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mardi 2 mars 2010

Roustavi, ville du métal sortie de la steppe


La ville de Roustavi, à une dizaine de kilomètres à peine au sud de Tbilissi (environ 115 000 habitants), a été sortie du néant dans une région inhabitée entre 1941 et 1950, dans le cadre de l'industrialisation accélérée de Staline à cette époque.

Centre industriel massif, principalement de métallurgie, la ville a été peuplée d'émigrés ouvriers de toute la Géorgie, surtout de Géorgie occidentale, jusqu'alors encore rurale, pauvre et surpeuplée.

Bien placée sur la route Tbilissi-Bakou, elle avait pour but de transformer le minerai de fer acheminé d'Azerbaïdjan. Ville industrielle majeure de Géorgie, contrastant fortement avec l'antique cité de Tbilissi voisine et avec un pays massivement rural, elle n'en contient pas moins des aspects fascinants.

Son centre est un prototype d'élégante architecture stalinienne néo-classique, construit en grande partie par des prisonniers de guerre allemand. L'immense théâtre notamment est un chef d'oeuvre de néo-clacissisme soviétique.


La ville s'est développée quasiment sur une route de part et d'autre de la rivière Koura, échelonnant de manière très visible tous les modèles d'architecture soviétique de 1941 à 1991.

Les usines tombées en désuétude après l'effondrement de l'Union Soviétique, notamment en raison de la désintégration du système de production et de distribution de l'Union, les années 1990 ont été sévères pour Roustavi. La population est passée de 160 000 à 115 000 habitants, avec plus de 60% de chômage.

Depuis, la ville fonctionne en partie comme une banlieue lointaine de Tbilissi ; les marchroutkas pour s'y rendre, ces taxis collectifs, sont nombreuses et ne coûtent qu'1 Lari. Bien des Roustaviens travaillent dans la capitale et font le trajet, qui ne prend qu'1/2 heure - 45 minutes, guère plus que Tbilissi-centre vers certaines banlieues.

Le nouveau régime géorgien a depuis 2006 entamé une rénovation des principales infrastructures de la ville, en asphaltant les rues, repeignant les façades des immeubles donnant sur la rue principale et en retapant les bâtiments publics décrépissant.

Si, typique des politiques urbaines actuelles, la nouvelle peinture s'est arrêtée à la façade visible depuis la route, l'initiative a au moins réhabilité le nécessaire, et la ville semble un peu moins grise qu'auparavant.

(*Photo de Ruby)

Certaines activités économiques ont été transférées de Tbilissi à Roustavi, notamment l'immense marché au voiture. Ces dernières années, les magasins se sont multipliés.

Roustavi possède aussi l'un des ensembles folkloriques les plus connus de Géorgie, "Roustavi" ; c'est là encore que se trouve le circuit automobile où les Tbilissiens apprennent à conduire et passent leur permis (en intérieur, donc, sans aucune expérience de la circulation urbaine!).

Etonnante ville à la fois vétuste et futuriste, sortie de la steppe qui débouche sur l'Azerbaïdjan, la préfecture de Kvémo Kartlie offre un spectacle visuel fort en contrastes.

Et contient plus d'une surprise, comme l'initiative de construction de mini-églises (la ville n'en a pas une grande, alors que l'église orthodoxe construit abondamment à Tbilissi) qui paraissent d'autant plus bonsaï qu'elles sont encerclées par les tours...

Et, semble-t-il, le long de sa rue principale, sur environ 1km tout au moins, flambant neuve, l'unique piste cyclable de Géorgie...


Photos : Nicolas Landru (sauf *)

mardi 23 février 2010

Tsalka, où la pommes de terre vaut de l'or


La région de Tsalka est l'une des plus improbables de Géorgie. A à peine 70km de Tbilissi, sur les hauts plateaux volcaniques du Petit Caucase, Tsalka est pourtant l'une des villes les plus isolées du pays.



A l'époque soviétique, c'était l'une des régions agricoles les plus prospères de l'URSS. Ses pommes de terres étaient parmi les plus fameuses de l'Union. Mais avec la désintégration du territoire géorgien au début des années 1990, des années d'absence de l'Etat, de règne de seigneurs de la guerre et de mafieux, la région s'est retrouvée entièrement isolée.



Sur son haut plateau entre 1500 et 2700 mètres d'altitude, la région a vu ses routes rapidement devenir des tourbiers. De plus, c'est l'une des régions du pays qui a connu les plus grands bouleversements démographiques. La région était peuplée, avant l'effondrement du pays, d'une majorité de Grecs et d'une minorité d'Arméniens.



Paupérisés et tentés par l'ouverture des frontières de la Grèce à tous les membres de sa diaspora, les Grecs sont quasiment tous partis, laissant ville et villages abandonnés. Les Arméniens se sont retrouvés en majorité. Enfin, fin des années 1990 jusqu'en 2005, des Géorgiens victimes de catastrophes écologiques ont été relocalisés ici.

Le mystère des pommes de terres

Un dimanche de février, jour de marché à Tsalka, fin d'après-midi. Nous partons de Tbilissi et poursuivons notre route, dans une BMW immatriculée à Tbilissi, jusqu'à la ville de montagne reculée. Les Tbilissiens n'ont bien sûr qu'une idée en tête : acheter des pommes de terres moitié moins cher que dans la capitale. Après tout, nous sommes au paradis de ce féculent, là où il est le meilleur dans toute la région et peut-être même au-delà.

Au fur et à mesure que nous interrogeons les autochtones, le doute s'empare de nous. Que ce soient les quelques passant, souvent des femmes apparemment grecques ou arméniennes puisqu'elles ne comprennent pas le Géorgien, les pompistes ou le tenancier de l'unique magasin de la rue principale, des Adjares ou des Svanes, encore les quelques personnes croisées sur la route, visiblement des paysans eux-mêmes probablement cultivateurs de pommes de terre, la réaction est la même.

"Où peut-on acheter des pommes de terre?" entraine une réponse hâtive, réticente et peu naturelle : "Non, non" ou "Sais pas" ou simplement un signe de la main indiquant le non catégorique, qui contraste avec la sympathie du premier abord.

Au pays de la patate, pas moyen d'en acheter une seule, même à prix d'or.

Nous repartons bredouille, et nous disons que ces gens, loin d'ignorer où acheter des pomme de terre, refusaient de nous dire. Peut-être même, avaient peur. Une dizaine de kilomètres après avoir entamé la descente du plateau, nous croisons un camion en panne que nous avions déjà vu à l'aller. Plein à craquer de sacs de pommes de terre de 60 kilos. Nous demandons aux camionneurs de nous en vendre un. Aucun problème, cela leur fait un peu d'argent de poche. Moitié prix des marchés de Tbilissi. Nous demandons où ils se les sont procurées. "A Tsalka, pardi, où, sinon?"

Une seule explication parait envisageable. Le marché fonctionne ainsi : des grossistes achètent les pommes de terre à bas prix aux cultivateurs ou à de plus petits vendeurs de Tsalka pour les marchés de Tbilissi, et interdisent aux autochtones de vendre aux particulier. En somme, une version capitaliste du système kolkhozien qui existait ici à l'époque soviétique.

Redescendu dans la vallée, je parle de cette histoire. Et entends parler de quelqu'un qui, en Mingrélie, a essayé il y a quelques années de monter une vente d'herbes fines qu'il cultivait à des particulier. Et que l'entreprise n'avait pas pu se faire parce que la mafia locale interdisait de vendre à d'autres qu'à elle.

A Tsalka, l'effondrement de l'Union Soviétique aura changé bien des données, dans les données démographiques, en ce qui concerne l'état des infrastructures. Mais le fonctionnement économique des temps anciens, lui, semble avoir persévérer. Sont-ce les mêmes, les anciens directeurs de Kolkhozes, qui ont toujours la mainmise sur la région?

Photos : Nicolas Landru

mardi 9 février 2010

Staline est parti de Tbilissi

Fresque de Staline au 105, Aghmachénébéli en 2008 ( Birgit Kuch)

Après avoir survécu à la déstalinisation, à la perestroïka et à la guerre civile, le Petit Père des Peuples, le plus célèbre des Géorgiens, aura succombé au réaménagement de Tbilissi entrepris par le gouvernement de Mikheïl Saakachvili. Dans le cadre du programme lancé par le maire de la capitale Guivi Ougoulava (du parti du président), intitulé "La nouvelle vie du vieux Tbilissi", l'avenue Aghmachénébéli (anciennement Plékhanov) est rénovée de fond en comble. Ce quartier d'architecture russe néo-classique du XIXème siècle, aux façades magnifiques mais en piteux état, va connaître les plus grands travaux d'assainissement de son histoire. Les bâtiments vont aussi être transformés, modernisés, certains vont gagner un étage.

"La nouvelle vie du vieux Tbilissi" (N.Landru)

Le rebrossage aura au passage donné au pouvoir l'occasion de démolir l'arche du numéro 105, où se trouvait jusqu'en 2009 un bas-relief de Staline rescapé des temps... Il s'agit de l'entrée secondaire d'un théâtre de marionnettes pour enfants ouvert dans les années 1930 ; la fresque représentait des enfants donnant des fleurs au Petit Père des Peuples...

105, Aghmachénébéli après destruction de l'arche (N.Landru)

Le régime actuel, pro-occidental et moderniste, ne porte guère d'admiration pour la période stalinienne et doit être plutôt ravi de se débarrasser de ses traces encombrantes. Dans la capitale tout du moins, car à Gori, ville natale du dictateur, ce sera une autre affaire que d'enlever les effigies de Joseph Djougachvili sans heurter la population éprise de son fils prodigue...

Place Staline à Gori (N.Landru)

mardi 10 mars 2009

Perdue ou gagnée ? Akhalgori, Géorgie – Léningor, Ossétie du Sud (Article caucaz.com)

Par Nicolas LANDRU à Akhalgori/Leipzig
Paru dans caucaz.com le 24/01/2009


La région d'Akhalgori, appelée par les Ossètes de son nom soviétique Léningor, était la seule de l'ancien Territoire Autonome d'Ossétie du Sud de l’URSS a avoir été épargnée par le conflit du début des années 1990 entre Géorgiens et Ossètes. Elle est restée sous le contrôle indiscuté de la Géorgie. Après la guerre d'août 2008 et la débâcle de l'armée géorgienne, des milices sud ossètes en ont pris le contrôle, forçant la police géorgienne à se retirer et une bonne partie des habitants Géorgiens à l'exil.


Le district d’Akhalgori s’étend sur les contreforts du Grand Caucase, dans la haute vallée du Ksani, rivière qui se jette dans la Koura en amont de Mtskheta. Physiquement séparé du reste de l'Ossétie du sud par un massif montagneux et aisément reliée à la région de Mtskheta par la route, il était en majorité peuplé de Géorgiens avant le conflit de 1990-91.

Des Ossètes y vivaient également, surtout dans les villages au-dessus de la ville d’Akhalgori. Toutefois, même si le régime sud-ossète de Tskhinvali affirme que les Ossètes y ont été spoliés et forcés à l'émigration par les Géorgiens, surtout pendant la présidence de Zviad Gamsakhourdia en 1991, il semble que les deux communautés ont par la suite continué à y vivre dans une relative harmonie.

1990-2008 : une région à l’écart du conflit séparatiste

Isolé de la capitale sud-ossète Tskhinvali et son ébullition politique, le district sud ossète d'Akhalgori n'a donc pas connu d'embrasement armé. Il est resté sous contrôle du gouvernement géorgien et a été incorporé à la région administrative de Mtskheta-Mtianeti. De la sorte, le gouvernement géorgien lui scellait un destin détaché du reste de l’Ossétie du Sud : les zones du Territoire Autonome d’Ossétie du Sud ayant fait l’objet de combats et étant restés sous contrôle géorgien jusqu’en août 2008 ont été incorporés à la région administrative de Gori, la Chida Kartlie. Mais Akhalgori devait tout simplement oublier son passé au sein du Territoire Autonome et s’intégrer normalement dans le nouvel Etat.

Les années 1990-2000 devaient être plutôt propices au district, qui s’est trouvé à l’abri des multiples altercations entre forces géorgiennes et milices sud ossètes. L'usine de bière Lomissi, l’une des trois plus grandes de Géorgie, fournissait des emplois à la majorité de la ville d’Akhalgori (6000 habitants). Le reste du district, rural et montagneux, a vécu comme la plupart des régions géorgiennes d'agriculture basique.

Le gouvernement géorgien avait même réparé la route menant de Mtskheta à Akhalgori en 2007-2008, intégrant un peu plus avant le district aux infrastructures géorgiennes. L'attraction touristique d'Akhalgori, le palais médiéval des Princes du Ksani (parmi les plus puissants princes géorgiens aux X-XIIème siècles, restés importants jusqu'au XIXème), également musée d'histoire et d'art, était en train de devenir une destination appréciée des Tbilissiens, pour les excursions scolaires par exemple.

La guerre d’août 2008 : le prix de la contre-attaque

Mais en août 2008, l’attaque des troupes géorgiennes sur Tskhinvali et les régions sud ossètes sous contrôle du gouvernement séparatiste, immédiatement suivie d’une fulgurante contre-attaque russe, a sonné le glas de cette relative tranquillité. Cette région qui avait traversé les heures les plus sombres de l'histoire récente du pays sans de blessure majeure a été prise dans la tourmente de la déroute de l’armée géorgienne.

Fortes de la victoire russe en Ossétie du Sud et en Chida Kartlie, des milices sud ossètes ont "passé la montagne" par le col menant à Tskhinvali, uniquement franchissable en 4x4, et ont chassé la police géorgienne qui stationnait à Akhalgori. L'armée géorgienne, qui avait de toute façon abandonné ses positions en Géorgie centrale pour se replier autour de Tbilissi, n'était pas stationnée dans le district. Un check point est à présent installé quelques kilomètres au sud d'Akhalgori, entérinant le contrôle ossète du district et la perte de celui-ci pour la Géorgie.

Tbilissi accuse l'armée russe d'avoir aidé les milices sud ossètes à prendre position à Akhalgori et participé au nettoyage ethnique. Selon la Géorgie, des unités de l’armée Russe y seraient toujours stationnées. En octobre, l’OSCE confirmait le retrait des troupes russes des régions géorgiennes autour de l’Ossétie du Sud, mais dénonçait leur maintien à Akhalgori.

Akhalgori définitivement perdue pour la Géorgie ?

Les Géorgiens voient une intention des Russes d’incorporer Akhalgori au reste du territoire séparatiste sud ossète. Le projet déclaré de construire une route reliant Tskhinvali et Akhalgori, qui ne peut se réaliser qu'avec une assistance technique russe, est en tête des chefs d'accusation de Tbilissi à l'encontre de Moscou.

Militairement vaincue, la Géorgie a en effet peu de chances de recouvrer le district, à moins que celui-ci ne fasse l’objet d’une contrepartie lors de négociations entre les protagonistes. Le fond de la vallée étant un cul-de-sac, la région d’Akhalgori ne représente pas d’intérêt stratégique très important, pas plus qu’économique. Les institutions et infrastructures de la république séparatiste n’y sont pas installées et le nombre d’Ossètes y vivant est assez restreint. Il ne serait donc pas impossible, dans des négociations qui ne seraient pas entièrement défavorables à la Géorgie, qu’Akhalgori représente pour le parti osséto-russe une monnaie d’échange, plus qu’un but territorial en soi.

Loin de cette hypothèse, le contrôle osséto-russe est cependant bien établi à Akhalgori. Le 27 novembre 2008, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili tentait d'emmener son hôte le président Polonais Lech Kaczynski à Akhalgori, malgré le check point. Mais cette sombre affaire s'est terminée en un demi-tour, le parti géorgien affirmant qu'on avait tiré sur la voiture transportant les présidents, les autorités sud ossètes niant ces accusations et le président polonais devant faire face à un scandale dans son pays, pour s'être exposé sans mesures de sécurité dans une entreprise non prévue à son agenda et peu en règle avec les usages d'un président en visite.

A côté de cet étrange épisode, Tbilissi a sommé Moscou à plusieurs reprises d’évacuer le district d’Akhalgori. Pour l’heure, le gouvernement géorgien ne peut guère faire plus face à la mainmise osséto-russe sur la région que des sommations sans moyens de coercition ou des tentatives d’attirer l’attention de la communauté internationale.

Une population menacée

Un bon nombre des habitants ethniquement géorgiens d'Akhaglori a été chassée par les milices ossètes ou s’est enfui dans le courant du mois d’août pour trouver refuge à Tbilissi ou dans d'autres camps de Géorgiens déplacés d'Ossétie du Sud après la guerre.

Fin novembre, l’organisation des Droits de l’Homme Human Rights Watch signalait des exactions des milices ossètes sur les Géorgiens « ethniques » à Akhalgori. Spoliations, pillages, agressions physiques, la population semble à la merci de bandes armées. Les enquêteurs ont aussi donné le chiffre de 136 écoliers restant sur 236 dans une école de la ville, ce qui peut donner une idée du nombre de personnes ayant fui leurs foyers. Human Rights Watch a exhorté la Russie, en tant que pouvoir d’occupation, à veiller à la cessation de ces exactions.

Hormis quelques enquêtes d’organisations des Droits de l’Homme, il est encore très difficile d'établir précisément ce qui s'est passé et se passe à Akhalgori depuis que les milices sud-ossètes en ont pris le contrôle. Il est en tous cas certain qu'il y a eu un exode assez important des populations géorgiennes, qui constituaient la grande majorité du district avant la guerre, et que les activités préalables que connaissait la ville ont en grande partie été interrompues. « Léningor » est de nouveau en Ossétie du Sud, sans que les projets des nouveaux maîtres des lieux concernant le district et la ville ne soient clairs.

mardi 19 août 2008

Attitudes contradictoires de la Russie sur la question du retrait de ses troupes de Géorgie


©REUTERS/Umit Bektas

Le président de la Fédération de Russie Dimitri Medvedev avait assuré le président français Nicolas Sarkozy que les troupes russes entameraient leur retrait du territoire géorgien lundi 18 août à midi. Alors que dans les jours précédents, les russes avaient déjà vaguement parlé de retrait sans concrétiser, Moscou annonçait le départ de ses troupes lundi après-midi. Mais ni les observateurs étrangers ni les autorités géorgiennes ne constataient le moindre départ.

Bien au contraire, des troupes russes défiaient plusieurs fois l’autorité de la police géorgienne dans la journée du 18 août. A Igoéti, à 30km de Tbilissi sur le route venant de Gori, un détachement de blindés russes enfonçait un barrage de police géorgienne et s’avançait plus avant vers la capitale géorgienne. Plusieurs autres incidents se produisaient dans la foulée, un militaire russe a notamment un policier géorgien qui barrait la route à son détachement.

En Géorgie occidentale, les troupes russes semblent plus que jamais tenir leurs positions à Poti et Sénaki et semblent poursuivre leurs actions de destruction des infrastructures militaires géorgiennes. Un journaliste de l’AFP observait des mouvements depuis la base géorgienne occupée de Teklati vers l’Abkhazie, mais aussi en sens inverse.

En revanche, un premier signe de mouvement se produisait à Gori mardi 19 août en début d’après-midi, alors qu’une colonne de blindés se retirait en direction de Vladikavkaz en Ossétie du Nord (Russie). Mais les positions russes à Igoéti, plus proches de Tbilissi, semblent quant à elles avoir été renforcées en début de journée.

Alors que le président russe Dimitri Medvedev, qui avait tout d’abord annoncé un retrait lundi, réitérait ce jour-là pendant sa visite en Ossétie du Nord que la Géorgie serait punie pour ce qu’elle a fait, l’armée russe déclarait mardi qu’elle ne se retirait pas parce que selon elle, la Géorgie aurait violé l’accord de cessez-le-feu en restaurant des « capacités de combat ».

Actes et déclarations russes se suivent et se contredisent, tantôt laissant entrevoir un début de retrait, tantôt l’inverse. Il n’est pas non plus assuré que la prise de décision soit une en Russie et que l’armée suive entièrement les décisions du président Medvedev. L’homme fort du pays, le Premier Ministre Vladimir Poutine, est quant à lui resté discret ces derniers jours, sans trancher entre les attitudes de l’armée et les déclarations internationales du président.

Sur le terrain, l’échange de prisonniers entre Russes et Géorgiens mardi 19 août semblaient annoncer une détente, mais là encore, ce signe était contredit dans la foulée par une déclaration du ministère de la défense géorgienne selon laquelle des soldats géorgiens avaient été faits prisonniers à Poti.

En tous les cas, rien n’indique pour l’heure si la 4ème armée du monde a entamé un réel retrait du territoire géorgien.

L’Occident hausse encore le ton face à la Russie

Une réunion extraordinaire de l’OTAN s’est tenue mardi 19 août à Bruxelles sur décision des 26 ministres des affaires étrangères des Etats membres et à la demande des Etats-Unis. La structure atlantique visait à apporter son soutien à la Géorgie et à formuler pressions et menaces sur la Russie pour qu’elle exécute son retrait.

L’OTAN a réaffirmé son soutien inconditionnel à l’intégrité territoriale de la Géorgie et a fortement enjoint la Russie à respecter ses engagements. Le secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hoop Scheffer a déclaré qu’aucun Conseil OTAN-Russie ne sera tenue tant que le territoire géorgien sera occupé, sans cependant remettre en cause l’existence de ce conseil. Les ministres des affaires étrangères décidaient par ailleurs qu’une commission OTAN-Géorgie allait être créée, sur le modèle de la commission OTAN-Ukraine. Une telle commission vise à renforcer les liens entre la structure atlantique et la Géorgie.

La secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice déclarait clairement lors de cette rencontre que l’Ukraine et la Géorgie deviendront des membres de l’OTAN. Cette déclaration représente une menace directe aux intérêts russes qui s’opposent à l’intégration atlantique de ces deux pays et entérinent une escalade supplémentaire dans l’affrontement américano-russe à travers la guerre de Géorgie.

lundi 18 août 2008

Les forces russes sont-elles vraiment sur le départ de Géorgie, comme l’annonce le Kremlin ?


©AFP - Natalia Kolesnikova, convoi russe

Alors que la Géorgie et la Russie ont toutes deux signé le plan de paix proposé par Nicolas Sarkozy, la diplomatie comme la situation sur le terrain sont toujours dans l’impasse 10 jours après le commencement du conflit.

L’occupation russe se prolonge

L’armée russe continue d’occuper des positions significatives en Géorgie, cependant que les dirigeants russes, ces derniers jours, tergiversaient sur la question d’un retrait. La ville de Gori, à quelques kilomètres de la zone de conflit sud ossète, est clairement investie par l’armée russe. Le général russe qui commande la position à Gori, Viatchislav Borisov, semble même investir son rôle comme si la ville était en territoire russe. Ce week-end, il s’affichait à l’église aux côtés des habitants qui n’ont pas fui à Tbilissi ; il recevait un convoi humanitaire dirigé par le patriarche de l’église orthodoxe géorgienne comme s’il lui rendait visite. « Nous avons pour mission de garder la paix », indique le général aux journalistes internationaux.

Les déclarations du Kremlin à ce sujet restent généralement vagues ; il a été question tour à tour d’évacuer les troupes, de rester pour des raisons de sécurité, puis de retirer les troupes de combat pour faire place à des gardiens de la paix russe. Alors que Dimitri Medvedev a annoncé un retrait des troupes pour lundi 18 à midi, les militaires de Gori ne parlent d’aucune prévision d’évacuation. La situation est moins claire encore en Géorgie occidentale, beaucoup moins au centre des caméras du monde entier et dont la Géorgie orientale et Tbilissi sont coupées par l’occupation de Gori et la destruction des infrastructures par les russes. La Mingrélie, dont les villes stratégiques de Poti, Sénaki et Zougdidi sont toujours occupées et aucun signe ne laisse entrevoir un retrait imminent. Les russes ont également pris le contrôle de la centrale hydroélectrique de la rivière Ingouri, « pour la sécurité de l’approvisionnement en électricité de l’Abkhazie et de la Géorgie ».

Ces derniers jours, les militaires russes ont mené une série d’opération visant à détruire les infrastructures géorgiennes. Ils ont fait sauter la principale ligne de chemin de fer Tbilissi-Batoumi ; la route principale Tbilissi-Batoumi est quasiment impraticable et gardée par des chars russes au niveau de Gori, le pays étant par là même coupé en deux. Ce dernier point est d’ailleurs fort préoccupant pour la santé du pays, alors que les importations turques, jusqu’alors capitales dans l’économie géorgienne, ne peuvent être acheminées à Tbilissi. Farine, denrées alimentaires, vêtements, des produits capitaux pourraient rapidement venir à manquer dans la capitale, alors qu’ils manquent déjà dans des zones occupées comme la ville de Gori.Le matériel géorgien militaire et policier des zones occupées, souvent américain et de bien meilleure qualité que l’équipement russe, a quant à lui été en grande partie subtilisée, des chaussures de soldats aux machines de guerre.

De tels signes laissent à penser que les forces russes cherchent à endommager le plus possible non seulement la force militaire, mais aussi les infrastructures et l’économie de la Géorgie avant d’envisager un retrait réel. Quant à leur maîtrise des régions séparatistes, elle est à présent totale, puisque la dernière enclave géorgienne en Abkhazie a été prise et que tous les Géorgiens qui vivaient en Ossétie du sud ont été chassés en même temps que les soldats qui tenaient les zones où ils vivaient. Qu’il découle d’un ordre officiel ou de la décision d’un soldat, le fait que des journalistes internationaux aient été refoulés au check point d’Ossétie du Sud parce qu’ils n’avaient pas de visas russes est révélateur.

En tous les cas, la situation pour la Géorgie empire de jour en jour alors que le nombre de personnes déplacées s’évalue à présent à 88 000 personnes. La capitale Tbilissi tente tant bien que mal de gérer ce flot, avec l’aide des organisations humanitaires internationales. Quant aux zones où la guerre a fait rage, qui sont plus où moins sous contrôle russe à ce jour, elles connaissent une situation humanitaire particulièrement difficile. A Gori, on a pu observer des femmes se battant pour des paquets de riz délivrés par l’aide humanitaire. Des bandes armées, qui sont apparemment des groupes paramilitaires nord caucasiens dans la plupart des cas, ont été recensées pillant des villages en Géorgie en en Ossétie du Sud. Dans cette dernière zone, où l’acheminement de l’aide humanitaire est plus difficile qu’en Géorgie proprement dite, la présence de l’armée russe ne semble pas assurer de sécurité. Beaucoup d’Ossètes ont quitté leurs villages et trouvé refuge en Russie, en Ossétie du Nord ou en Kabardino-Balkirie. Des observateurs ont remarqué que leurs maisons ont fait l’objet d’un pillage systématique de groupes organisés venus du nord –notamment des Kabardes, des Tchétchènes ou des Ingouches semble-t-il.

L’Occident exige le départ des troupes russes

Alors que l’occupation russe semble bel et bien se prolonger au gré des tergiversations du Kremlin, le ton des Occidentaux est monté ce Week-End. La chancelière allemande Angela Merkel a demandé à Dimitri Medvedev un retrait immédiat des forces russes de Géorgie, lors de sa visite à Moscou. Le président français Nicolas Sarkozy a dimanche 17 août exigé de Medvedev un retrait lors d’une conversation téléphonique. Et la Maison Blanche poursuit ses menaces verbales sur le Kremlin.

Peut-être cette attitude peu transparente de la Russie commence-t-elle à jouer en sa défaveur auprès de la communauté internationale. Les conseillers d’Angela Merkel avaient annoncé qu’elle serait très critique envers Mikhaïl Saakachvili lorsqu’elle lui rendrait visite à Tbilissi. Mais lors de cette visite dimanche 17 août, elle réitérait surtout ses pressions sur le Kremlin et assurait au président géorgien que l’intégration de la Géorgie à l’OTAN était toujours à l’ordre du jour.

Le Kremlin a annoncé un retrait organisé pour le lundi 18 août à midi ; la porte-parole des autorités sud ossètes, Irina Gogloeva, a déjà assuré que la police ossète avait remplacé le commandement russe à Tskhinvali. Les forces géorgiennes reprendront-elles aussi rapidement le contrôle d’un territoire géorgien qu’elles ont en grande partie déserté sans combattre pour le prévenir d’une invasion ? Ni l’attitude de la Russie ces derniers jours ni même l’attitude du leadership géorgien, qui s’est enfermé dans une position passive d’attente intégrale d’une aide occidentale ne permettent de le dire.

lundi 11 août 2008

L'armée russe envahit le territoire géorgien au-delà des républiques séparatistes


©REUTERS/Vasily Fedosenko










Nouvelle escalade dans la guerre en Géorgie : l’après-midi du 11 août, alors que l’armée géorgienne, selon le ministère de la défense russe, aurait lancé offensive par hélicoptère sur Tskhinvali, le Ministère de l’Intérieur géorgien déclarait que l’armée de terre russe franchissait la frontière abkhazo-géorgienne pour pénétrer en Mingrélie, en Géorgie occidentale.

Après s’être emparées de la ville évacuée de Zougdidi, les forces russes avancent en direction de Sénaki, en position avancée à l’intérieur du territoire géorgien.

En Ossétie du Sud également, des blindés russes ont franchi la frontière pour marcher en direction de la ville de Gori, où les deux armées se livreraient actuellement bataille.

L’armée géorgienne a par ailleurs annoncé se replier en direction de Tbilissi, après avoir apparemment renouvelé des attaques sur l’Ossétie du Sud.

Les pays occidentaux appellent la Russie à un cessez-le-feu immédiat, mais cette dernière a accusé la Géorgie de ne pas avoir observé le cessez-le-feu qu’elle-même proposait. Simultanément, les représentations internationales font évacuer leurs ressortissants de Tbilissi.

Le double mouvement de l’armée russe, qui pénètre en territoire géorgien sur les deux fronts à la fois, marque le début d’une réelle invasion de la Géorgie par la Russie qui semble bien décidée à atteindre Tbilissi.
Le Président Saakachvili a déclaré, dans son adresse à la Nation : "Nous défendrons notre liberté, notre patrie, jusqu'à la dernière goutte de sang"

Catastrophe humanitaire en Ossétie du Sud : Blessés, Morts et Réfugiés

© Spiegel Online, Réfugiés ossètes








©Sipegel Online, Char russe à Tskhinvali


© Spiegel Online, Colonne de réfugiés ossètes





©REUTERS/Denis Sinyakov Les Ossètes évacuent Tskhinvali le 10 août
©REUTERS/Said Tsarnayev, réfuigée Ossète à Djava en Ossétie du Sud








©REUTERS/Denis Sinyakov, soldat mort dans les rues de Tskhinvali







©REUTERS/Denis Sinyakov, Ossètes réfugiés dans une école à Tskhinvali

samedi 9 août 2008

Embrasement de l’Ossétie du Sud : vers une guerre russo-géorgienne ?

Article paru dans caucaz.com, édition du 09/08/2008
Par Nicolas Landru à Voiron


©REUTERS/David Mdzinarishvili

Suite à l’offensive géorgienne de la nuit du 8 août 2008 sur la République Séparatiste d’Ossétie du Sud, cette partie du Caucase semble s’embraser. Après une demi-journée d’offensive éclair de l’armée géorgienne, laquelle avait emporté de nombreuses positions, la Russie est ostensiblement entrée dans les combats pour prêter main forte aux milices des séparatistes ossètes, mettant le conflit sur la voie d’une guerre russo-géogienne.

Des semaines de tensions entre la Géorgie et les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud avaient débouché sur plusieurs escarmouches mortelles entre milices sud ossètes et forces géorgiennes. Dans la nuit du 7 au 8 août, Tbilissi a lancé une attaque massive sur les positions ossètes aux alentours de la capitale séparatiste Tskhinvali.

Le 7 août en soirée, un représentant du Ministère de la Défense géorgien, Mamouka Kourachvili, déclarait que le camp ossète avait contrecarré la décision du président géorgien de prévoir un cessez-le-feu général en mitraillant un village géorgien. Par conséquent, selon lui, "le camp géorgien a décidé de restaurer l'ordre constitutionnel dans toute la région."

Le 8 août, vers 1heure du matin, soit quelques heures après que le président géorgien Mikhaïl Saakachvili ait proposé un cessez-le-feu général, l'armée géorgienne engageait des tirs sur les milices séparatistes dans la banlieue de la "capitale" sud ossète Tskhinvali. Puis elle lançait une opération d'envergure, au moyen de blindés, pour encercler la ville. Dans la matinée du 8 août, les forces géorgiennes semblaient s'être emparées de 8 villages ossètes et faisaient pression sur les quartiers périphériques de Tskhinvali.

Intervention russe

Dans la journée du 8 août, des colonnes de blindés russes franchissaient le tunnel de Roki qui sépare l’Ossétie du Nord de l’Ossétie du Sud, c’est à dire officiellement la Russie de la Géorgie.

Selon les autorités géorgiennes, des avions militaires russes auraient bombardé des points stratégiques en Géorgie, hors de la zone de conflit. Parmi ceux-ci, un poste de police était touché à Karéli ; plusieurs bombardements importants ont touché Gori, entraînant la mort d’un grand nombre de civils. En Géorgie occidentale, le port de Poti aurait subi d’importantes destructions et une base militaire à Sénaki a été touchée. En Géorgie orientale, l’aviation russe pilonnait la base militaire de Vaziani dans la banlieue de Tbilissi et un aérodrome militaire à Marnéouli, provoquant ainsi la mort de plusieurs personnes ; elle touchait aussi le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan à proximité. Des cibles civiles en différents endroits du pays ont à maintes reprises été évoquées. Les autorités parlent en outre de cyber-attaques sur la Géorgie, dont une partie du réseau internet a été coupé. Des sources d’informations et des sites officiels ont été visés. La Russie a contredit la plupart de ces informations, mais beaucoup d’entre elles ont été confirmées par des observateurs indépendants.

Dans la zone de conflit elle-même, les informations sur le déroulement des combats sont contradictoires selon les camps. Le 9 août au matin, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a affirmé que son armée contrôlait la majeure partie de l’Ossétie du Sud, dont la capitale Tskhinvali. Les autorités géorgiennes ont également déclaré que l’armée de l’air géorgienne avait abattu cinq avions russes, fait non confirmé côté russe. La porte-parole du gouvernement séparatiste, Irina Gogloeva, a quant à elle affirmé que la ville est sous contrôle ossète. Le Ministère de la Défense russe a également affirmé avoir emporté la contre-attaque et détruit les positions géorgiennes aux alentours de Tskhinvali. Il semble avéré des forces russes aient été parachutées à Tskhinvali et aient repris contrôle de la plus grande partie de la ville.

Urgence humanitaire

Il semble en tous cas certain que la majeure partie de ce territoire ait été désertée, alors que la capitale ossète est largement en ruine. Un journaliste de Reuters dit avoir vu des soldats géorgiens épuisés de retour entre Tskhinvali et Tbilissi, sur des routes désertes jonchées de tanks abandonnés.

Il semble qu’une large partie des habitants ait fui la zone des combats, en direction de l’Ossétie du Nord pour les Ossètes et en Géorgie intérieure pour les Géorgiens. A la veille de l’offensive géorgienne, les autorités sud ossètes avaient anticipé en évacuant quelques cinq cent personnes, majoritairement des enfants, en Ossétie du Nord.

D’après les sources disponibles, la situation humanitaire semble être très difficile sur le territoire sud ossète. Selon le Comité International de la Croix Rouge, les combats n’ont laissé aucune possibilité à la mise en place d’une aide humanitaire et Tskhinvali serait coupée de toute aide extérieure. L’hôpital de la ville aurait cessé de fonctionner et les ambulances ne pourraient pas accéder aux milliers de blessés. Le CICR appelle d’urgence à la création d’un couloir humanitaire.
Edouard Kokoity, le président de la République séparatiste, parle de 1600 morts côté sud ossète, des observateurs ont confirmé cet ordre de mesure. Le 9 août au matin, l’armée géorgienne fait état de 30 morts et les forces du maintien de la paix russe disent avoir perdu 15 de leurs soldats. L’atteinte de cibles civiles en divers points du territoire géorgien fait peser de lourdes inquiétudes sur une évolution dramatique des évènements, alors qu’aucune zone de la Géorgie n’est désormais à l’abri de bombardements.

Vers un régime de guerre

Les deux camps considèrent que l’autre a commis des actions équivalant à une déclaration de guerre et se rejettent mutuellement la responsabilité de l’escalade du conflit. La Russie en dénonçant l’attaque des Géorgiens sur ses forces du maintien de la paix et sur ses citoyens (une grande partie des Ossètes du sud ont un passeport russe). Le président Saakachvili a de son côté fustigé l’entrée de l’armée russe sur ce qui est officiellement le territoire géorgien, de fait contrôlé par les autorités séparatistes. Il a également dénoncé les bombardements qui selon lui ont été commis par l’aviation russe en Géorgie intérieure.

La détérioration du conflit s’est confirmée dans l’intervalle. Côté russe, Moscou affirmait le 8 août qu’elle maintiendrait ses gardiens de la paix en Ossétie du Sud, accusés par Tbilissi de combattre aux côtés des séparatistes. Puis le 9 août au matin, l’Etat-major russe déclarait qu’il s’apprêtait à renforcer ses effectifs dans la zone de conflit. Le président russe Dimitri Medvedev a également parlé d’un devoir d’actions punitives à l’encontre des « agresseurs » Géorgiens. Le président géorgien, enfin, décrétait le 9 au matin la loi martiale en Géorgie pour gérer le conflit.

Mikhaïl Saakachvili a par ailleurs rappelé les 2000 soldats géorgiens détachés en Irak pour venir servir sur le front. Il a également décrété la mobilisation totale de l’armée incluant les réservistes, une partie des hommes valides ayant effectué leur service militaire et désignés comme tels sur cette période. La journée du 8 août a vu des colonnes de régiments partant au front traverser les rues de Tbilissi ; des témoins déclarent même avoir vu des militaires venir chercher les appelés dans leurs foyers.

Dans le même temps, les autorités d’Ossétie du Nord ont formé des régiments de mercenaires volontaires désireux d’aller prêter main forte à leurs « frères » du sud. De 500 à quelques milliers d’hommes auraient ainsi rejoint les positions des milices séparatistes en Ossétie du Sud, accompagnant les colonnes de blindés russes.

Si la guerre en Ossétie du Sud commence à mettre en danger l’intérieur du territoire géorgien, elle risque également d’entraîner dans son sillon le conflit abkhaze, marqué lui aussi de violences au cours des dernières semaines. Les autorités séparatistes ont accusé la Géorgie d’avoir acheminé des troupes à la frontière, alors qu’elles entamaient le 8 août un déplacement massif de troupes dans cette direction.

Quel rôle la communauté internationale peut-elle jouer ?

L’offensive géorgienne a été lancée au petit matin de l’ouverture des Jeux Olympiques à Pékin, alors que les caméras du monde entier étaient braquées sur la Chine. Malgré tout, les médias mondiaux parlaient en Une, aux côtés de l’ouverture des jeux, d’une nouvelle guerre dans le Caucase entre le Goliath russe et le David géorgien. Dans la journée du 8 août, Mikhaïl Saakachvili appelait la communauté internationale à réagir pour stopper l’attaque russe qui pousserait la Géorgie à se replier sur un système d’autodéfense.

La diplomatie américaine s’est empressée de réitérer son soutien à l’intégrité territoriale de la Géorgie. Lors de l’offensive géorgienne, la diplomatie américaine, a sommé les milices ossètes de cesser leurs tirs. Après la contre-attaque russe, Condolezza Rice enjoignait à la Russie de retirer ses troupes du territoire géorgien et de stopper ses attaques aériennes. Malgré une rencontre furtive entre Vladimir Poutine et George Bush lors de la cérémonie d’ouverture des J.O. à Pékin, la Russie a catégoriquement refusé toute cessation de son déploiement militaire.

Cette double attitude a confirmé aux yeux des géopoliticiens le prisme d’un « conflit des grands » qui s’affronteraient dans le « pré carré » osséto-géorgien. En tous les cas, l’avortement des réunions du conseil de sécurité de l’ONU pour parvenir à une déclaration commune dévoile un important désaccord entre les deux puissances, plus fort à court terme que la volonté de faire cesser la tempête militaire.

Quant au reste de la communauté internationale, il a tardé à réagir, alors qu’en fin de la journée du 8 août les Etats européens, l’OTAN, l’UE ou le Conseil de l’Europe exigeait une cessation sans appel des hostilités. Les principales organisations internationales dépêcheront des émissaires sur place dans la journée du 9 août pour tenter de faire barrage au conflit et pour empêcher qu’il ne s’étende. Il semble cependant qui ni l’armée géorgienne, ni la Russie, ni les forces sud ossètes ne soient prêtes à obtempérer sur de simples appels à la paix. Et le risque d’un embrasement général de la région est de plus en plus à craindre.

vendredi 8 août 2008

Offensive géorgienne massive en Ossétie du Sud


© Nicolas Landru, rue de Tskhinvali

Après des semaines de tensions entre la Géorgie et les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, lesquelles ont débouché ces derniers derniers jours sur plusieurs escarmouches mortelles entre milices sud-Ossètes et forces géorgiennes, Tbilissi a lancé une attaque massive sur les positions ossètes aux alentours de la capitale séparatiste Tskhinvali dans la nuit du 7 au 8 août.

Le 7 août en fin d'après-midi, un représentant du Ministère de la Défense géorgien, Mamouka Kourachvili, déclarait que le camp ossète avait contredit la décision géorgienne de prévoir un cessez-le-feu général en mitraillant un village géorgien. Par conséquent, selon lui, "le camp géorgien a décidé de restaurer l'ordre constitutionnel dans toute la région."

Le 8 août, vers 1heure du matin selon les autorités ossètes, l'armée géorgienne a engagé des tirs sur les milices séparatistes dans la banlieue de la "capitale" Tskhinvali. Puis elle lançait une opération d'envegure, au moyen de blindés, pour encercler la ville. Selon les informations divulguées respectivement par les deux camps, 15 miliciens ossètes et 10 soldats géorgiens auraient été tués. Dans la matinée du 8 août, les forces géorgiennes semblent s'être emparées de 8 villages ossètes et font pression sur les quartiers périphériques de Tskhinvali.

Les autorités ossètes reconnaissent la perte de ces villages, mais soutiennent que les positions de leur capitales ne sont pas mises en danger. Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a en revanche déclaré que Tskhinvali était déjà en grande partie sous contrôle de son armée. Il déclarait également la mobilisation générale des troupes du pays. Les dirigeants ossètes disent quant à eux ne pas avoir besoin de la Russie pour repousser l'attaque éclair des Géorgiens.

Les gardiens de la paix russes présent dans la région ont déclaré que 5 avions militaires géorgiens ont bombardé des positions ossètes à Tskhinvali. Le Ministère de l'Intérieur géorgien a quant à lui affirmé que 3 avions russes ont lâché des bombes hors de la zone de conflit, aux alentours d'un poste de police de la ville géorgienne de Kareli.

Le conflit séparatiste, en statu quo depuis 15 ans et ponctué de temps à autres par des actions militaires de moindre ampleur (échanges de tirs, explosions) amenant rarement la mort, pourrait bien escalader rapidement en raison de ses imbrications géopolitiques aigues. Le dirigeant de l’Ossétie du Nord, république autonome de la fédération de Russie, a déclaré que des centaines de volontaires se dirigeaient déjà en direction de l’Ossétie du sud pour aider leurs « frères ». Les autorités séparatistes d’Abkhazie ont entamé un déplacement massif de troupes depuis la base d’Otchamtchiré vers la « frontière » géorgienne.

Les grands acteurs de l’échiquier géopolitique à qui l’on prête souvent un pouvoir de décision primordial dans les conflits séparatistes de Géorgie se sont également empressés d’intervenir. Les Etats-Unis ont enjoint la Russie à convaincre les forces sud-ossètes de cesser leurs tirs. Quant au Ministère des Affaires Etrangères russe, il a qualifié d’ « incompréhensible » l’action des forces géorgiennes et ajouté que les évènements montrent que « les autorités géorgiennes ont zéro crédit de confiance ».

Le conseil de sécurité de l’ONU, convoqué par la Russie, s’apprête à tenir une séance d’urgence pour envisager la situation. Et le Dimitri Medvedev, le président de la Fédération de Russie qui se trouve à la tête des forces de maintien de la paix dans la zone de conflit, se serait entouré sur le champ de ses conseillers pour discuter des stratégies possibles pour « restaurer la paix en Ossétie du Sud et défendre la population civile locale ».

Alors que l’offensive géorgienne poursuit son cours, il serait étonnant que les autorités russes restent passives au cours des évènements à suivre, d’autant qu’elles ont déjà mis en avant le devoir de protection des citoyens russes résidant en Ossétie du Sud.

Depuis le cessez-le-feu du 6 novembre 1992, plus encore que lors du regain des tensions de l’été 2004, le conflit sud-ossète n’avait jamais été aussi près de reprendre une tournure sanglante.

dimanche 1 juin 2008

Géorgie : la presse régionale au cœur du déséquilibre entre capitale et régions

Article paru dans cauaz.com, édition du 02/04/2007
Par Nicolas Landru à Tbilissi

© Nicolas Landru, Vallée du Mtkvari en Chida Kartlie

Le projet Développement des médias régionaux géorgiens et responsabilité publique, initié en 2004, est de ceux que la Commission Européenne a mis en place en Géorgie. Le projet a consisté en une enquête sur les médias régionaux, puis en un choix de 5 journaux de différentes régions, auxquels un soutien financier et un encadrement ont été délivrés. En considérant les médias, et particulièrement la presse écrite, comme un secteur à développer en priorité pour parer aux manques et déséquilibres des régions géorgiennes, l’investissement de la Commission indique également la faiblesse des infrastructures médiatiques du pays en dehors de Tbilissi. D’après les explications, entre autres, de membres de l’équipe de recherche de l’une des organisations qui ont mis le projet en place, l’ONG géorgienne Institut Caucasien pour la Paix, la Démocratie et le Développement (CIPDD) * , suit un état des lieux de la scène médiatique régionale en Géorgie.

Fondamentalement, le nombre de médias établis et en activité s’est considérablement réduit dans les régions de Géorgie depuis l’époque soviétique. Beaucoup de journaux qui existent nominalement, souvent hérités de cette période, n’ont que de rares, voire aucune publication. Par le lancement de la campagne publicitaire d’un homme d’affaire, d’un politicien ou d’une organisation, un journal peut éditer un ou deux numéros, pour arrêter aussitôt après son activité. Parfois une gazette voit le jour pour disparaître aussitôt.

A Zougdidi, la capitale de la Mingrélie, cinq journaux sont enregistrés, parmi lesquels un seul fonctionne. A Akhaltsikhe, en Samstkhe-Djavakhétie, sur trois existant officiellement, un seul édite – celui établi par le projet de la Commission Européenne. Pour ceux qui ont la possibilité de publier, en version hebdomadaire ou mensuelle (les quotidiens sont trop coûteux), le nombre de tirages est très restreint. 500 exemplaires sont à cette échelle un nombre déjà honorable.

Difficultés financières

Bien qu’un journal régional n’ait en moyenne besoin que de 6 à 8 journalistes, 3 ou 4 ordinateurs et du matériel d’imprimerie pour fonctionner, certaines régions n’ont pas ces ressources à disposition.

Les villes où des journaux indépendants solides ont vu le jour, à Koutaïssi, Batoumi ou Gourdjaani, ont à leur disposition des ressources suffisantes, des professionnels formés et disponibles. En Kvémo Kartlie par contre, le nombre de journalistes est trop peu élevé pour les besoins qu’exigeraient des médias indépendants. Marnéouli, centre régional, n’en a aucun.
Même quand ces ressources existent au niveau régional, peu des journaux existant officiellement ont à disposition le budget minimum au fonctionnement, qui s’élève environ à 4000 laris par an. Pour être en état de publier, un journal doit être soutenu par le gouvernement local, par un mécène ou bien par une organisation donatrice, ce qui n’est le cas que d’une minorité. Il n’existe pas en Géorgie de consortium médiatique suffisamment développé pour investir dans la presse régionale.

Même si un média a suffisamment de soutien pour publier et que des ressources humaines sont à disposition dans la région, le problème du salaire se pose : les journalistes potentiels se tournent souvent vers un emploi plus lucratif auprès d’une ONG ou du gouvernement local.

Difficile distribution

Les manques infrastructurels propres aux régions posent d’énormes difficultés à la diffusion de journaux régionaux. Le système postal s’étant effondré avec l’Union Soviétique, il n’existe pas de service public de distribution du courrier. Les médias de Tbilissi ont créé leurs propres services de distribution, mais les journaux locaux aux moyens minimes n’en possèdent pas. Ils fonctionnent donc par système d’abonnement, et dans le meilleur des cas ils vont par leurs propres moyens livrer leurs exemplaires dans les magasins des villes ou à leurs abonnés.
Mais en zone rurale comme dans certaines villes, il n’existe aucun point de vente, et les abonnés doivent eux-mêmes venir chercher leur journal à la rédaction. A Ninotsminda en Djavakhétie, seul le Gamgeoba, le siège du gouvernement local, reçoit l’irrégulier approvisionnement en journaux, lesquels sont ensuite parfois distribués, en priorité aux connaissances et parents des membres de l’administration.

L’absence d’un système régulier et transparent de distribution ne fait que renforcer la méconnaissance des populations locales pour les médias régionaux existants.

Médias gouvernementaux et médias indépendants

Une autre donnée, de nature politique, rend la situation des médias locaux sensiblement différente selon la région ou la localité. En général, il existe deux types de médias : ceux qui sont indépendants et doivent chercher leurs propres ressources financières, et ceux qui sont le produit du gouvernement local. Selon la structure de ce dernier et le degré de liberté qu’il laisse dans la région, des médias libres ont plus ou moins de chances de voir le jour.

En Chida Kartlie, dans la région de Gori, le gouvernement local est autoritaire et l’administration particulièrement corrompue, ce qui multiplie les pressions sur de possibles médias indépendants. Gori n’en a aucun ; Le journal du peuple (Khalkhis Gazeti), soutenu au départ par la Commission Européenne, n’a pas réussi à tenir la gestion exigée, la Commission a cessé son soutien et le journal est de nouveau inactif.

Le cas de la Kakhétie, en Géorgie orientale, est intéressant : à Telavi, la capitale administrative, sont tirés plusieurs journaux du gouvernement local, mais aucun média indépendant. Par contre à Gourjaani, ville dynamique sur plusieurs plans, notamment parce que les instances politiques régionales n’y siègent pas, se concentrent 4 journaux indépendants, et un seul du gouvernement local.

Outre les cas où le gouvernement pourrait exercer des pressions pour tenter de museler les médias, certaines régions aux structures sociales plus fortement claniques, comme la Djavakhétie ou la Mingrélie, présentent le défi des imbrications des employés des média locaux dans la vie politique locale. C’est pourquoi des villes où les médias peuvent engager des professionnels qui n’en sont pas originaires ont plus de chance de voir une presse indépendante se développer.

Contenu informatif et demande publique

Il va de soi que le contenu d’un média indépendant et celui d’un média gouvernemental peuvent sensiblement différer. En règle générale, les journaux produits par le gouvernement local n’abordent que très peu les questions sociales ; ils diffusent le plus souvent des informations sur les projets et réalisations du gouvernement, des nécrologies, des annonces de fêtes publiques et religieuses, ou publient des articles sur le folklore et les traditions locales. Souvent ce sont les membres des administrations qui sont les principaux lecteurs de ces journaux.

Les résultats de l’équipe de recherche du CIPDD montrent qu’il y aurait une demande publique de la part des populations régionales pour des médias au contenu plus consistant, traitant des problèmes qui les concernent. Un journal créé au sein du projet de la Commission Européenne à Akhaltsikhe, La porte du sud (Samkhretis Karibtche), diffusant en géorgien et en arménien et actuellement le seul journal libre de la région, est passé depuis sa création en 2004 de 600 à 2300 tirages par semaine. Ce qui tend à montrer la potentielle demande en information consistante en Samstkhe-Djavakhétie.

Un autre exemple de journal, également soutenu depuis 2004 par la Commission Européenne, qui a su se tailler un certain succès notamment grâce à sa pertinence informative, est La nouvelle gazette (Akhali Gazeti) de Koutaïssi. En se focalisant sur une information concernant la façon dont les réformes nationales sont mises en places à Koutaïssi, et leur signification pour la région d’Imérétie, ce journal a réussi à se créer un lectorat régulier.

Déséquilibres entre médias régionaux et nationaux

La concurrence avec les journaux de Tbilissi diffusant en région, sans parler de la télévision, de plus en plus omniprésente, et des radios, est un rude défi posé à la presse régionale. L’hebdomadaire tbilissien La palette hebdomadaire (Kveris Palitra) tire 80 000 exemplaires par semaine et possède un service de distribution performant. Il est donc bien plus lu que les journaux locaux alors que ces derniers pourraient, à compter qu’ils aient un contenu contextuel et plus proche des lecteurs, avoir un attrait bien différent.

Certains journaux de Tbilissi possèdent leurs correspondants en région, mais le plus souvent, ils sont basés dans les capitales régionales, qui se déplacent dans une zone très large. Mais dans bien des cas, ce sont des journalistes de Tbilissi qui se déplacent sur les lieux lorsque quelque chose d’important se produit. Le manque d’ancrage de la presse nationale dans les régions a pour résultat une information appauvrie sur celles-ci et souvent au coup par coup.

La prédominance de la presse centrale sur la régionale ne peut qu’avoir une portée sociopolitique défavorable aux régions. Celles-ci se retrouvent souvent à l’écart des débats de société portés par les médias, ce qui a des conséquences directes sur l’engagement des élites dirigeantes et de la société civile. Dans la mesure où la diffusion d’informations pertinentes concernant les régions est rendue difficile par les problèmes structurels internes de la presse régionale et par la concurrence apportée par les médias nationaux, les déséquilibres entre centre et région se reflètent dans le domaine des médias autant que ces derniers les renforcent.

Développements positifs

Dans un contexte aussi défavorable, l’initiative de la Commission Européenne semble avoir porté ses fruits. Sur 5 journaux soutenus, 4 sont devenus leaders dans leur région respective, ce qui montre qu’avec une sécurité financière, certaines régions du pays ont la possibilité de voir se développer des médias indépendants stables et productifs. Début 2007, un autre projet parrainé par la Commission, Médias indépendants pour l’intégration civile, a été lancé. Il vise deux régions géorgiennes où se concentrent majoritairement des minorités ethniques, azérie en Kvémo Kartlie et arménienne en Samstkhe-Djavakhétie. Le développement de médias indépendants dans ces régions doit permettre l’intégration civile de ces communautés en Géorgie.

Cependant, les projets de la Commission Européenne ne sont pas les seuls exemples de développements positifs dans la presse régionale. Tout d’abord l’Adjarie a hérité avec son statut de république autonome d’une forte infrastructure médiatique. La gazette batoumienne, (Gazeti Batumelebi) fait elle partie du projet de la Commission, mais elle n’est pas le seul media fort en Adjarie. Si la qualité n’y est pas toujours, télévision, radios et journaux sont solidement implantés et fonctionnent relativement bien. Si l’on parle parfois excessivement du « modèle adjare », la région est en mesure de présenter un réel contrepoids à Tbilissi.

Mais existe également l’exemple de Gurianiosi, hebdomadaire de la région de Gourie, au tirage fort, vendu à travers toute la région, et qui possède un réel lectorat. Le journal parvient à s’autofinancer par ses ventes, des publicités et des projets en collaboration avec diverses organisations internationales. Si l’on aime à dire en Géorgie que la raison de son succès est l’esprit de mobilisation civile fortement développé chez les gouriens, reste que ce succès montre que les problèmes de taille qui font obstacle au développement des journaux régionaux en Géorgie ne sont pas entièrement inéluctables.

*Interviews effectuées auprès des membres de l’équipe du CIPDD : Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze et Paata Gurgenidze

Georgia: regional press at the heart of the urban-rural disparity

Article published in caucaz.com, 22/04/2007 Issue
By Nicolas Landru in Tbilisi, translated by Kathryn GAYLORD-MILES and Anna MANCE


© Nicolas Landru, Mtkvari Valley in Shida Kartli

The Georgian Regional Development and Public Accountability project, initiated in 2004, is an example of what the European Commission has instituted in Georgia. The project consisted of an investigation of regional media followed by the selection of five newspapers from different regions which received financial support and training. The fact that the Commission considered media outlets, and particularly print media, as top-priority sector to develop, indicates the weakness of the country's media infrastructure outside of Tbilisi and the insufficiencies and disparities of Georgia's regions. According to the recommendations by the Georgian NGO Caucasus Institute for Peace, Democracy and Development (CIPDD) *, which is one of the organizations that undertook the project, a survey of regional media has been carried out in Georgia.

Fundamentally, the number of established and active media outlets has considerably dwindled in Georgia's regions since the Soviet era. Many newspapers exist in name only and are published rarely, if ever. When a businessman, politician, or organization launches a publicity campaign, a newspaper can put out one or two editions, only to stop its activity immediately thereafter. Occasionally, a newspaper sees the light of day only to disappear immediately.

Of the five newspapers registered in Zugdidi, the capital of Mingrelia, only one actually functions. Of the three officially recognized papers in Akhaltsikhe, in Samtskhe-Javakheti, the only one that publishes is the one established by the European Commission’s project. For those papers which do publish a weekly or monthly version (dailies are too expensive to produce), the press run is very restrained. At this level, five hundred copies is a considerable number.

Financial difficulties

While a regional newspaper typically requires only six to eight journalists, three or four computers and printing equipment to function, certain regions do not have these resources at their disposition.

Towns such as Kutaisi, Batumi and Gurjaani where solid independent newspapers have developed, have access to sufficient resources and educated professionals. In Kvemo Kartli on the other hand, there are insufficient journalists for independent media’s needs. Marneuli, the regional capital, has none.

Even when the resources exist at the regional level, very few registered newspapers have the minimum budget required to function, approximately 4000 laris [1,750 euros] per year. To publish, a newspaper must be supported by the local government, patron, donor organization. Unfortunately, it rare that a paper is so fortunate. Georgia has no media consortium sufficiently developed to invest in the regional press.

Even if a newspaper has sufficient support to publish and human resources are available in the region, salaries tend to be low and potential journalists often turn to more lucrative opportunities with NGOs or local government.

Distribution difficulties

The lack of suitable infrastructure in the regions poses enormous difficulties for the distribution of regional newspapers. The postal system disintegrated with the Soviet Union and public mail delivery no longer exists. Papers in Tbilisi have created their own distribution services, but not local papers with minimal means. They offer subscription services, and in the best case scenario they deliver their paper themselves to stores in towns or directly to their subscribers.

But as in some towns, there are no points of sale in rural areas and subscribers must pick up the newspaper themselves from the paper's office. In Ninotsminda, in Javakheti, only Gamgeoba, the seat of the local government, receives an irregular supply of newspapers which are only sometimes distributed with priority to friends and relatives of the administration.

The absence of a regular and transport distribution system only reinforces local populations' ignorance of the regional media outlets in existence.

Government-controlled media and independent media

On a political level, local media differs widely from region to region. In general, there are two types of media: those that are independent and must secure their own financial resources, and those that are the product of local government. The chances of a free and independent media outlet's survival depend largely on structure of government-controlled media and the degree of liberty in the region.

In Shida Kartli, in the Gori region, the local government is authoritarian and the administration is especially corrupt. These facts intensify the pressure on potential independent media outlets. Gori has no independent media. Although initially supported by the European Commission, The People's Newspaper (Khalkhis Gazeti) did not succeeded in maintaining the management required, and the Commission ceased its support of the newspaper which has since become inactive again.

In eastern Georgia, the case of Kakheti is interesting. In the administrative capital Telavi, several local government newspapers have been launched but not one independent media outlet. On the other hand, in Gurjaani, a dynamic city on many levels, notably because regional political trends have not taken hold there, there is a concentration of four independent newspapers, and only a single local government newspaper.

Although governments are known to use pressure in order to silence critical voices, certain regions with stronger clan like structures, such as Javakheti or Mingrelia, present other challenges to independent media. In those areas where local media employees of different backgrounds do not work well together, those cities that manage to employ professionals from outside the region stand a better chance of developing an independent press.

Informative material and public demand

It goes without saying that independent media and that run by the government can differ noticeably. As a general rule, newspapers produced by the local government very rarely tackle social issues. More often they publish information on government proposals and projects under way, obituaries, public and religious festival announcements and local folklore and traditions. Often, members of the administration are the principle readers of these newspapers.

The CIPDD research team's findings demonstrated that there is public demand in the regions for media containing more substantial material and reports on problems that concern locals. One newspaper created through the European Commission project in Akhaltsikhe, The Southern Gate (Samkhretis Garibtche), is actually the only free newspaper in the region. It is published in Georgian and Armenian and has circulated between 600 and 2300 copies per week since its creation in 2004. This shows the potential demand for substantial information in Samtskhe-Javakheti.

Another newspaper, The New Gazette (Akhali Gazeti) in Kutaissi, which the European Commission has also supported since 2004, carved out a certain success, thanks in particular to its pertinence. In focusing on information concerning how national reforms are implemented in Kutaissi, as well as their significance for the region of Imereti, The New Gazette succeeded in developing a loyal readership.

Inequalities between regional and national media

Stiff competition from Tbilisi newspapers circulating in the region poses a challenge to regional press, without taking into consideration the growing omnipresence of television and radio. Tbilisi's The Weekly Palette (Kveris Palitra) circulates 80,000 copies per week and possesses a highly effective distribution service. It is thus more widely read than local newspapers even though those could have a different appeal, considering their contextual material and proximity to readers.

Certain newspapers in Tbilisi have correspondents in different regions, but more often, they are based in regional capitals and have to cover a large geographic area. However, in some cases, the Tbilisi journalists travel in these large areas when something important occurs. The lack of national press ties in the regions results in poorly informed coverage ever step of the way.

The predominance of the central press over the regional press has an unfavorable sociopolitical significance in the regions. The regions often find themselves on the outside of debates on society carried in the media, and this sidelining has a direct impact on the engagement of ruling elites and civil society. When the diffusion of pertinent information concerning the regions is made difficult by structural problems in the regional press and by competition from the national media, the imbalance between the center and the regions is reflected and reinforced by the media.

Positive developments

Despite such an unfavorable context, the European Commission's initiative seems to have born fruit. Of five journals which received support, four have become leaders in their respective region. This shows that with financial security, certain regions of the country may see the development of stable and productive independent media. Another project spearheaded by the European Commission, Independent Media for Civil Integration, was launched in early 2007. It addresses two Georgian regions with mostly ethnic minority populations – Kvemo Kartli and its Azeri population and Samtskhe-Javakheti with its Armenian population. The development of independent media in these regions should permit the civil integration of these communities in Georgia.

All the same, the European Commission's projects are not the only examples of positive developments in the regional press. With its status as an autonomous republic, Adjara inherited a strong media infrastructure. Gazeti Batumelebi in Batumi is part of the Commission's project, but is not the only strong media outlet in Adjara. Although quality varies, television, radio and print media are solidly implanted and function relatively well. The "Adjaran model" is frequently discussed because many feel that the region is well equipped to be a real counterweight to Tbilisi.

But there is also the example of Gurianiosi, the weekly paper from Guria, which is published in large volume, is sold throughout the region and which has a regular readership. The journal manages to finance itself through sales, advertisements and co-operation with a variety of international organizations. Although many in Georgia would say that the reason for Gurianiosi's success is the Gurian's well developed spirit of civil mobilization, the journal's success goes to show that problems of size are not insurmountable for the development of regional newspapers.

*Interviews were carried out by members of the CIPDD team: Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze et Paata Gurgenidze

Georgien: Die Regionalpresse im Zentrum des Ungleichgewichts zwischen Hauptstadt und Regionen

Artikel erschienen in caucaz.com am 30/05/2007
Von Nicolas Landru in Tbilissi, übersetzt von Fiona Gutsch



© Nicolas Landru, Mtkvari-Tal in Schida Kartli

Das 2004 ins Leben gerufene Projekt „Entwicklung der georgischen Regionalmedien und öffentliche Verantwortung“ gehört zu den von der Europäischen Kommission in Georgien umgesetzten Projekten. Es beinhaltete eine Untersuchung zu den regionalen Medien, von denen schließlich fünf Zeitungen aus unterschiedlichen Regionen ausgewählt wurden, die eine finanzielle Unterstützung und eine Betreuung bekamen. Betrachtet man die Medien, vor allem die Presse, als einen Bereich, der entwickelt werden muss, um den Mängeln und der Benachteiligung der georgischen Regionen zu begegnen, so deckt das Projekt der Europäischen Kommission ebenso die Schwächen der Medienlandschaft des Landes außerhalb von Tbilissi auf. Die folgende Bestandsaufnahme der regionalen Medienlandschaft in Georgien stützt sich unter anderem auf Aussagen von Mitgliedern der Forschungsgruppe einer der Organisationen, die das Projekt umgesetzt haben, der georgischen NGO Kaukasisches Institut für Frieden, Demokratie und Entwicklung (CIPDD)*.

Seit der Sowjetzeit ist die Zahl der bestehenden und funktionierenden Medien stark zurückgegangen. Viele der Zeitungen, die aus dieser Zeit stammen und auf dem Papier existieren, bringen wenn überhaupt, dann nur selten eine Ausgabe heraus. Im Zuge einer Werbekampagne für einen Geschäftsmann, einen Politiker oder eine Organisation kann es passieren, dass eine Zeitung eine oder zwei Nummern herausbringt, um dann die Aktivität sofort wieder einzustellen. Teilweise wird ein Blatt ins Leben gerufen, um dann sofort wieder zu verschwinden.

In Sugdidi, der Hauptstadt von Mingrelien, sind fünf Zeitungen registriert, von denen aber nur eine einzige aktiv ist. In Achalziche in Samzche-Dschawachetien erscheint nur eine von drei offiziell gemeldeten Zeitungen. Für diejenigen, die wöchentliche oder monatliche Ausgaben veröffentlichen können (Tageszeitungen sind zu teuer), ist die Auflage sehr begrenzt. 300 Exemplare sind schon eine gute Zahl.

Finanzielle Schwierigkeiten

Obwohl eine Regionalzeitung nur rund sechs bis acht Journalisten, drei oder vier Computer und Druckmaterial benötigt, um funktionieren zu können, stehen vielen Regionen diese Mittel nicht zur Verfügung.

Städte wie Kutaissi, Batumi oder Gurdschaani, in denen funktionierende unabhängige Zeitungen bestehen, verfügen über genügend Mittel sowie ausgebildete und einsatzbereite Profis. In Kwemo-Kartli dagegen gibt es für eine unabhängige Presse zu wenig Journalisten .

In Marneuli, einem regionalen Zentrum, gibt es überhaupt keinen Journalisten.Und selbst wenn die Mittel auf regionaler Ebene vorhanden sind, gibt es wenige Journalisten, die mit einem Minimalbudget von ungefähr 4000 Lari (ca. 1777 Euro) pro Jahr für die Arbeit ausgestattet sind. Eine Zeitung muss von der Lokalregierung, einem Mäzen oder einer Spenderorganisation unterstützt werden, um überhaupt publizieren zu können. Das ist bei den wenigsten der Fall. Es gibt in Georgien kein Medienkonsortium, das genügend entwickelt wäre, um in die Regionalpresse investieren zu können.

Selbst wenn ein Medium genügend Unterstützung bekommt, um publizieren zu können, und genügend Personal in der Region zur Verfügung steht, stellt sich das Problem der Entlohnung: die guten Journalisten wenden sich häufig lieber einer einträglicheren Stelle bei einer NGO oder der Lokalregierung zu.

Schwierige Verbreitung

Die fehlende Infrastruktur in den Regionen stellt ein großes Problem für die Verbreitung von Regionalzeitungen dar. Da das Postsystem mit der Auflösung der Sowjetunion zusammengebrochen ist, gibt es keinen staatlichen Zustellungsdienst. Die Medien in Tbilissi haben ihre Zustellung selbst organisiert, aber die Lokalmedien haben mit ihren minimalen Mitteln keine Möglichkeit dazu. Bestenfalls liefern sie ihre Ausgaben durch eigene Mittel an die Geschäfte oder ihre Abonnementen aus.

Auf dem Land allerdings und auch in manchen Städten gibt es jedoch keine Verkaufsstellen, und die Abonnenten müssen ihre Zeitung selbst bei der Redaktion abholen. In Ninozminda in Dschawachetien erhält nur die Stadtverwaltung in unregelmäßigen Abständen Zeitungen. Sie werden anschließend teilweise verteilt, vor allem an Bekannte und Verwandte der Mitglieder der Verwaltung.

Der Mangel an einem regelmäßigen und transparenten Zustellungssystem verstärkt nur die Unterschätzung der bestehenden regionalen Medien durch die Lokalbevölkerung.

Staatliche und unabhängige Medien

Eine weitere Tatsache, eher politischer Natur, gestaltet die Situation der Lokalmedien je nach Region oder Ort höchst unterschiedlich. Allgemein gibt es zwei Arten von Medien: unabhängige, die ihre eigenen Finanzquellen finden müssen, und Medien der Lokalregierungen.

In Schida Kartli, in der Region von Gori, ist die Lokalregierung autoritär und die Verwaltung besonders korrupt, was den Druck auf mögliche unabhängige Medien erhöht. In Gori gibt es davon überhaupt keine. Die Volkszeitung (Chalchis Gaseti), die anfangs von der Europäischen Kommission unterstützt wurde, konnte die geforderten Zielmarken nicht erreichen, so dass die Europäsche Kommission ihre Unterstützung zurückzog und das Blatt seine Arbeit wieder eingestellt hat.

In Telawi, der Verwaltungshauptstadt von Kachetien im Osten Georgiens, gibt es mehrere staatliche Zeitungen, aber keine einzige unabhängige. In Gurdschaani dagegen, einer in vielerlei Hinsicht sehr dynamischen Stadt, gibt es gleich vier unabhängige Zeitungen und nur eine der Regionalregierung.

Neben den Fällen, in denen die Regierung Druck ausübt, um die Medien mundtot zu machen, lässt sich in manchen Regionen mit clanartigen sozialen Strukturen wie Dschawachetien oder Mingrelien eine Verflechtung von Medienmitarbeitern mit der Lokalpolitik beobachten. Aus diesem Grund gibt es in Städten, wo die Medien auswärtige Profis anstellen können, mehr Chancen für die Entwicklung einer unabhängigen Presse.

Informationsgehalt und öffentliche Nachfrage

Es versteht sich von selbst, dass sich der Informationsgehalt zwischen unabhängigen Medien und Regierungsmedien unterscheiden kann. Generell sprechen Zeitungen, die von lokalen Regierungen betrieben werden, soziale Fragen nur selten an.Am ehesten findet man dort Informationen über geplante und umgesetzte Regierungsprojekte, Nachrufe, Ankündigungen religiöser und öffentlicher Feiern oder Artikel über die lokale Folklore. Den Kern der Leserschaft dieser Zeitungen bilden meistens Mitarbeiter der öffentlichen Verwaltung.

Die Ergebnisse der Forschungsgruppe des CIPDD machen deutlich, dass es von Seiten der regionalen Bevölkerung durchaus eine Nachfrage nach Zeitungen geben könnte, wenn die Inhalte konsistenter und die Themen näher an den Problemen wären, die die Bevölkerung betreffen. Die im Rahmen des Projekts der Europäischen Kommission in Achalziche ins Leben gerufene Zeitung Tor des Südens (Samkhretis Karibtche), die auf georgisch und armenisch herausgegeben wird und die einzige unabhängige Zeitung der Region darstellt, hat ihre Auflage seit ihrer Gründung 2004 von 600 auf 2300 Exemplare die Woche erhöht. Als weiteres Beispiel lässt sich das Neue Blatt (Akhali Gazeti) aus Kutaissi anführen, eine Zeitung, die ebenfalls seit 2004 von der Europäischen Kommission unterstützt wird und dank ihrer informativen und genauen Berichterstattung einen gewissen Erfolg erlangen konnte. Indem sie in ihrer Berichterstattung den Fokus darauf legte, wie die nationalen Reformen in Kutaissi umgesetzt wurden und welche Bedeutung sie für die gesamte Region Imeretiens haben, hat die Zeitung es geschafft, sich einen Stamm an regelmäßigen Lesern aufzubauen.

Ungleichgewicht zwischen regionalen und nationalen Medien

Die Konkurrenz mit Zeitungen aus Tbilissi, mit dem Radio und dem Fernsehen, das immer allgegenwärtiger wird, stellt die regionale Presse vor eine harte Herausforderung. Die Tbilisser Wochenzeitung Wöchentliche Palette (Kveris Palitra) verfügt über eine Auflage von 80.000 Exemplaren pro Woche und leistungsstarke Distributionskanäle. Sie wird folglich mehr gelesen als die lokalen Zeitungen, obwohl die letzteren eine ganz andere Attraktion haben könnten, wenn sie ihre Inhalte stärker nach ihren Lesern ausrichten würden.

Einige Zeitungen aus Tbilissi verfügen über Korrespondenten in den Regionen. Meistens sind diese jedoch in den regionalen Hauptstädten angesiedelt. In vielen Fällen sind es sogar die Journalisten aus Tbilissi selbst, die sich vor Ort begeben, wenn es etwas wichtiges zu berichten gibt. Die fehlende regionale Verankerung der nationalen Presse führt zu einer verarmten, diskontinuierlichen Berichterstattung über die Regionen.

Die Dominanz der zentralen Presse gegenüber der regionalen kann nur eine für die Regionen ungünstige soziopolitische Tragweite zur Folge haben. Die Regionen befinden sich häufig am Rande der gesellschaftlichen Debatten, die in den Medien ausgetragen werden, was direkte Konsequenzen sowohl für das Engagement der Eliten als auch die Zivilgesellschaft hat.

Positive Entwicklungen

In einem derart ungünstigen Zusammenhang scheint die Initiative der Europäischen Kommission ihre Früchte zu tragen. Von den 5 unterstützten Zeitungen haben 4 in ihrer jeweiligen Region die Führung erlangt, was deutlich macht, dass - finanzielle Sicherheit vorausgesetzt - einige Regionen des Landes durchaus die Möglichkeit haben, unabhängige Medien aufzubauen, die stabil und produktiv sind. Anfang 2007 wurde ein weiteres Projekt lanciert, das von der Kommission getragen wird : Unabhängige Medien für zivile Integration. Es zielt auf zwei georgische Regionen mit einer hohen Konzentration ethnischer Minderheiten , der aserbaidschanischen in Kvemo Kartli und der armenischen in Samzche-Dschawachetien. Die Entwicklung unabhängiger Medien in diesen Regionen soll die gesellschaftliche Integration dieser Minderheiten in Georgien fördern.

Die Projekte der Europäischen Kommission sind nicht die einzigen Beispiele einer positiven Entwicklung in der regionalen Presselandschaft. Als erstes wäre Adscharien zu nennen, das mit dem Status als Autonome Republik eine starke Infrastruktur im Bereich der Medien geerbt hat. Die Zeitung aus Batumi (Gazeti Batumelebi) ist zwar ebenfalls Teil des Projekts der Europäischen Kommission, sie ist jedoch nicht das einzige starke Medium in Adscharien. Auch wenn sie nicht immer von hoher Qualität sind, so sind sowohl das Fernsehen, das Radio als auch die Zeitungen solide etabliert und relativ funktionstüchtig. Auch wenn es manchmal etwas übertrieben erscheint, vom „adscharischen Modell“ zu reden, so hat die Region das Potential, ein reelles Gegengewicht zu Tbilissi zu bieten.

Darüber hinaus gibt es auch das Beispiel Gurianiosi, einer Wochenzeitung der Region Gurien, die über eine hohe Auflage verfügt, in der gesamten Region verkauft wird und sich einer reeller Leserschaft erfreut. Die Zeitung schafft es, sich über ihre Verkaufserlöse, Anzeigen und Kooperationen mit diversen internationalen Organisationen selbst zu finanzieren. Zwar sagt man gern in Georgien, dass der Grund für diesen Erfolg in der starken Mobilisierung der gurischen Zivilgesellschaft zu suchen ist. Das zeigt doch aber wiederum, dass die genannten Probleme, die die regionalen Zeitungen Georgien an ihrer Entwicklung behindern, nicht gänzlich naturgegeben und unvermeidlich sind.

*Interviews mit Mitgliedern des Forschungsteams des CIPDD : Giorgi Shubitidze, Malkhaz Saldadze und Paata Gurgenidze