés et forcés à l'émigration par les Géorgiens, surtout pendant la présidence de Zviad Gamsakhourdia en 1991-92, il semble que les deux communautés aient au cours des années 1990 et 2000 continué à y vivre dans une relative harmonie.








Eglise de Largvissi au Nord d'Akhalgori




Isolé de la capitale sud-ossète Tskhinvali et son ébullition politique, le district sud ossète d'Akhalgori n'a donc pas connu d'embrasement armé. Il est resté sous contrôle du gouvernement géorgien et a été incorporé à la région administrative de Mtskheta-Mtianeti. L'usine de bière Lomissi d'Akhalgori fournissait des emplois à la majorité de la ville d'Akhalgori (6000 habitants), le reste du district vivant comme la plupart des régions géorgiennes d'agriculture basique.


Akhalgori, rue principlae (printemps 2007) ©Nicolas Landru

Le gouvernement géorgien avait même réparé la route menant de Mtskheta à Akhalgori en 2007-2008, intégrant un peu plus avant le district aux infrastructures géorgiennes. L'attraction touristique d'Akhalgori, le palais médiéval des Princes du Ksani (parmi les plus puissants princes géorgiens au X-XIIème siècles, restés importants jusqu'au XIXème siècle), également musée d'histoire et d'art, était en train de devenir une destination appréciée des Tbilissiens, pour les excursions scolaires par exemple.















Mais en août 2008, la tentative géorgienne de conquérir Tskhinvali et les régions sud-ossètes sous contrôle du gouvernement séparatiste, et la contre-attaque russe qui s'ensuivit, ont sonné le glas de cette tranquillité. Cette région qui avait traversé les heures les plus sombres de l'histoire récente du pays a été prise dans la tourmente de la déroute géorgienne.
















Sous l'impulsion de la victoire osséto-russe, les milices sud ossètes ont "passé la montagne" et ont chassé la police géorgienne qui stationnait à Akhalgori. L'armée géorgienne, qui avait de toute façon abandonné ses positions en Géorgie centrale pour se replier autour de Tbilissi, n'était pas stationnée dans le district. Un check point est à présent installé quelques kilomètres au sud d'Akhalgori, entérinant le contrôle ossète du district et sa perte pour la Géorgie.















Tbilissi accuse l'armée russe d'avoir aidé les milices sud-ossètes à prendre position à Akhalgori et participé au nettoyage ethnique. Le projet déclaré de construire une route reliant Tskhinvali et Akhaglori, qui ne peut se réaliser qu'avec une assistance technique russe, est en tête des chefs d'accusation de Tbilissi à l'encontre de Moscou.

Une bonne partie des habitants géorgiens d'Akhaglori ont été chassés par les milices ou se sont enfuis pour trouver refuge à Tbilissi ou dans d'autres camps de Géorgiens déplacés d'Ossétie du Sud après la guerre.















Le 27 novembre 2008, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili tentait d'emmener son hôte le président Polonais Lech Kaczynski à Akhalgori, en passant outre l'interdiction des miliciens sud ossète. Mais cette sombre affaire s'est terminée en un demi-tour, le parti géorgien affirmant qu'on avait tiré sur la voiture transportant les présidents, les autorités sud-ossètes niant ces accusations et le président polonais devant faire face à un scandale dans son pays, pour s'être exposé sans mesures de sécurité dans une entreprise non prévue à son agenda et peu en règle avec les usages d'un président en visite.

Il est encore difficile d'établir ce qui s'est passé et se passe à Akhalgori depuis que les milices sud-ossètes en ont pris le contrôle. Il est en tous cas certain qu'il y a eu un exode important des populations géorgiennes, qui constituaient la grande majorité de la ville d'Akhalgori, et que les activités préalables que cette dernière connaissait ont pour bonne part cessé.

Les photographies exposées ici ont été prise en juin 2008, deux mois avant la guerre.

Nicolas Landru

Droits d'auteur des photographies, sauf exception : ©Nicolas Landru et Birgit Kuch

dimanche 31 août 2008

La Russie reconnaît l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie

18 jours après le début d’une courte guerre qui a opposé la Géorgie d’un côté, l’Ossétie du Sud, puis la Russie et partiellement l’Abkhazie de l’autre, Moscou a reconnu officiellement le 26 août 2008 l’indépendance des deux républiques séparatistes de la Géorgie.

Cette reconnaissance intervient dix-sept ans après le déclenchement des conflits séparatistes de Géorgie subséquents à la chute de l’URSS et qui sont ensuite restés « gelés » et ponctués d’affrontements limités entre l’armée géorgienne et les milices ossètes et abkhazes. La guerre d’août 2008 a représenté une tentative militaire de Tbilissi de recouvrir son autorité en Ossétie du Sud, contrée par l’intervention de l’armée russe, protectrice officieuse des régimes séparatistes.

Alors que l’armée russe contrait en quelques heures l’offensive géorgienne en Ossétie du Sud, le conflit dégénérait en une invasion russe alors que l’armée géorgienne quittait ses positions préalables pour se replier vers Tbilissi. Les forces russes ont pilonné par voie aérienne différentes infrastructures militaires et civiles à l’intérieur du territoire géorgien, avant de prendre par voie de terre des positions dans le pays bien au-delà des territoires séparatistes.

Les forces russes s’emparaient de la ville de Gori, centre militaire géorgien aux portes de l’Ossétie, de celle de Sénaki, base de l’ouest de la Géorgie aux abords de l’Abkhazie ou du port de Poti, centre névralgique de l’import/export géorgien et premier port du pays. Les forces russes ont subtilisé ou détruit matériel et infrastructures trouvés sur place, alors qu’une partie de la population géorgienne locale a dû fuir vers des zones plus sûres, notamment vers la capitale Tbilissi ou vers les villes de Batoumi et Koutaïssi en Géorgie occidentale.


Des pertes territoriales plus grandes encore pour la Géorgie

En Ossétie du Sud, les zones qui étaient restées aux mains des géorgiens après 1992 ont été prises par l’armée russe ou par les milices sud ossètes. Notamment, la ville d’Akhalgori qui n’avait pas connu le conflit et où Géorgiens et Ossètes continuaient à cohabiter, a été occupée par les milices sud ossètes après le retrait de l’armée géorgienne et la population géorgienne harcelée a en grande partie été contrainte de fuir.

En Abkhazie, la vallée de la Kodori, également aux mains des géorgiens et base stratégique d’une possible attaque sur la république séparatiste, a été prises d’assaut par les forces abkhazes, obligeant la population géorgienne locale à fuir vers Koutaïssi en Géorgie intérieure.

Après une prise de position musclée des pays occidentaux, en particulier des Etats-Unis et de l’OTAN, et la mise en place d’un plan de paix proposé par Nicolas Sarkozy, président de la France et momentanément de l’Union Européenne, le Kremlin acceptait sur le papier de retirer ses troupes du territoire géorgien extérieur aux régions séparatistes.

Après diverses démonstrations de forces et des tergiversations sur le terrain pour retirer ses troupes, la Russie finissait au bout de plusieurs jours par effectuer un retrait progressif des principaux points occupés ; mais les troupes russes patrouilleraient encore dans la ville de Poti.

La victoire militaire russe, suivie d’une démarche officielle du Kremlin pour entériner l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, entérine pour la Géorgie la perte de facto de ces territoires, incluant les parties dont elle avait au préalable réussi à garder le contrôle. Mais en outre, comme la Russie a exigé la mise en place d’une zone tampon autour des deux régions séparatistes après le départ de ses troupes, rien n’établi dans quelle mesure Tbilissi pourra récupérer l’intégralité de son territoire hors les régions séparatistes. La superficie de cette zone tampon constitue à présent l’un des points d’achoppement principaux des négociations entre Russie, Géorgie et Occident.

Un tournant dans l’affrontement diplomatique Russie-Occident

La reconnaissance des indépendances abkhaze et sud ossète par Moscou marque un point supplémentaire dans le conflit qui a opposé la Russie non seulement à la Géorgie sur le plan militaire, mais plus encore le camp « OTAN » sur le terrain diplomatique. Après la contre-attaque russe, Washington s’est empressé de marteler l’intégrité territoriale de la Géorgie et a durci le ton envers Moscou.

Un affrontement plus global s’est plus que jamais fait sentir entre une Russie qui tente de rasseoir son autorité sur le terrain colonial qu’elle avait perdu à l’effondrement de l’URSS, et les Etats-Unis qui ont tenté ces quinze dernières années d’établir leur influence aux frontières de l’ancien ennemi, et ce particulièrement en Géorgie. Bien que l’Europe ait clairement pris position contre la violation du territoire géorgien, elle s’est montrée plus nuancée et divisée sur certains points.

La France a tendu vers un alignement sur la position américaine, en reprochant fermement à la Russie de ne pas avoir obtempéré au retrait stipulé par le plan de paix ou en condamnant la reconnaissance des indépendances ; mais Nicolas Sarkozy s’est déclaré défavorable à des sanctions anti-russes et a personnellement tenté la médiation entre les deux camps pendant le conflit.

L’Allemagne, elle aussi partagée entre l’alliance atlantique et des intérêts requiérant des relations cordiales avec Moscou, a quant à elle créé la surprise lorsque, le 17 août, sa chancelière Angela Merkel donnait à son aval pour une entrée prochaine de la Géorgie dans l’OTAN. Au sommet de Bucarest, l’Allemagne avait comme la France refusé à la Géorgie la mise en place du plan d’adhésion ; de plus, la diplomatie allemande avait depuis le début de la guerre pointé également les responsabilités du leadership géorgien.

La Grande-Bretagne ou les nouveaux membres post-communistes de l’UE ont quant à eux adopté une position radicalement opposée à Moscou. La République Tchèque a par exemple appelé à un boycott des prochains jeux olympiques à Sotchi, en Russie.

Alors que la fermeté de Washington face à la Russie est devenue un thème central de la campagne aux élections présidentielles américaines, les attitudes divergentes des pays européens, plus ou moins radicales envers Moscou, laissent peser un doute sur ce qui sera la position officielle de l’UE vis-à-vis du conflit géorgien. Celle-ci sera définie par le sommet de l’Union du 2 septembre. Quoiqu’il en soit, tous les pays occidentaux sont accordés dans une condamnation sans appel de la reconnaissance par la Russie des indépendances de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.

Positions invariables à Moscou et à Tbilissi

Le coup de force russe peut être perçu comme une réponse diplomatique musclée face à l’Occident, alors que ce dernier avait utilisé pendant la guerre, comme moyen de pression sur le Kremlin, l’affirmation d’une entrée prochaine de la Géorgie dans l’OTAN. L’argument atlantiste et la confirmation des séparatismes en Géorgie peuvent être mis sur une même échelle, d’autant que Moscou, opposée à l’indépendance du Kosovo, avait utilisé celle-ci ces derniers mois comme exemple de précédent pouvant légitimer les indépendances des séparatistes géorgiens.

Le ton du Kremlin n’a d’ailleurs pas faibli depuis que la communauté internationale occidentale a condamné son coup de force, renvoyant à cette dernière la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo ou les interventions militaires en Irak et en Afghanistan pour couper court à ses critiques. Il semble à présent probable que la présence russe soit en train de se renforcer en Abkhazie et en Ossétie du Sud, et rien ne permet de penser qu’une autre forme de compromis reste envisagée.

La Géorgie, qui a bien entendu violemment condamné la reconnaissance de l’indépendance de ses régions séparatistes, a quant à elle rompu ses liens diplomatiques avec la Russie. Elle a aussi durci son régime de visa pour les citoyens russe et appelé la communauté internationale à condamner ce « crime ». Tbilissi avait rejeté, dans le plan de paix proposé par Nicolas Sarkozy, le point qui ouvrait des négociations sur le statut des deux républiques séparatistes, martelant que son intégrité territoriale ne pouvait pas être remise en question. Sur le terrain, le geste radical de Moscou qui s’appuie sur sa victoire militaire semble au contraire dissiper les chances de Tbilissi de pouvoir rétablir, au moins sur le terrain diplomatique, son emprise sur le sort des deux territoires.

Tbilissi, qui voit chaque jour s’éloigner aussi la chance que l’Occident intervienne sur le terrain alors que les tensions diplomatiques ont été revues à la baisse ces deux derniers jours, poursuit néanmoins le combat de l’information. Une virulente campagne anti-russe est en cours dans les médias géorgiens et un blocage des sites internet russes dans le pays est toujours en cours.

mardi 19 août 2008

Attitudes contradictoires de la Russie sur la question du retrait de ses troupes de Géorgie


©REUTERS/Umit Bektas

Le président de la Fédération de Russie Dimitri Medvedev avait assuré le président français Nicolas Sarkozy que les troupes russes entameraient leur retrait du territoire géorgien lundi 18 août à midi. Alors que dans les jours précédents, les russes avaient déjà vaguement parlé de retrait sans concrétiser, Moscou annonçait le départ de ses troupes lundi après-midi. Mais ni les observateurs étrangers ni les autorités géorgiennes ne constataient le moindre départ.

Bien au contraire, des troupes russes défiaient plusieurs fois l’autorité de la police géorgienne dans la journée du 18 août. A Igoéti, à 30km de Tbilissi sur le route venant de Gori, un détachement de blindés russes enfonçait un barrage de police géorgienne et s’avançait plus avant vers la capitale géorgienne. Plusieurs autres incidents se produisaient dans la foulée, un militaire russe a notamment un policier géorgien qui barrait la route à son détachement.

En Géorgie occidentale, les troupes russes semblent plus que jamais tenir leurs positions à Poti et Sénaki et semblent poursuivre leurs actions de destruction des infrastructures militaires géorgiennes. Un journaliste de l’AFP observait des mouvements depuis la base géorgienne occupée de Teklati vers l’Abkhazie, mais aussi en sens inverse.

En revanche, un premier signe de mouvement se produisait à Gori mardi 19 août en début d’après-midi, alors qu’une colonne de blindés se retirait en direction de Vladikavkaz en Ossétie du Nord (Russie). Mais les positions russes à Igoéti, plus proches de Tbilissi, semblent quant à elles avoir été renforcées en début de journée.

Alors que le président russe Dimitri Medvedev, qui avait tout d’abord annoncé un retrait lundi, réitérait ce jour-là pendant sa visite en Ossétie du Nord que la Géorgie serait punie pour ce qu’elle a fait, l’armée russe déclarait mardi qu’elle ne se retirait pas parce que selon elle, la Géorgie aurait violé l’accord de cessez-le-feu en restaurant des « capacités de combat ».

Actes et déclarations russes se suivent et se contredisent, tantôt laissant entrevoir un début de retrait, tantôt l’inverse. Il n’est pas non plus assuré que la prise de décision soit une en Russie et que l’armée suive entièrement les décisions du président Medvedev. L’homme fort du pays, le Premier Ministre Vladimir Poutine, est quant à lui resté discret ces derniers jours, sans trancher entre les attitudes de l’armée et les déclarations internationales du président.

Sur le terrain, l’échange de prisonniers entre Russes et Géorgiens mardi 19 août semblaient annoncer une détente, mais là encore, ce signe était contredit dans la foulée par une déclaration du ministère de la défense géorgienne selon laquelle des soldats géorgiens avaient été faits prisonniers à Poti.

En tous les cas, rien n’indique pour l’heure si la 4ème armée du monde a entamé un réel retrait du territoire géorgien.

L’Occident hausse encore le ton face à la Russie

Une réunion extraordinaire de l’OTAN s’est tenue mardi 19 août à Bruxelles sur décision des 26 ministres des affaires étrangères des Etats membres et à la demande des Etats-Unis. La structure atlantique visait à apporter son soutien à la Géorgie et à formuler pressions et menaces sur la Russie pour qu’elle exécute son retrait.

L’OTAN a réaffirmé son soutien inconditionnel à l’intégrité territoriale de la Géorgie et a fortement enjoint la Russie à respecter ses engagements. Le secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer a déclaré qu’aucun Conseil OTAN-Russie ne sera tenue tant que le territoire géorgien sera occupé, sans cependant remettre en cause l’existence de ce conseil. Les ministres des affaires étrangères décidaient par ailleurs qu’une commission OTAN-Géorgie allait être créée, sur le modèle de la commission OTAN-Ukraine. Une telle commission vise à renforcer les liens entre la structure atlantique et la Géorgie.

La secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice déclarait clairement lors de cette rencontre que l’Ukraine et la Géorgie deviendront des membres de l’OTAN. Cette déclaration représente une menace directe aux intérêts russes qui s’opposent à l’intégration atlantique de ces deux pays et entérinent une escalade supplémentaire dans l’affrontement américano-russe à travers la guerre de Géorgie.

lundi 18 août 2008

Les forces russes sont-elles vraiment sur le départ de Géorgie, comme l’annonce le Kremlin ?


©AFP - Natalia Kolesnikova, convoi russe

Alors que la Géorgie et la Russie ont toutes deux signé le plan de paix proposé par Nicolas Sarkozy, la diplomatie comme la situation sur le terrain sont toujours dans l’impasse 10 jours après le commencement du conflit.

L’occupation russe se prolonge

L’armée russe continue d’occuper des positions significatives en Géorgie, cependant que les dirigeants russes, ces derniers jours, tergiversaient sur la question d’un retrait. La ville de Gori, à quelques kilomètres de la zone de conflit sud ossète, est clairement investie par l’armée russe. Le général russe qui commande la position à Gori, Viatchislav Borisov, semble même investir son rôle comme si la ville était en territoire russe. Ce week-end, il s’affichait à l’église aux côtés des habitants qui n’ont pas fui à Tbilissi ; il recevait un convoi humanitaire dirigé par le patriarche de l’église orthodoxe géorgienne comme s’il lui rendait visite. « Nous avons pour mission de garder la paix », indique le général aux journalistes internationaux.

Les déclarations du Kremlin à ce sujet restent généralement vagues ; il a été question tour à tour d’évacuer les troupes, de rester pour des raisons de sécurité, puis de retirer les troupes de combat pour faire place à des gardiens de la paix russe. Alors que Dimitri Medvedev a annoncé un retrait des troupes pour lundi 18 à midi, les militaires de Gori ne parlent d’aucune prévision d’évacuation. La situation est moins claire encore en Géorgie occidentale, beaucoup moins au centre des caméras du monde entier et dont la Géorgie orientale et Tbilissi sont coupées par l’occupation de Gori et la destruction des infrastructures par les russes. La Mingrélie, dont les villes stratégiques de Poti, Sénaki et Zougdidi sont toujours occupées et aucun signe ne laisse entrevoir un retrait imminent. Les russes ont également pris le contrôle de la centrale hydroélectrique de la rivière Ingouri, « pour la sécurité de l’approvisionnement en électricité de l’Abkhazie et de la Géorgie ».

Ces derniers jours, les militaires russes ont mené une série d’opération visant à détruire les infrastructures géorgiennes. Ils ont fait sauter la principale ligne de chemin de fer Tbilissi-Batoumi ; la route principale Tbilissi-Batoumi est quasiment impraticable et gardée par des chars russes au niveau de Gori, le pays étant par là même coupé en deux. Ce dernier point est d’ailleurs fort préoccupant pour la santé du pays, alors que les importations turques, jusqu’alors capitales dans l’économie géorgienne, ne peuvent être acheminées à Tbilissi. Farine, denrées alimentaires, vêtements, des produits capitaux pourraient rapidement venir à manquer dans la capitale, alors qu’ils manquent déjà dans des zones occupées comme la ville de Gori.Le matériel géorgien militaire et policier des zones occupées, souvent américain et de bien meilleure qualité que l’équipement russe, a quant à lui été en grande partie subtilisée, des chaussures de soldats aux machines de guerre.

De tels signes laissent à penser que les forces russes cherchent à endommager le plus possible non seulement la force militaire, mais aussi les infrastructures et l’économie de la Géorgie avant d’envisager un retrait réel. Quant à leur maîtrise des régions séparatistes, elle est à présent totale, puisque la dernière enclave géorgienne en Abkhazie a été prise et que tous les Géorgiens qui vivaient en Ossétie du sud ont été chassés en même temps que les soldats qui tenaient les zones où ils vivaient. Qu’il découle d’un ordre officiel ou de la décision d’un soldat, le fait que des journalistes internationaux aient été refoulés au check point d’Ossétie du Sud parce qu’ils n’avaient pas de visas russes est révélateur.

En tous les cas, la situation pour la Géorgie empire de jour en jour alors que le nombre de personnes déplacées s’évalue à présent à 88 000 personnes. La capitale Tbilissi tente tant bien que mal de gérer ce flot, avec l’aide des organisations humanitaires internationales. Quant aux zones où la guerre a fait rage, qui sont plus où moins sous contrôle russe à ce jour, elles connaissent une situation humanitaire particulièrement difficile. A Gori, on a pu observer des femmes se battant pour des paquets de riz délivrés par l’aide humanitaire. Des bandes armées, qui sont apparemment des groupes paramilitaires nord caucasiens dans la plupart des cas, ont été recensées pillant des villages en Géorgie en en Ossétie du Sud. Dans cette dernière zone, où l’acheminement de l’aide humanitaire est plus difficile qu’en Géorgie proprement dite, la présence de l’armée russe ne semble pas assurer de sécurité. Beaucoup d’Ossètes ont quitté leurs villages et trouvé refuge en Russie, en Ossétie du Nord ou en Kabardino-Balkirie. Des observateurs ont remarqué que leurs maisons ont fait l’objet d’un pillage systématique de groupes organisés venus du nord –notamment des Kabardes, des Tchétchènes ou des Ingouches semble-t-il.

L’Occident exige le départ des troupes russes

Alors que l’occupation russe semble bel et bien se prolonger au gré des tergiversations du Kremlin, le ton des Occidentaux est monté ce Week-End. La chancelière allemande Angela Merkel a demandé à Dimitri Medvedev un retrait immédiat des forces russes de Géorgie, lors de sa visite à Moscou. Le président français Nicolas Sarkozy a dimanche 17 août exigé de Medvedev un retrait lors d’une conversation téléphonique. Et la Maison Blanche poursuit ses menaces verbales sur le Kremlin.

Peut-être cette attitude peu transparente de la Russie commence-t-elle à jouer en sa défaveur auprès de la communauté internationale. Les conseillers d’Angela Merkel avaient annoncé qu’elle serait très critique envers Mikhaïl Saakachvili lorsqu’elle lui rendrait visite à Tbilissi. Mais lors de cette visite dimanche 17 août, elle réitérait surtout ses pressions sur le Kremlin et assurait au président géorgien que l’intégration de la Géorgie à l’OTAN était toujours à l’ordre du jour.

Le Kremlin a annoncé un retrait organisé pour le lundi 18 août à midi ; la porte-parole des autorités sud ossètes, Irina Gogloeva, a déjà assuré que la police ossète avait remplacé le commandement russe à Tskhinvali. Les forces géorgiennes reprendront-elles aussi rapidement le contrôle d’un territoire géorgien qu’elles ont en grande partie déserté sans combattre pour le prévenir d’une invasion ? Ni l’attitude de la Russie ces derniers jours ni même l’attitude du leadership géorgien, qui s’est enfermé dans une position passive d’attente intégrale d’une aide occidentale ne permettent de le dire.

vendredi 15 août 2008

Sortie de crise en Géorgie sur fond de tension diplomatique accrue


©REUTERS/RIA Novosti/Kremlin/Pool/Vladimir Rodionov

Depuis que la Russie et la Géorgie ont accepté le plan de paix proposé par Nicolas Sarkozy, le conflit ouvert par la guerre en Ossétie du Sud prend continuellement des proportions internationales préoccupantes. Un arrière-goût de guerre froide règne depuis la fin du conflit armé, dans un affrontement verbal qui oppose de plus en plus ouvertement Russie et Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont nettement durci leur ton à l’égard de la Russie, tout en se positionnant clairement comme les défenseurs de la Géorgie. La Secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice, qui s’est rendue à Tbilissi le 15 août pour rencontrer le président géorgien, a de nouveau évoqué les évènements de 1968, lorsque l’Union Soviétique intervenait directement en Tchécoslovaquie pour rétablir son ordre. Rice déclarait que le contexte actuel était différent et que les Etats-Unis ne permettraient pas à la Russie de se comporter de la même manière en Géorgie.

Le président américain George W. Bush a accusé la Russie de « brimer » et d’ « intimider » la Géorgie. La Maison Blanche a à plusieurs reprises martelé que l’ « invasion » russe en Géorgie avait endommagé la crédibilité internationale du Kremlin et devait fortement détériorer les relations russo-américaines. Toujours dans un logique d’alliance qu’on a qualifiée de « néo guerre froide », la Pologne a signé un traité avec les Etats-Unis pour installer sur son territoire un système anti-missile.

Le président russe Dimitri Medvedev, alors qu’il recevait la chancelière allemande Angela Merkel, rétorquait que la Russie aurait de nouveau la même réponse si ses gardiens de la paix étaient de nouveau agressés. Il remettait également en cause le fait que les peuples séparatistes puissent, après ces évènements, accepter un jour de revivre sous domination géorgienne. Ces derniers jours, Moscou renvoyait systématiquement la balle à Washington, en déclarant que les Etats-Unis étaient prêts à déclarer des guerres au Moyen-Orient pour défendre quelques uns de leurs soldats et ne s’en outraient pas. Medvedev considérait aussi le traité anti-missile entre la Pologne et les Etats-Unis comme une menace directe pour Moscou.

Alors qu’Angela Merkel condamnait également le comportement russe, la Russie semble être diplomatiquement isolée par un Occident qui s’est plus empressé de condamner la violation du territoire géorgien par l’armée russe que le déclenchement de la guerre par Mikhaïl Saakachvili.

Ce dernier, lors de sa rencontre avec Condoleeza Rice à Tbilissi, a annoncé qu’il avait signé le cessez-le-feu « avec l’occupant russe », ce qui ne devait nullement signifier que la Géorgie renonçait à l’Abkhazie et à l’Ossétie du sud. Dans un discours qui accablait Moscou, il allait même jusqu’à jeter une responsabilité des évènements sur l’Occident, puisque ce dernier avait récemment refusé à la Géorgie le processus d’intégration à l’OTAN.


Sur le terrain : un bilan humanitaire préoccupant

Alors que la rhétorique se durcit entre les deux grandes puissances qui soutiennent les acteurs caucasiens, la situation sur le terrain n’est pas rassurante malgré l’avancée du plan de paix. Ces derniers jours, la région environnant la zone de conflit était en proie au chaos et aux exactions de criminels armés. Les médias russes montrent des bandits géorgiens pillant des villages ossètes, les médias occidentaux des miliciens ossètes commettant toute sorte d’exactions en Kartlie. Le média britannique Skynews rapportait même qu’une de ses équipes s’est faite racketter à Gori.

Les organisations humanitaires et des droits de l’homme, qui depuis l’acceptation du plan de paix le 13 août peuvent opérer dans les régions touchées par la guerre, font état d’une situation humanitaire préoccupante. Non seulement la sécurité est quasiment nulle là où la guerre a fait rage, mais cette dernière a créé des cohortes de personnes déplacées. Les chiffres sont difficiles à établir, mais il semble que quelques 40 000 habitants de Gori ont fui vers Tbilissi ; 15 000 Géorgiens habitant des villages d’Ossétie du Sud ont dû abandonner leurs maisons avec la victoire de l’armée russe et se trouvent actuellement dans la capitale géorgienne. En Géorgie occidentale, quelques 3000 habitants de la vallée de la Kodori prise par les Abkhazes se sont réfugiés à l’intérieur du pays, de même qu’un nombre incertain de Mingréliens habitant la région qui borde l’Abkhazie. Si les autorités géorgiennes s’efforcent de placer ces personnes dans des cliniques, des écoles ou des sanatoriums, les moyens mis en place pour les aider sont largement insuffisants.

Côté ossète, on estime à 30 000 environs le nombre de personnes ayant cherché refuge en Ossétie du Nord (Fédération de Russie), soit près de la moitié de la population de la république séparatiste. Les moyens mis en places pour les aider seraient également fort précaires, alors qu’une grande partie du territoire de l’Ossétie du Sud est encore en état d’insécurité maximale et interdit tout retour des déplacés.

Quant à un bilan humain de la guerre, il semble encore trop tôt pour en établir un. La Russie a parlé de 1600 victimes civiles parmi les Ossètes tombés principalement le jour de l’offensive géorgienne. L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch, qui tente actuellement d’évaluer les pertes humaines, pense cependant que ce chiffre est largement exagéré. La Géorgie déclare quant à elle 175 morts et des centaines de blessés, dont l’immense majorité seraient des civils. L’état-major russe a déclaré 74 morts parmi ses soldats, plus 19 disparus et 171 blessés.

Alors que l’heure est au premier bilan, des informations contradictoires ne cessent de circuler sur la situation militaire en Géorgie et en Ossétie du Sud. Tbilissi accuse Moscou de continuer des manœuvres militaires et d’organiser une destruction systématique des infrastructures militaires géorgiennes. Aux alentours de Gori, un convoi militaire russe menant des opérations de descriptions a été observé jeudi et vendredi 15 août par des journalistes d’AP et d’AFP. Le contrôle de Gori a été à plusieurs reprises alternativement attribué aux forces russes et à la police géorgienne, les deux camps revenant parfois sur leurs déclarations. Il semblerait qu'en réalité, la ville soit encore sous contrôle russe, comme le montrent les images d'un convoi humanitaire accompagné du patriarche de l'église géorgienne Ilia II.

La situation sur le terrain est confuse et chaotique, ce qui n'est pas sans ouvrir le champ aux arguments diplomatiques, aux supputations et aux menaces. Depuis Tbilissi, Condoleeza Rice a de nouveau ordonné aux autorités russes de retirer leurs forces armées du territoire géorgien.

mercredi 13 août 2008

La Géorgie accepte à un point près le plan de paix présenté par Nicolas Sarkozy


©REUTERS/David Mdzinarishvili

Le président français Nicolas Sarkozy, représentant la présidence de la France à l’Union Européenne, s’est rendu à Tbilissi le 12 août en fin de journée, après avoir obtenu à Moscou l’acceptation russe d’un plan de paix en six points. Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili acceptait à son tour ce dernier plan, en émettant toutefois quelques réserves.

Le sixième point du plan a notamment été rejeté ; il stipulait que des négociations seraient ouvertes sur le statut des républiques séparatistes. Selon le président géorgien, ce dernier point était ambigu et laissait libre cours à différentes interprétations, dont certaines pouvaient remettre en cause l’intégrité territoriale de la Géorgie qu’il considère inaliénable.

Les cinq autres points ont été acceptés comme tels :

-Non utilisation de la force par toutes les parties engagées : Géorgiens, Russes, Ossètes, Abkhazes.
-Cessation des hostilités ; ce point est provisoire mais devra être rendu permanent, selon Nicolas Sarkozy
-Libre accès aux zones de combats pour l’aide humanitaire et réponse aux besoins des personnes déplacées
-Côté géorgien, retour des forces armées aux positions initiales, dans leur zone habituelle de cantonnement. Les Russes doivent quant à eux retirer leurs troupes de la région. Ceci s’applique aux forces supplémentaires amenées par les Russes après le déclenchement des hostilités, les forces du maintien de la paix russes resteront quant à elles dans la région, du moins pour le moment
-Les forces du maintien de la paix russes prendront toutes les mesures de sécurité nécessaires avant la mise en place des mécanismes internationaux. Le président géorgien a interprété ce point comme une assurance que l’opération de maintien de la paix dans la région sera internationalisée.

Nicolas Sarkozy aurait eu plusieurs entretiens téléphoniques avec son homologue russe durant son entrevue avec Mikhaïl Saakachvili, et Dimitri Medvedev aurait accepté l’écartement du sixième point. « J’ai l’accord de tous les protagonistes », a assuré le président français. Les deux camps n’ont toutefois pas encore signé le document, qui sera présenté au conseil des ministres de l’Union Européenne à Bruxelles, avant d’être proposé comme « texte-cadre » pour une résolution de l’ONU.

Bien que le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, ait affirmé que les perspectives d’adhésion de la Géorgie à l’Alliance Atlantique sont maintenues, on peut s’interroger sur le réel crédit que la communauté internationale laisse au régime de Mikhaïl Saakachvili après qu’il ait frisé une catastrophe militaire et diplomatique.

Faisant un bilan de cette guerre de 5 jours, l’entourage de Nicolas Sarkozy a affirmé que le président géorgien a « joué et perdu », étant « tombé dans un piège grossier » en lançant son offensive en Ossétie du Sud.

La Maison Blanche, qui soutient toujours son allié géorgien, tente quant à elle de sanctionner la Russie pour son intervention militaire en Géorgie. Condoleeza Rice, la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, a déclaré que Moscou avait mis en péril l’intégration de la Russie aux structures internationales. Washington a en outre annulé un exercice militaire russo-américain qui devait être exécuté dans la mer du Japon du 15 au 23 août.


Les leaders des Pays Baltes, de la Pologne et de l’Ukraine, alliés à la Géorgie depuis plusieurs années dans son opposition au Kremlin, ont quant à eux appelé l’Occident à un plus fort soutien à Tbilissi, où ils se sont rendus le 12 août.


Sur le terrain, il semble que les hostilités soient en voie de cessation complète, alors que les forces russes se sont retirées du port de Poti dans la nuit du 12 au 13 août, non sans avoir coulé plusieurs navires géorgiens. Par ailleurs, aucune altercation majeure n’a apparemment eu lieu cette nuit là, malgré quelques tirs recensés aux alentours de la zone de conflit d’Ossétie du Sud.

La Géorgie et la Russie ont toutes deux proclamé la journée du 13 août « jour de deuil » pour les victimes du conflit, alors qu’elles proclamaient séparément un cessez-le-feu.

mardi 12 août 2008

Nicolas Sarkozy obtient de Dimitri Medvedv la signature d'un "plan de paix" en 6 points


©REUTERS/Misha Japaridze/Pool

Le président français Nicolas Sarkozy s'est rendu à Moscou le 12 août, au nom de la présidence de la France à l'Union Européenne. Il proposait à son homologue russe Dimitri Medvedev un plan de paix en Géorgie, provisoire. En voici les 6 points :

-Un cessez-le-feu, ne pas recourir à la force
- Mettre un terme aux opérations militaires
- Mise en place d’un corridor humanitaire pour permettre de venir en aide aux victimes civiles en Ossétie du Sud.
- Retour des forces géorgiennes à leur cantonnement initial
- Retour des forces russes à leurs positions d’avant le lancement des hostilités
- Ouverture de négociations internationales sur le statut des républiques séparatistes. La décision sur le sort de ces dernières est donc remise à plus tard

Dimitri Medvedev a accepté ce plan de paix. La Russie reconnaît par ailleurs la souveraineté de la Géorgie, alors que Dimitri Medvedev a confirmé que la Russie ne comptait pas rester sur son territoire. Selon le président russe, tout dépend actuellement de Tbilissi.

Au soir du 12 août, Nicolas Sarkozy se rend à Tbilissi pour présenter le plan de paix et convaincre le président géorgien Mikhaïl Saakachvili d’y sous signer.

lundi 11 août 2008

L'armée russe envahit le territoire géorgien au-delà des républiques séparatistes


©REUTERS/Vasily Fedosenko










Nouvelle escalade dans la guerre en Géorgie : l’après-midi du 11 août, alors que l’armée géorgienne, selon le ministère de la défense russe, aurait lancé offensive par hélicoptère sur Tskhinvali, le Ministère de l’Intérieur géorgien déclarait que l’armée de terre russe franchissait la frontière abkhazo-géorgienne pour pénétrer en Mingrélie, en Géorgie occidentale.

Après s’être emparées de la ville évacuée de Zougdidi, les forces russes avancent en direction de Sénaki, en position avancée à l’intérieur du territoire géorgien.

En Ossétie du Sud également, des blindés russes ont franchi la frontière pour marcher en direction de la ville de Gori, où les deux armées se livreraient actuellement bataille.

L’armée géorgienne a par ailleurs annoncé se replier en direction de Tbilissi, après avoir apparemment renouvelé des attaques sur l’Ossétie du Sud.

Les pays occidentaux appellent la Russie à un cessez-le-feu immédiat, mais cette dernière a accusé la Géorgie de ne pas avoir observé le cessez-le-feu qu’elle-même proposait. Simultanément, les représentations internationales font évacuer leurs ressortissants de Tbilissi.

Le double mouvement de l’armée russe, qui pénètre en territoire géorgien sur les deux fronts à la fois, marque le début d’une réelle invasion de la Géorgie par la Russie qui semble bien décidée à atteindre Tbilissi.
Le Président Saakachvili a déclaré, dans son adresse à la Nation : "Nous défendrons notre liberté, notre patrie, jusqu'à la dernière goutte de sang"

Catastrophe humanitaire en Ossétie du Sud : Blessés, Morts et Réfugiés

© Spiegel Online, Réfugiés ossètes








©Sipegel Online, Char russe à Tskhinvali


© Spiegel Online, Colonne de réfugiés ossètes





©REUTERS/Denis Sinyakov Les Ossètes évacuent Tskhinvali le 10 août
©REUTERS/Said Tsarnayev, réfuigée Ossète à Djava en Ossétie du Sud








©REUTERS/Denis Sinyakov, soldat mort dans les rues de Tskhinvali







©REUTERS/Denis Sinyakov, Ossètes réfugiés dans une école à Tskhinvali